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Sur le vif - Page 663

  • DFAE : l'attente d'une rupture

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    Sur le vif - Vendredi 22.09.17 - 19.11h

     

    Rien de plus insupportable que ce discours des correspondants au Palais fédéral, métier que je connais pour l’avoir pratiqué : le nouveau ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, n’aurait qu’une infime marge de manœuvre pour s’écarter de la politique européenne de son prédécesseur. Ce discours est faux. Il suinte l’interne du sérail, l’adhésion aux pratiques de ces dernières années. Il laisse entendre que notre politique extérieure serait comme vouée à l’immuable.

     

    Ce raisonnement, c’est l’abdication de la foi en la politique, tout court. C’est le renoncement à la capacité d’une nation à affirmer ses choix, puis les mettre en œuvre. C’est faire croire que la Suisse, n’étant que l’engrenage d’un ensemble, n’aurait qu’une prise infime, voire inexistante, sur le destin. C’est une vision désespérante. Citoyen de ce pays, je la récuse, de toutes mes forces.

     

    Monsieur Cassis, n’écoutez pas ce discours. Ayez une vision, respectez les décisions du peuple suisse, celle du 9 février 2014 par exemple, mettez en avant notre cohésion nationale, affirmez la volonté du pays, et vous aurez restauré, dans le concert des nations, une politique suisse digne de ce nom.

     

    Monsieur Cassis, en politique européenne, nous avons besoin d’une rupture. Principalement, dans la tonalité. Votre prédécesseur, si préoccupé de « respect », semblait hésitant à effleurer la moindre carte d’un château dont il ne voulait surtout pas troubler la belle construction. Il était, certes, un homme de bonne volonté, mais sa gestion de l’après-9-février, et avec lui celle de l’ensemble du Conseil fédéral, a été d’un attentisme catastrophique. Le Parlement, tant bien que mal, a tenté de faire le boulot, le gouvernement n’a pas donné d’impulsion. Comme s’il était groggy.

     

    Monsieur Cassis, les citoyennes et citoyens de ce pays attendent que vous restauriez la fierté de notre pays face à l’Union européenne. Non en coupant les ponts, personne ne parle de cela. Mais en rompant avec ces intonations apeurées, gémissantes, tétanisées devant les « réactions de Bruxelles » aux décisions de notre seul véritable souverain, le peuple suisse. Si vous montrez, par quelques signaux bien sentis, dès le début de votre mandat, à l’Union européenne que notre pays est ferme dans la défense de ses décisions, vous aurez non seulement l’estime de Bruxelles, ce qui est peu de choses, mais celle, ô combien plus précieuse, du peuple suisse.

     

    Monsieur Cassis, vous avez plaidé dans la campagne pour une immigration contrôlée. Vous venez d’un canton qui, comme Genève, sait ce que peuvent signifier les flux transfrontaliers. Vous êtes un homme d’expérience, cultivé, vous parlez les langues : vous pouvez, tout en gardant sur la forme la courtoisie qui est la vôtre, devenir un grand ministre des Affaires étrangères. A cela, une condition, sine qua non : placer le peuple suisse, sa nécessité de cohésion, de justice sociale, d’attention aux équilibres internes, avant l’idée de plaire à la fausse, à l’hypocrite, à la menteuse douceur des réunions multilatérales. Dès que surgit le tragique de l’Histoire, ces pantins s’évanouissent dans la nature. Et chaque nation, chaque peuple, se retrouve seul face à son destin.

     

    Monsieur Cassis, j’ai confiance en vous, et vous souhaite plein succès dans vos activités au service de notre pays.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Débriefer dans le train retour, c'est un peu court...

     

    Sur le vif - Jeudi 21.09.17 - 13.51h

     

    L'échec de Pierre Maudet n'est pas celui d'un homme : il est jeune, brillant, sa capacité à rebondir ne m’inquiète guère.

