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Sur le vif - Page 515

  • Il s'éloigne, le temps des Gueux !

     

    Sur le vif - Mercredi 15.05.19 - 15.19h

     

     

    Depuis hier soir, un Président MCG du Grand Conseil, Jean-Marie Voumard. Et un Président MCG du Conseil municipal de Vernier, deuxième Ville du Canton, plus de 35'000 habitants, François Ambrosio. A quoi s'ajoute - sans être exhaustif - un conseiller d'Etat MCG, Mauro Poggia, reconnu pour sa capacité de travail et sa compétence.

     

    Il s'éloigne, le temps des Gueux ! Le temps où les notables de ce canton, principalement dans l'Entente et chez les Verts, bref les partis de bonne vieille horizontalité dans le partage du gâteau, se permettaient, à longueur d'année, de conspuer les "populistes" du MCG. On les prenait de haut ! On s'en riait, en caquetant. On les vitupérait. On ironisait.

     

    Aujourd'hui, 15 mai 2019, quel parti vient de faire, pendant des mois, la une de l'actualité des Revues à Genève ? Le MCG ? Non, le PLR ! C'est lui dont un conseiller d'Etat a méchamment défrayé la chronique. Lui qui s'est déchiré pour la présidence. Lui dont certains réseaux occultes ont fait parler d'eux.

     

    Pendant ce temps, le MCG, moins lustré de décennies patriciennes, moins ancré dans les souterrains lumineux du compagnonnage, a fait son petit bonhomme de chemin. Un peu comme dans la Théogonie d'Hésiode, il a eu son temps des dieux, son temps des héros, son temps des combats titanesques. Et puis, toujours comme chez Hésiode, ce grand poète de l'époque archaïque de la Grèce (8ème siècle avant JC), dont je vous recommande la lecture (Éditions Belles-Lettres, bilingue, par exemple), il y a eu le temps, moins héroïque mais plus pragmatique, des Travaux et des Jours. Dans les communes, au niveau cantonal, et même fédéral (avec M. Golay), les gens ont fait leur boulot.

     

    Résultat : un Président du Grand Conseil respecté de tous. Un conseiller d'Etat véritable poids-lourd du collège. Un conseiller national sérieux et travailleur. Les fatigues patriciennes, pendant ce temps, ont sonné la retraite. Les partis raisonnables ont sombré dans le bruit et la fureur. Et le MCG, voyez-vous, est toujours là.

     

    Il n'y a toujours pas de toilettes dans toutes les gares du CEVA. Mais il y a toujours, à Genève, un mouvement protestataire. Ce qui est nouveau, c'est qu'il est devenu bien plus constructif que ceux qui, à vie, s'imaginaient "gouvernementaux". Il s'éloigne, oui, le temps des Gueux.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Journée des Dupes

     

    Sur le vif - Lundi 13.05.19 - 16.45h

     

    Dans l'histoire de la propagande politique à Genève, c'est une véritable Journée des Dupes que nous venons de vivre. Avec le recul, elle devra être analysée, sans concession.

     

    Jeudi 9 mai, à dix jours d'un scrutin capital pour Genève et pour la Suisse, des inspecteurs en civil de la Police judiciaire ont débarqué au 25, rue des Acacias, dans les locaux du Service des votations. La perquisition en elle-même, la théâtralité qu'elle produit, les soupçons qu'elle induit, tout cela n'a été voulu ni par la presse, ni par un metteur en scène à Hollywood, mais par le Parquet de la République et Canton de Genève. Qu'un immense émoi en fût immédiatement créé, est totalement normal dans un contexte de processus électoral en cours.

     

    Dans la Tribune de Genève, le vendredi 10 mai, le Président du Conseil d'Etat affirmait qu'il s'agissait "d'une affaire extrêmement grave". Ce jugement n'est dû ni à la presse, ni à un metteur en scène d'Hollywood, mais au numéro 1 de l'exécutif genevois.

