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Sur le vif - Page 846

  • Politiquement correct ? Si seulement !

     

    Sur le vif - Mardi 09.07.13 - 09.03h

     

    Qui, dans la presse romande, ose une position invitant la Suisse à ne pas transiger sur sa souveraineté ? Votre serviteur, c'est sûr, et il l'assume. Cela nous fait une personne.

    Il y aurait encore, me glisse-t-on, François Schaller, de l'Agefi. Soit. Deux personnes !

    Il y a encore Philippe Barraud, de Commentaires.com. Magnifique. Trois personnes.

    Peut-être aussi Jean-François Fournier, du Nouvelliste. Quatre personnes.

    Peut-être encore quelques-uns que j'oublie. Allez, disons six ou sept personnes.

    Sur deux-mille journalistes en Suisse romande.

    Et ces six ou sept mousquetaires, face aux deux-mille, face au lavage de cerveau du Temps, de l'Hebdo, de la Tribune de Genève, de 24 Heures, de la RTS de M. de Weck (cf l'ahurissant édtito RSR de jeudi dernier, 4 juillet 2013, hurlant l'ordre, oui l'ordre, à l'UDC et au PDC de revoir leur position sur les juges étrangers) constitueraient une majorité de nature à être qualifiée de "politiquement correcte" ?

    J'adorerais, mais hélas nous en sommes très loin.

    Le combat éditorial ne fait que commencer. Je le conduirai, pour ma part, sans faillir.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les initiatives nous dérangent ? Tant mieux !

     

    Sur le vif - Lundi 08.07.13 - 15.36h

     

    Singulière posture éditoriale en page 3 de la Tribune de Genève, qui semble effrayée par le nombre croissant d’initiatives qui fleurissent dans notre démocratie. Le titre, « Bienvenue au grand bazar des initiatives populaires ! », volontairement péjoratif pour ce procédé démocratique pourtant dûment prévu par notre Constitution, laisse apparaître une connotation chaotique, ou désordonnée, une forme de dysfonctionnement de l’ordre établi. Quel ordre ? L’ordre de qui ?

     

    Il faut le dire ici, haut et fort : lancer une initiative, récolter des signatures, les déposer à la Chancellerie, puis faire campagne devant le peuple, n’a rien d’étrange, rien d’une aberration. C’est, au contraire, la sève même de notre démocratie directe, sa vitalité surgie d’en bas, la réponse des citoyens aux impérities, au manque d’écoute ou aux manquements des élus.

     

    Au final, le peuple et les cantons tranchent. Et c’est une sélection naturelle sacrément sévère qui, la plupart du temps, désavoue les initiants. Comme le rappelle la TG, sur 184 initiatives populaires présentées en votation devant le peuple, seules 20 ont été acceptées depuis 1893. Détail révélateur : entre 1949 (Retour à la démocratie directe) et 1982 (Empêcher les abus sur les prix), aucun texte d’initiative n’a passé la rampe ! Comme par hasard, les Trente Glorieuses. Les années de grande confiance envers un Conseil fédéral qui n’était, à cette époque-là, pas avare de grands hommes, le socialiste Tschudi (1959-1973) ou le PDC Kurt Furgler (1971-1986), qui comptent assurément parmi les figures majeures de l’après-guerre.

     

    Ce qui est de plus en plus pénible, dans notre presse, c’est précisément cette posture de systématique méfiance initiale, dès que vient à surgir une initiative. Comme si ça les "dérangeait" ! En cela, les commentateurs politiques, souvent basés à Berne (je connais !), se contentent au fond, par mimétisme dans l’ordre de la molasse, d’épouser l’énervement naturel des parlementaires face à l’exercice de la démocratie directe. En clair, face une redoutable rivale potentielle dans l’exercice de la fabrication de notre ordre législatif. Exemple le plus flagrant de cette connivence: le service public audiovisuel et nombre de journaux proches du pouvoir passent beaucoup plus de temps à nous informer de l'avis du Parlement sur une initiative que sur... l'intiative elle-même ! La parole est beaucoup plus donnée aux parlementaires qui la démolissent, qu'aux initiants.

