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Sur le vif - Page 847

  • Eveline et Didier

     

    Sur le vif - Dimanche 04.08.13 - 12.56h

     

    Le président du PDC attaque Didier Burkhalter, mais protège EWS.

    Les PLR attaquent EWS, mais protègent Didier Burkhalter.

    Pour ma part, les choses sont claires:


    1) Mme EWS pratique une politique catastrophique, notamment dans l'affaire des successions avec la France, et en allant s'afficher avec un Pierre Moscovici, tout heureux de faire paravent et diversion à son propre rôle dans l'affaire Cahuzac. Les PLR et UDC ont donc totalement raison de l'attaquer.



    2) M. Burkhalter, dont l'engagement pour les bilatérales est correct et conforme à la volonté du souverain, a commis une faute politique en laissant son secrétaire d'Etat, M. Rossier, entrer en matière sur une saisine possible de la Cour européenne de justice pour arbitrer les litiges entre la Suisse et l'UE, pour ce qui concerne les bilatérales. Cela a un fumet de juges étrangers, ça n'était vraiment pas le moment, surtout dans le contexte actuel, de délivrer un tel message. Cela, je suis persuadé que nombre de PLR, qui défendent leur conseiller fédéral, en sont intérieurement conscients. Cette bourde n'est de loin pas comparable avec l'accumulation des fautes de Mme EWS, mais le président du PDC, à Saas Balen, a eu raison de la dénoncer, Ce que nous faisons ici, au demeurant, depuis le premier jour.



    En résumé, les comportements de ces deux conseillers fédéraux, à des degrés de gravité divers, laissent à désirer, et ne sont pas ceux que la population attendrait, en période de crise et d'attaques venues de toutes parts. Il nous est arrivé, depuis 1848, d'être dirigés par un meilleur collège.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les puissantes analyses, trois jours après

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    Sur le vif - Samedi 03.08.13 - 11.11h

     

    Toujours à la pointe de l'actualité, le Temps nous propose seulement aujourd'hui, samedi 3 août, une analyse (intéressante, d'ailleurs) du discours de Christophe Darbellay, tenu à Saas Balen le mercredi 31 juillet. Il était pourtant possible de réagir immédiatement, y compris dans l'analyse et la perspective, sur le site internet du journal. On même dans l'édition papier d'hier, vendredi 2 août.



    Ces retards à répétition des journaux papier sur les versions électroniques, blogs ou réseaux sociaux, affaiblissent leur crédit dans l'une des concurrences basiques de la fonction journalistique, et cela depuis les premières dépêches télégraphiques du dix-neuvième, pour ne pas remonter à Théophraste Renaudot: la rapidité de réaction. J'ai infiniment travaillé sur l'Affaire Dreyfus (1894-1906): à l'époque déjà, les grands journaux, de celui de Clemenceau à ceux des socialistes ou des nationalistes, ouvraient plusieurs fois par jour pour de nouvelles éditions, ne changeant parfois, au marbre, qu'un seul papier, parce qu'il donnait une nouvelle. C'était, un quart de siècle avant la radio, comme un flash d'actualité.


    Considérée comme secondaire, voire superficielle, par toute une bande d'intellos ou d'analystes des médias qui n'ont sans doute jamais écrit un article de leur vie, ni fabriqué une page, ni dirigé une édition, ni donné une nouvelle à la radio, ni commenté un événement en direct, la rapidité de réaction demeure, ne leur en déplaise, l'une des fonctions cardinales de la vitalité de la presse. Et ne venez pas me dire qu'elle est antinomique de la réflexion, de la perspective, de l'arrière-pays: c'est faux, archi-faux, quand on a un peu d'expérience et de connaissance des dossiers, un commentaire pesé, distant et pertinent peut intervenir très vite. Nul besoin d'attendre trois jours !



    La rapidité n'est évidemment pas tout. Mais elle est nécessaire, si le mot "news", en français "nouvelle", en grec "Ta Nea", en allemand "Nachrichten" a encore un sens. Jusqu'à nouvel ordre, il n'est pas hérétique de considérer qu'être le premier à donner une nouvelle (d'intérêt public, exacte, intéressante, of course) est plutôt une vertu dans ce métier.



