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Sur le vif - Page 664

  • Le quinquennat, erreur majeure

     
     
    Sur le vif - Samedi 10.06.17 - 10.11h
     
     
    Depuis 2002, donc depuis le quinquennat, erreur majeure de Jacques Chirac, le temps législatif épouse le temps présidentiel. On élit le Président en mai, puis en juin on lui donne les moyens de gouverner. Après ces deux performances, on prend sa douche, tout heureux d'avoir accompli son devoir citoyen, et on part en vacances, prendre ses Congés payés.
     
     
    Le quinquennat tue le débat politique. Le charme du système antérieur, c'était justement cette séparation entre le temps législatif (5 ans) et le temps présidentiel (7 ans). Chacun avait sa vie propre, sa logique, sa mesure, ses horizons. Parfois (1986, 1993, 1997), alors qu'un Président était en fonction, le peuple envoyait à l'Assemblée une majorité qui lui était contraire. Cela s'appelait la cohabitation, le Premier ministre était enfin autre chose qu'un exécutant, la démocratie fonctionnait.
     
     
    Depuis 2002, tout est centré sur un homme, le système n'a jamais été aussi monarchique. En mai, on élit le Roi, en juin on lui donne sa majorité, version républicaine du Sacre de Reims. Évidemment qu'on la lui donne ! Juste un mois après l'élection, c'est encore l'état de grâce, le printemps, la vie est belle, on fredonne "Nationale 7" de Trenet, avant de s'engouffrer sur les plages de France. Personne, dans ces moments-là, n'a envie de créer une crise politique !
     
     
    Depuis 2002, l'élection législative française a perdu sa vie propre. Elle est devenue un plébiscite pour établir la mesure de popularité du nouveau souverain. Les courtisans, autour de lui, pourront se plier encore plus vers le sol à chacune de ses apparitions.
     
     
    Le quinquennat est une erreur majeure. Une errance signée Jacques Chirac. Plus que jamais, l'intelligence politique d'un François Mitterrand manque. Lui qui, notamment entre 1986 et 1988, avait si génialement, si diaboliquement, exploité la cohabitation.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • La noire fureur des entrailles

     

    Sur le vif - Vendredi 09.06.17 - 09.49h

     

    L'ère Macron : cinq ans de répit pour l'Ancien Monde.

     

    Cinq ans, non pour rénover, mais pour conserver.

     

    Conserver le système actuel, ultra-libéral, celui qui nous étouffe depuis trois décennies. Négation de l'idée nationale. Intégration progressive à une idée impériale, appelée "Union européenne", en réalité une vassalité de l'Allemagne qui, doucement, construit sa puissance tutélaire sur le continent.

     

    Cinq ans d'obédience à l'atlantisme. Priorité à la finance spéculative. Aucun souci de l'humain, de son épanouissement. Dérégulation. Délocalisations. Défaut de contrôle sur les flux migratoires. Mépris de la cohésion sociale. Mort de la paysannerie. Prolongation du mensonge multilatéral : cinq ans de SDN, cinq ans d'Aristide Briand. On prend des milliers d'avions, on grille des millions de tonnes de kérosène, pour signer des protocoles sur le... climat. Cinq ans de tartufferies encravatées.

     

    Et les gens, pour l'heure, applaudissent. Parce que c'est le printemps. L'état de grâce d'un nouveau souverain, le Bien Aimé, comme on surnommait Louis XV au début de son règne. Il fait beau. On s'apprête à savourer les Congés payés, cet été. On ne pense pas, on sifflote. On est au printemps 36.

     

    Cinq ans de répit pour l'Ancien Monde. Cinq ans pour réprimer, enfouir, jeter au diable toute parole contraire. Cinq ans pour oublier les neuf millions de voix qui, au second tour, n'ont pas soutenu Macron, mais sa rivale.

     

    Cinq ans pour laisser l'Ancien Régime, faussement rajeuni sous l'aimable visage de l'orléanisme, briller de mille feux. Mais un jour, le contrepoids surgira. Tout ce que l'ère Macron aura voulu enfouir, dissimuler, en se bouchant le nez, tout cela éclatera comme un volcan demeuré trop longtemps silencieux.

     

    Tout cela, toute cette lave et cette braise, ne jaillira pas des cerveaux, ni des puissants raisonnements, ni du choc démontré de quelque Talmud. Mais de la noire, l'incandescente fureur des entrailles.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Politiciens, à vos racines !

     

    Sur le vif - Lundi 06.06.17 - 10.55h

     

    Il m'est parfaitement égal qu'un politicien soit de gauche ou de droite. Qu'il soit PLR, UDC, socialiste, gauche radicale, etc.

     

    Ce qui compte pour moi, c'est qu'il sache d'où provient son parti. De quelles racines philosophiques, idéologiques, historiques, a surgi sa mouvance politique. Cela, il doit le connaître à fond. Je ne saurais, pour ma part, lui concéder dans ce domaine le moindre amateurisme, la moindre faille, la moindre confusion.

     

    Il me faut qu'un PDC, puisqu'il tient à l'être, soit capable de tenir une longue conversation, nourrie, sur Léon XIII, Rerum Novarum (1891) la Doctrine sociale, le Zentrum bismarckien, les origines des catholiques conservateurs, ou des chrétiens-sociaux, dans nos différents cantons. La CDU allemande. La CSU bavaroise. Le Democrazia Cristiana, en Italie.

     

    Il me faut qu'un radical - il a raison de l'être - sache tout des Lumières, de l'Aufklärung, de la Révolution française, des Républicains du début du 19ème, des grand combats de 1830, et surtout de 1848. Il faut qu'il connaisse les premières décennies du Conseil fédéral (1848-1891), les grandes réalisations industrielles, le percement du Gothard, James Fazy à Genève, Henri Druey dans le Canton de Vaud, Joseph Barman en Valais.

     

    Il me faut qu'un socialiste - noble filiation - soit capable de parler de Jaurès, de Jules Guesde, de la sociale-démocratie allemande, de Willy Brandt, Olof Palme, Bruno Kreisky, Léon Blum, François Mitterrand, du Congrès de Tours en 1920, de celui d'Epinay en 1971, de celui de Bad-Godesberg en 1959, etc. Il doit savoir d'où il vient, quels furent les grand combats de sa famille politique.

     

    Pour le PDC, je puis avoir ces conversations avec Sébastien Desfayes, ou Fabiano Forte, Christophe Darbellay, ou Maurice Tornay, liste non-exhaustive, bien sûr. Pour les radicaux, avec Pierre Maudet, Pierre Kunz, Olivier Meuwly, Jean Romain, et plein d'autres, car la branche latine est d'un bon niveau de conscience de l'Histoire du parti. Je ne donne ici que quelques exemples. Tous partis confondus, je demande aux non-cités de bien vouloir m'excuser. Chacun sait, de toute façon, la considération que je lui porte, chacun de ceux avec qui j'ai passé du temps à échanger, discuter.

     

    Mais une chose est sûre : celui - ou celle - qui viendrait à surgir dans l'espace politique, sans porter avec soi un très haut degré de conscience de l'ontologie historique de son parti, de ses antécédents, de sa diachronie, en nous faisant le coup des "rénovateurs" ou "ceux qui vont faire de la politique autrement", qui est juste une compensation de son ignorance, je ne pourrai, hélas, éprouver pour lui - ou elle - qu'une considération relativement limitée.

     

    Pascal Décaillet