     

    Que le corps des élus soit irrité par la démocratie directe, on peut le comprendre. Mais la presse ? Faut-il à tout prix qu’elle épouse la vision du pouvoir en place ? Ne devrait-elle pas être davantage à l’écoute de ce pays profond dont les initiatives et les référendums viennent si souvent nous « déranger » ? Ne pourrait-elle pas, soyons fous, anticiper l’identification des malaises ? Pour cela, il faudrait qu’elle colle un peu moins d’étiquettes sur le petit peuple des mécontents, qu’elle a tendance à traiter bien vite de « xénophobes » dès qu’il est question de réguler les flux migratoires, de « conservateurs passéistes » dès qu’est proposé au souverain un texte sur la protection d’un marais, ou d’un paysage.

     

    En cela, la page 3 de la Tribune de Genève de ce matin, au demeurant intéressante et riche de renseignements, se montre révélatrice de la profonde collusion de pensée entre la presse et le pouvoir en place, celui qui n’aime pas être « dérangé » dans le confort de ses prébendes.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • Que la ville soit la ville !

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    Sur le vif - Lundi 08.07.13 - 09.23h

     

    Interviewé par le Temps de ce matin, François Longchamp plaide avec raison pour un certain degré de densification dans les constructions. Également à juste titre, il défend la zone agricole. Que la ville soit la ville, que la campagne soit la campagne. L'immense majorité des gens habitent dans des appartements, c'est à eux qu'il faut penser en priorité. Je ne suis pas loin de considérer le concept de "villa individuelle" comme un peu suranné. Je pousse un peu. Mais à peine.



    L'horrible mitage du Plateau suisse, déjà entre Genève et Lausanne, mais surtout entre Fribourg et Berne, puis Berne et Zurich, avec cet habitat dispersé, mi-bourgade, mi-champêtre, est la honte de l'urbanisme - ou plutôt de la totale absence de vision d'aménagement du territoire - des quatre dernières décennies. Laideur de ces tout petits immeubles de deux ou trois étages, ou alignement de villas vicinales, perdus quelque part, étendus dans le flasque. Ni biotope naturel, ni ville, ni campagne. Rien.



    Il est vrai qu'il y a une exception: la saisissante beauté, connue de tous ceux qui prennent le train, du trajet Lausanne-Fribourg. Servie certes par des paysages hors normes. Mais où demeure encore visible l'unité du village, au milieu d'une nature sans pareil (Lavaux, Gruyère, parmi d'autres). Protégeons notre patrimoine: il est l'une de nos valeurs suisses. Notre pays, ce ne sont pas seulement des idées, un système politique, mais aussi le pays physique !  Minéral, végétal, avec ses rivières et ses fleuves, ses lacs, la qualité de ses arbres, la richesse de sa faune, le contour de ses montagnes. Plus j'avance en âge, plus j'y suis sensible. Me rendant en Valais, je ne puis apercevoir le Catogne sans une étreinte d'émotion.

     

    Le patrimoine est agricole. Mais il est aussi urbain. Comme le souligne François Longchamp dans l'interview, on a mieux construit, à Genève, à la fin du 19ème et au début du 20ème que dans les ignobles années 1960 ou 1970, avec ces cages à lapins suburbaines - voire urbaines ! - pour natifs du baby-boom et travailleurs immigrés. Avec quelques heureuses exceptions, comme les constructions du Bureau d'Architectes Honegger, auquel un ouvrage remarquable a été récemment consacré. Il se trouve précisément que ces années de belles constructions, entre 1880 et 1940 (période qui inclut le début des magnifiques réalisations de Maurice Braillard), correspondent à une époque où le souci patrimonial - avec tout ce qu'il impliquait de rapport au Heim, à la Heimat - était, chez les autorités, autrement important qu'aujourd'hui.



    Je dis "chez les autorités", parce que la population suisse, elle, chaque fois qu'elle est consultée sur des sujets de ce genre, montre haut et fort son attachement à l'exceptionnelle qualité de ses paysages. Cette qualité, elle entend, au sens propre, la CONSERVER. Il s'agit donc, bel et bien, d'une démarche conservatrice. Le coeur, l'affect, le rapport au pays profond, la dictent tout autant, sinon plus, que la seule analyse intellctuelle. Initiative des Alpes, Lex Weber. Et je ne vous cache pas la surprise, seule contre tous, contre les autorités, contre la presse, contre les partis politiques, que pourrait bien nous réserver Ecopop. J'y reviendrai largement.

     

    Pascal Décaillet