    Lorsque j'engage ou recommande un jeune journaliste, entre autres qualités, je cherche immédiatement à déterminer s'il est habité par le flair, l'ouverture, la curiosité, la rapidité. Bref, pour faire ce métier, c'est pas mal d'être un peu réveillé. Bonne journée à tous.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Sans Etat, pas de Suisse

     

    Sur le vif - Jeudi 01.08.13 - 11.40h

     

    Il y aurait des feux et de la joie, au mieux l’émotion d’une appartenance, et il faudrait, au nom de cette béatitude d’un soir, sous prétexte que la fête est spontanée, populaire, « vient d’en bas », oublier l’Etat. Je suis en désaccord total avec cette vision. La Suisse est un Etat. Fédéral, depuis 1848. Et aussi, une Confédération de vingt-six Etats, nos cantons. L’Etat, c’est ce qui nous fédère. Encore faut-il le définir.

     

    Pas d’Etat, c’est l’anarchie. La jungle. Donc, la loi du plus fort. Le riche, le propriétaire, le prédateur, le spéculateur. Trop d’Etat, c’est le carcan. L’inflation des états-majors, comme au DIP à Genève, les petits copains à placer, les frais de fonctionnement qui l’emportent sur les nécessités frontales du terrain. Cela non plus, nous ne le voulons pas. Tout l’enjeu se situe donc dans l’entre-deux : où placer le régulateur ?

     

    La meilleure définition, le plus dense et la plus éloquente, c’est Pascal Couchepin qui me l’avait sortie sur le plateau de Genève à chaud : « Un Etat solide, ni plus, ni moins ». J’aime infiniment ces sept mots, ils résument ma conception, à la fois radicale dans la nécessité d’une force publique, au service de la justice et de la solidarité, mais aussi attentive à lutter contre toute forme d’abus. Les quelques députés PLR, à Genève, dont MM Weiss et Gautier, qui se sont battus cet hiver contre un budget déficitaire, ne sont nullement des ultra-libéraux, mais juste des adeptes de ces sept mots : « Un Etat solide, ni plus, ni moins ». À noter que le libéralisme, en tout cas continental, celui de Tocqueville ou d’Aron, n’a jamais stipulé l’absence d’Etat, loin de là. Seuls les allumés du Livre blanc et les libertaires de la finance spéculative sans entraves ont pu, un moment, rêver de s’affranchir de la puissance publique. J’étais l’un des seuls, à ce moment-là, à les attaquer de front.

     

    Parler d’Etat un 1er Août n’est pas hors sujet. Même si une tradition de mielleuse candeur (qui franchement m’exaspère) dans les discours, tend à l’évacuer, au nom de l’extase du « vivre ensemble », ici la glorification expiatoire de l’altérité, là les lanières du fouet, vers nous-mêmes tendues, très tendance depuis une trentaine d’année.

     

    À ces sulpiciennes postures, je préfère le discours sur l’Etat. Nos Etats cantonaux, notre Etat fédéral. Rendre hommage, par exemple, à tous ceux qui, notamment depuis 1948, ont construit et réformé nos assurances sociales, je pense évidemment en priorité à ce grand socialiste que fut Tschudi. Hommage à ceux qui ont offert du temps à notre défense nationale, et tenté de la faire évoluer vers des modèles plus adaptés. Hommage aux enseignants, tous niveaux confondus, cette prodigieuse fonction de transmission, la plus belle, je dirais presque la plus sacrée, dans notre communauté humaine, je vous renvoie aux lignes inoubliables écrites par Péguy sur le sujet, dans l’Argent, Cahiers de la Quinzaine, 1913.

     

    L’Etat, ce ne sont pas des armées de fonctionnaires, ce ne doit pas être cela, ni des types qui tirent la gueule derrière un guichet. L’Etat, dans un canton comme au niveau fédéral, cela doit être l’outil, étymologiquement l’organe de mise en œuvre des priorités choisies par la volonté populaire. Au service de la population, et non comme caste d’apparatchiks.

     

    Rendre hommage à cet Etat-là se situe pour moi au cœur de nos festivités nationales. Hommage aussi, par exemple, aux policiers, pompiers, ambulanciers, personnel hospitalier qui seront de faction pendant que nous ferons la fête. Pour eux, pour la ferveur de leur engagement, j’ai toujours voulu croire en l’Etat. Sans Etat, pas de Suisse. Peut-être quelques pulsions tribales de reconnaissance. Mais pas de pays. Pas de nation souveraine. Rendre hommage, une fois, à cet organe qui ne doit pas être un but en soi mais a tant fait pour nous, me semblait nécessaire. Vous me direz que je vire rad-soc, style Troisième République, tendance Queuille aggravée. Je vous répondrai que je l’ai peut-être toujours été. Je me suis juste contenté de porter la cagoule dans les seules courses de ski de mon enfance, et d'user du compas dans les seuls cours de géométrie.

     

     

    Pascal Décaillet