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Sur le vif - Page 844

  • Pitié, pas la "politique autrement" !

     

    Sur le vif - Jeudi 12.07.13

     

    Il y a une catégorie de discours, en politique, que je ne supporte pas: celui de ces petits marquis qui, surgis de nulle part, sans Histoire, sans passé, souvent sans la moindre culture d'ailleurs, nous annoncent qu'ils vont "faire de la politique autrement".



    Déjà, ça laisse entendre que tous les autres, jusqu'ici, de Thémistocle à Mme Merkel, auraient fait de la politique de façon archaïque, comme des nuls. Insupportable prétention que celle de ces novateurs, rénovateurs (Mitterrand, dans son propre camp, les a tous enterrés), jeunistes. Souvent, d'ailleurs, ils brandissent la plus détestable des armes: celle de la génération. Ils jouent de l'illusion du renouveau. Le mythe de Faust, sans le génie de Goethe.



    A Berne, on a nous a annoncé, dans l'hystérie féministe du début des années 90, qu'avec les femmes, on allait voir ce qu'on allait voir: elles allaient "faire de la politique autrement". On les a vues à l’œuvre, certaines excellentes, d'autres moins, au fond la même proportion de talent et de nullité que chez les hommes. Les femmes que je vois au pouvoir, elles font de la politique EXACTEMENT comme les hommes. Ni pires, ni meilleures.

     


    J'entrevois quelques drôles, notamment du côté de ces bobos urbains, plutôt bien formés, disons génération douce, qui tentent, pour la campagne genevoise de cet automne, le registre du "faire de la politique autrement". Il n'y aurait plus ni gauche, ni droite, concepts dépassés vous le pensez bien. Ni lutte des classes, ni affrontements. Les gens intelligents mettraient - comme en un synode de clercs - leurs énergies en commun au service de la Cité. Oui, j'aperçois cela chez certains candidats de partis récents (une trentaine d'années), voire beaucoup plus récents.



    Ces gens-là, voyez-vous, nous jouent un petit jeu, dont je ne suis pas dupe. Celui de la réinvention de tous les principes. Ils seraient dégagés, eux, dans leur légèreté post-moderne, des mécanismes qui, de toute éternité, fondent les luttes de pouvoir. Non seulement je n'en crois rien, mais j'ai trop entendu, en plusieurs décennies d'observation de la politique, cette petite musique pour ne point m'en irriter quelque peu. D'où ce billet, que je dédie à tous les autres, de gauche comme de droite, les militants, les gens de terrain, ceux qui sacrifient une partie de leur vie au bien public. A eux, tous partis confondus, j'adresse mon salut. Les autres, je connais leur chanson.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Tornare : l'Appel d'Abidjan

     

    Sur le vif - Vendredi 12.07.13 - 08.51h

     

    J'aurais pu, au mot près, prendre pour moi les paroles de Manuel Tornare, dans son Appel d'Abidjan, hier soir à Forum. Je ne pratique jamais smartvote ni tous ces gadgets qui prétendent définir votre position sur une abscisse et une ordonnée, mais Tornare est sans doute la personnalité politique dont je me sente le plus proche. Je peine à imaginer que cet homme de vision et de valeur ne puisse, un jour ou l'autre, revenir à des fonctions signalées dans la République de Genève.

     

    Pascal Décaillet

     

  • EWS : la défaite en chantant

     

    Sur le vif - Jeudi 11.07.13 - 15.28h

     

    « Je voulais la solution A, mais que voulez-vous, mon partenaire de négociations exigeait la solution B, alors nous avons adopté la solution B ». Cette énormité diplomatique, qui n’est autre que l’aveu d’une déculottée, Mme Widmer-Schlumpf l’a osée, en fin de matinée, à Paris. Vaincue, mais heureuse, elle s’est exprimée aux côtés de celui qui emporte la mise, son homologue Pierre Moscovici, ministre français des Finances.

     

    C’est ce qui s’appelle avoir la capitulation joyeuse. Pendant que les Français pourront entonner le Chant du départ, la « Victoire en chantant », nous, Suisses, minuscule pays de 8 millions d’habitants, nous aurons tout le temps de déchanter dans la défaite. À chacun, sa petite musique.

     

    Mme Widmer-Schlumpf est sans doute une excellente technicienne du monde de la finance publique. Mais il y a un détail : a-t-elle bien saisi, intégré en son for, qu’être ministre, a fortiori négociateur à l’extérieur, c’était défendre au plus près les intérêts supérieurs de son pays, et de lui seul ? Lorsqu’elle nous sort, à Bercy, devant M. Moscovici, que la Suisse aurait préféré garder la convention de 1953, mais que cette dernière « ne correspond plus à la volonté conventionnelle de la France », on a tous envie de lui répondre que la « volonté de la France », on s’en fout un peu, et qu’on préférerait qu’on nous parle avec un peu plus de fierté et de détermination de celle de la Suisse.

     

    Puisse le Parlement réserver à cet armistice le même sort qu’à la Lex USA, ce qui, cette fois vraiment, aurait valeur de motion de censure. Puisse aussi notre presse prêter quelque attention à la puissance montante de la colère de l’opinion publique contre Mme Widmer-Schlumpf, mais aussi au fond contre le Conseil fédéral en tant qu’instance: les errances de l’Ambassadeur Rossier, donc de son patron Didier Burkhalter, dans l’affaire de la Cour européenne de justice ne valent pas mieux. Ces gens-là ne servent pas au mieux l’intérêt supérieur de notre pays, et j’use ici de mots encore bien faibles.

     

    La presse, oui. Une certaine presse, comme le Temps, qui multiplie, ces jours, les regards de Chimène pour tout ce qui nous est hostile. Mais ne donne guère, en contrepartie, la parole à ce qui serait révolte, colère d’une bonne partie de la population suisse. Exemple : ce matin encore, tapis rouge déployé sous les pieds de l’Ambassadeur de France en Suisse, Michel Duclos, lequel nous assure que « la France ne n’est pas montrée pressante et a respecté la souveraineté suisse ».

     

    Si l’Ambassadeur de France le dit, cela ne peut être que vrai. Et méritait assurément d’être publié tel quel, sans la moindre mise en contexte, le matin même de la signature. Comme une préparation d’artillerie. Les consciences, ça s’aiguise. Les baïonnettes, aussi.

     

     

    Pascal Décaillet