Sur le vif - Mardi 07.11.23 - 10.30h
Avant l'élection, ils passaient leur temps à coller des étiquettes : "raciste", "xénophobe", "populiste". Ils pensaient que le sceau d'infamie dissuaderait l'électeur. L'élection s'est produite, l'infâme étiqueté a gagné, les autres ont perdu. Mais, comme si de rien n'était, les autres ont continué à coller leurs estampilles. Avec les même mots, toujours recommencés. Chez ces gens-là, on ne réinvente le verbe qu'avec modération.
L'élection du 22 octobre ne s'est pas jouée sur le racisme. Ni sur la xénophobie. Ni sur le populisme. Mais sur le pouvoir d'achat. La paupérisation des classes moyennes. Le sentiment d'abandon des PME par le PLR. L'échec ahurissant de notre système de santé libéral, dans l'un des pays les plus prospères du monde. L'arrogance des élites mondialistes et financières. Et, au tout premier plan, l'immigration, non en termes de jugement sur les étrangers, ni de peur de ces derniers, mais en termes quantitatifs. Ca n'est pas le principe d'ouverture qui est en cause, c'est l'afflux massif. À quoi s'ajoute le chaos de l'asile de la ministre socialiste.
Ces thèmes, en profondeur, pour notre part, nous les avions largement repérés, depuis de longues années. Et traités. Dans des centaines de débats. Dans des centaines de commentaires. Pendant que d'autres, dans l'espace public romand, passaient leur temps à s'accrocher à d'improbables sujets sociétaux et wokistes, colportés à longueur de journées, à la RTS et dans le Temps, par d'ineffables "chercheurs en sciences sociales". Ai-je déjà songé à mentionner ceux de l'Université de Lausanne ? Ou, par distraction, l'aurais-je omis ?
Eh bien ce sont les mêmes, aujourd'hui, exactement les mêmes médias, qui collent les étiquettes, les décollent, consacrent des pages et des émissions entières à savoir s'il faut bien les coller, ou même un édito (ce matin encore, le Temps), pour trancher sur la question métaphysique de l'appartenance de l'UDC à l'extrême droite. Comme si le Jugement dernier du Temps, en l'espèce, était d'une quelconque importance pour la vie quotidienne de nos compatriotes.
Le 22 octobre, la droite a gagné. Pas la droite libérale, surtout pas. Mais une autre droite, souverainiste, plus simple, plus directe, plus franche, plus populaire, plus patriote, plus joyeuse. Non seulement, dans les quatre ans qui viennent, il faudra en tenir compte, notamment en matière d'immigration. Mais une recomposition draconienne du paysage médiatique s'impose. Près d'un Suisse sur trois vote UDC. Moins d'un journaliste sur vingt se sent en accord avec les grandes lignes de ce parti. L'ombre d'un hiatus.
Pascal Décaillet