     

    Cet après-midi du lundi 13 mai, on assiste à la mise en scène du désamorçage, par le numéro 1 du Parquet, puis dans la foulée par le numéro 1 de l'exécutif. Lequel se permet de juger le travail des journalistes. Lui qui, trois jours plus tôt, parlait "d'une affaire extrêmement grave" ! Cette entreprise de désamorçage, en pleine crise politique, à six jours du scrutin, ne provient ni de la presse, ni d'un metteur en scène d'Hollywood. Mais des deux principaux personnages ayant contribué à dramatiser l'affaire : le numéro 1 du Parquet, puis le numéro 1 de l'exécutif.

     

    Peut-être pourrait-on souhaiter, dans le cas d'une crise à venir, que le numéro 1 du Parquet, amateur de perquisitions spectaculaires, puis le numéro 1 de l'exécutif, avant d'avoir à désamorcer une crise, s'emploient, en amont, à éviter d'en créer eux-mêmes les conditions.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Autodafé dominical

     

    Sur le vif - Dimanche 12.05.19 - 15.43h

     

    Par pitié, frères en écriture, cessez de publier des livres ! Je sais, mon propos déplaira aux éditeurs, parmi lesquels j'ai quelques amis, mais de grâce cessez de rêver à sortir des bouquins !

     

    A moins d'être un grand écrivain, ou un grand poète, il y a mille fois mieux à faire que de pondre des livres. Abattre des arbres, engraisser l'industrie du papier, le lobby des industriels de l'imprimerie et des rotatives, juste pour avoir son heure de gloire, quelques jours, quelques semaines, sur la devanture d'une librairie. Et puis, basta, on vend quelques exemplaires, on en expédie hélas des milliers au rebut, on aura fait tourner pour rien une industrie qui se meurt, juste pour la gloriole des quelques jours dans la vitrine.

     

    Ma position est paradoxale : je suis un fou de livres. J'en ai partout, ils ont envahi mon univers, j'ai l'intention d'élaguer, mais reporte constamment le passage à l'acte. Et puis, quand même, il y en a un bon millier auxquels je tiens. Et une ou deux centaines, jusqu'à la fin, me suivront partout.

     

    Alors, de grâce, ne venez pas me faire la leçon ! J'ai lu, moi aussi, quelques milliers de livres, ils m'ont nourri, sans eux je ne serais rien, je sais le rôle de la Bible (étymologiquement le Livre) dans nos civilisations, j'ai écrit sur le rôle immense de la traduction qu'en a faite Luther en 1522.

     

    Mais désolé, le livre n'est pas une fin en soi. D'autres supports - celui par exemple sur lequel nous sommes - permettent parfaitement de véhiculer des idées, et par pitié, de venez pas nous sortir l'argument de l'odeur du papier, je suis le premier à tout renifler, je sais cela.

     

    Il y a des amoureux du livre. Et il y a, hélas, des fétichistes du livre. Je sais bien que rien ne remplacera le codex, l'invention est géniale, inégalable en termes pratiques, cela ne mourra pas. Du reste, rien ne meurt, les nouveautés s'ajoutent.

     

    Assurément, je n'aurais pas l'idée de lire Thomas Mann, ni Brecht, ni Koltès, ni Gide, ni Annie Ernaux sur un écran. Mais un essai politique ? Sociologique ? Pourquoi diable faut-il que le moindre pisseur de texte considère comme le Nirvana d'être publié chez un éditeur, avec envois (de plus en plus inutiles) en service de presse, tournée promotionnelle dans les médias, grand foin et monstre tintamarre, pour finalement... n'en vendre que quelques dizaines d'exemplaires, et finir au pilon ?

     

    Oui, il existe un lobby des éditeurs. Un lobby du livre. Un lobby de l'industrie du papier. Non, tout texte n'a peut-être pas destination à s'incarner dans ce qui fut un arbre, et qui pour lui fut sacrifié. Oui, le numérique a du bon. Et le seul fait que vous soyez ici, sur ce support-là, en train de me lire, plutôt qu'à hanter en extase la Bibliothèque de France, le prouve avec éclat.

     

    Pascal Décaillet