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Sur le vif - Page 849

  • La totalité vivante de notre démocratie

     

    Sur le vif - Samedi 22.06.13 - 09.53h

     

    La Suisse est, au niveau fédéral comme dans les cantons, un régime (ou un ensemble de régimes) exagérément parlementaire. Tous, nous accordons intellectuellement beaucoup trop d'importance aux moindres faits et gestes de nos Assemblées législatives. Elles sont certes fondamentales. Mais la démocratie suisse, unique au monde, est un tissu tellement plus vivant, tellement plus global. Initiatives. Référendums. Possibilité, pour les citoyens, d'influer d'en bas sur le cours des choses. Souveraineté ultime accordée au collège de l'ensemble des citoyens, qu'on appelle "peuple".

     

    Les perroquets des Pas perdus



    Dans ce système total, les Parlements cantonaux et le Parlement fédéral occupent à coup sûr une place de choix, et il faut être reconnaissant à ceux qui se dévouent pour y siéger. L'immense majorité de nos élus sont habités par le sens de la chose publique. Mais les Parlements, chez nous, ne sont qu'un échelon de la vie démocratique. Nous avons tendance à les surestimer. Regardez le service public audiovisuel: dès qu'une initiative a récolté les signatures, le Mammouth passe plus de temps à se tétaniser sur l'avis des Chambres (en général, pour balayer le texte), qu'à nous présenter... l'initiative elle-même ! Et les accrédités de la molasse bernoise, perroquets des Pas perdus, pérorent à l'envi pour nous dire à quel point il faut refuser ce texte, "excessif", "de toute façon inapplicable", "contraire au droit supérieur". Bref, s'alignent immédiatement, par réflexe, sur le pouvoir en place, lorsque ce dernier est, sur un objet précis, contesté par au moins cent mille de nos concitoyens.



    C'est absurde. Parce que justement, si une initiative existe, et a fortiori a recueilli plus de cent mille signatures, c'est qu'elle vient corriger un déficit d'écoute des élus. C'est cela, le génie de notre démocratie, ce mécanisme correctif qui permet au peuple de rétablir sa vision souveraine. Combien de fois une initiative sèchement refusée par le Parlement, et par l'immense majorité de la classe politique, méprisée et jugée comme pendable par 97% de la presse, n'est-elle pas, au final, acceptée par le peuple ?

     

    Souffle, sève et vie

     

    Notre démocratie directe, c'est la possibilité raisonnée, organisée, constitutionnelle, de "lever la Matze", comme on dit en Valais. C'est un extraordinaire fusible pour exprimer quelque chose de puissant, évidemment de l'ordre d'un mécontentement, surgi des entrailles, non d'en haut. Ca n'est pas de la doxa (l'opinion), encore moins du plêthos (le peuple, juste dans sa masse), mais bel et bien du démos (le peuple électeur), puisque c'est un mécanisme inscrit dans nos lois. L'utiliser, c'est faire vivre la démocratie, et non la déranger, comme voudraient nous le faire croire nos éditorialistes accrochés au pouvoir.

     

    Le culot de ces journalistes de pouvoir, lorsqu'ils viennent parler de "mise en danger des institutions", alors qu' au contraire, un texte jailli d'en bas vient leur donner souffle, sève et vie, à ces institutions. Ils confondent juste "institutions" avec "pouvoir en place". Avec lequel il est si confortable de se sentir bien, entre gens convenables.

     

    Carte de visite trompeuse


    Pendant des années, à Berne, j'avais sur ma carte de visite "correspondant parlementaire". Titre objectivement faux: j'étais correspondant politique, basé au Palais fédéral. Certes, nous avions nos bureaux, à l'époque, à quelques mètres des deux Chambres fédérales, et vivions littéralement sous la Coupole, en symbiose avec les parlementaires et l'administration. Mais enfin, je couvrais aussi le Conseil fédéral, les Offices, les Assemblées de partis, les associations patronales et syndicales, j'allais dans les cantons. Il y avait déjà dans ce titre, "correspondant parlementaire", une exagération métonymique de l'échelon législatif. Elle est significative de notre excessive focalisation, en Suisse, sur un pouvoir qui a certes toute sa place, mais ne représente de loin pas, à lui seul, la totalité vivante de notre démocratie.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Barack et les agneaux

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    Sur le vif - Mardi 18.06.13 - 08.38h

     

    Depuis la campagne de l'automne 2008, je dénonce ici même l'effet icône d'Obama en Europe. Depuis la campagne de 2008, j'annonce qu'il sera un Président comme les autres, ni meilleur ni pire, étant simplement chargé de la continuité de la défense des intérêts supérieurs des États-Unis d'Amérique. C'est exactement son rôle, exactement pour cela qu'il a été élu.



    Il doit faire la guerre, maintenir la pression, obtenir, avec les techniques les plus modernes, les meilleurs moyens de renseignements sur la planète entière. Le faisant, il est dans son rôle, qui n'est pas celui d'un saint, mais de leader de la première puissance du monde. Comme un empereur, dans la Rome du premier, du deuxième ou même encore du troisième siècle de notre ère. Il doit tenir le rang. A la moindre faille, il est affaibli.



    Ne m'étant jamais fait la moindre illusion sur Obama, qui n'avait fait qu'exploiter pour sa campagne le filon de la morale, n'ayant absolument pas trempé, en 2008, dans cette espèce de naïveté messianique qui voulait voir en lui un sauveur, ayant vivement condamné, ici même, l'attribution de son Prix Nobel en 2009, je ne nourris aujourd'hui aucune déception. Pour être déçu, il faut avoir cru.

     


    Relisant mes textes de l'automne 2008, je suis heureux d'être demeuré lucide et froid face à cette tornade de bienpensance. Contre Obama, je n'ai rien, je trouve même qu'il assume sa fonction avec hauteur et talent. Mais les belles âmes qui, chez nous, nous annonçaient en 2008 des temps transcendés et post-modernes, sous le seul prétexte qu'il était beau et parlait bien, oui ces mêmes âmes qui étalent aujourd'hui leur déconvenue, je ne vous dirai pas ce que j'en pense. Vous l'avez compris.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Verdi, les entrailles de la terre

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    Sur le vif - Dimanche 16.06.13 - 10.44h - Au lendemain du magnifique concert de Liederkranz-Concordia au Victoria Hall

     

    Nous sommes tous des Risorgimentistes. Tous, nous ancrons nos rêves dans des musiques. Tous, surgis de la terre, notre souffle nous vient des profondeurs, non du ciel. La musique de Verdi, c'est le battement de la vie. D'ici-bas. Juste arrachés aux racines, avant d'y retourner. Musique jaillie des entrailles du sol. Non des anges, mais des hommes et des femmes. Le Lacrimosa, dans le Requiem, n'illusionne ni ne promet. Il ne regarde pas le ciel, mais prend acte de notre condition terrestre. Ou terrienne.

     


    Peut-être la grande idée italienne, dans la seconde partie du dix-neuvième siècle, et encore dans la première partie du vingtième, est-elle plus esthétique que politique, plus humaniste que céleste, plus de chair que de concept. Le Risorgimento, c'est la Révolution, oui, mais comme  renaissance, re-jaillissement. De quelle source première ? De quelle énergie ? Les historiens posent la question. La musique de Verdi, par ses intuitions, fait chanter le ventre noir de la terre. Par la magie de ses notes, l'élan de ses souffles, elle nous tente une réponse.



    Pascal Décaillet