     

    Non. Cet échec est celui d'un système de pensée, à l'intérieur du PLR, principalement dans ses sections de l'Arc lémanique. Cette obsession maladive du jeunisme, de la nouveauté, de "l'innovation" (mot magique, incantatoire, totalement vide de sens). Cette religion du "numérique", dont personne ne nie certes l'importance, mais qui ne nécessite pas une telle dévotion rhétorique.

     

    Cette arrogance de prétendre "faire de la politique autrement", comme si les générations d'avant, celles qui ont produit des Chavanne et des Delamuraz, des Furgler et des Tschudi, n'avaient jamais rien compris à rien.

     

    Cette posture à tout vouloir réinventer. Cette prédominance - qu'on trouve aussi dans le journalisme, hebdomadaire notamment - à vouloir que la réalité se plie, non aux faits, mais aux angles d'idées qu'on a puissamment définis en amont, avec un volontarisme métallique, dominateur.

     

    Cette grande illusion de vouloir à tout prix établir des passerelles avec la gauche (dont on s'imagine qu'en récompense, elle va voter pour vous).

     

    Pire que tout : le mépris affiché, par certains caciques PLR à Genève (pas tous), face à la famille politique qui siège à sa droite, je veux parler clairement de l'UDC. Faible à Genève. Mais très puissante au niveau national.

     

    On notera encore la très mauvaise stratégie (dont je devine les souffleurs) consistant en une profonde méconnaissance des dynamiques de droite dans les cantons alémaniques. On est parti comme en 40, projetant comme des grands la situation genevoise, totalement idiomatique, à celle de l'ensemble du pays. On a cru qu'on pourrait s'en sortir en traitant le reste de la droite suisse comme des gueux.

     

    On a eu tort. C'est tout.

     

    Loin d'être portée par le seul Pierre Maudet, cette idéologie est promue, avec une arrogance sans pareil, depuis une bonne douzaine d'années, par l'actuel Président du Conseil d’État genevois.

     

    Avoir "débriefé hier dans le train retour de Berne" est peut-être un peu court. Mais c'est leur affaire, of course.

     

    Leur chance, c'est que les autres roupillent.

     

    Le Sommeil du Juste, c'est juste le sommeil.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La droite vous dérange, Chers Confrères ?

     

    Sur le vif - Mardi 20.09.17 - 15.07h

     

    L'exaspération avec laquelle tant de journalistes SSR, notamment en radio, considèrent le "glissement à droite" du Conseil fédéral, suite à l'élection d'Ignazio Cassis, est singulièrement révélatrice.

     

    Que se passe-t-il, et de quoi parle-t-on ? Aux élections fédérales d'octobre 2015, le peuple suisse a envoyé aux Chambres fédérales une très nette majorité de droite, principalement UDC (premier parti du pays) et PLR. Mais aussi, des PDC nettement plus conservateurs, en moyenne, que la section genevoise, sur la jauge de laquelle il faudrait, du bout du lac, cesser de mesurer le parti national.

     

    Oui, la Suisse est à droite. Son Parlement est de ceux, en comparaison européenne, où le poids de la gauche est le plus faible. Non par grâce divine, mais par volonté populaire, venue d'en bas.

     

    Dans ces conditions, le "glissement à droite", qui fait s'étrangler les intervieweurs SSR, n'est rien d'autre qu'une adaptation souhaitable de l'exécutif fédéral sur la représentation parlementaire, voulue il y a deux ans par le souverain. Nous sommes à l'exact milieu de la législature : il était temps que cette évolution du curseur s'opérât.

     

    Et puis, quoi, Mesdames et Messieurs les journalistes SSR ! Le gouvernement de notre pays n'aurait pas le droit d'être, éventuellement, à droite, surtout si les Chambres le sont aussi nettement ? En quoi cela serait-il une tare ? Morale ? Théologique ? Transcendante ?

     

    Le vrai problème, ça n'est pas l'adaptation du curseur à Berne. Mais les jugements de valeur, toujours les mêmes, des journalistes SSR, visant à faire du centre-gauche un positionnement moralement acceptable, et de tout ce qui ressemble à la droite, une anomalie condamnable.

     

     

    Pascal Décaillet