Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur le vif - Page 514

  • Le Petit Prince orléaniste

     

    Sur le vif - Mardi 09.04.19 - 09.41h

     

    Macron n'est jeune que par l'âge. Accroché à son multilatéralisme, à son européisme, à son cosmopolitisme purement conceptuel (ah, les schémas de pensée des philosophes !), il camoufle en son for l'âme d'un vieux conservateur.

    Surtout, ne rien changer ! Surtout ne pas mettre en cause, une seule seconde, le chemin vers la dépossession de souveraineté entamé par la France dès 1992 (Maastricht), et même avant, à bien des égards.

    Surtout ne pas vouloir prendre en compte le retour, partout en Europe, d'une idée nationale jetée aux orties par les spéculateurs de la grande finance virtuelle, les usuriers de l'échange, les bradeurs de frontières, les marchands du Temple.

    Surtout, diluer les deux revendications, parfaitement claires et repérables, des Gilets jaunes : justice sociale et démocratie directe. Noyer cette clarté dans la confusion - construite et préméditée - d'un "Grand débat", articulé autour du Prince, pour le mettre en scène en majesté. Macron prend les Français pour des simples d'esprit.

    L'épisode Macron représente l'ultime répit de l'Ancien Monde. Un autre arrive, surgi de la terre et des entrailles de la nation. Il exige qu'on écoute désormais les peuples, et demande qu'on mette en place des mécanismes de démocratie directe.

    Ce Nouveau Monde, en printanière germination, ne veut plus des élites autoproclamées. Il ne veut plus des BHL. Il ne veut plus des Cohn-Bendit. Il ne veut plus des Kouchner. Il veut, comme d'autres l'ont voulu à la fin du dix-huitième siècle, l'instauration d'un nouvel ordre.

    Cela porte un nom : cela s'appelle, partout en Europe, une volonté révolutionnaire. Le Petit Prince orléaniste ne pourra rien, à terme, contre la puissance tellurique de ce mouvement.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Netanyahu : arrogance et domination !

     

    Sur le vif - Dimanche 07.04.19 - 14.16h

     

    Le Premier ministre israélien sème la guerre, et personne ne dit rien ? Dans une déclaration explosive, hier soir, Benjamin Netanyahu, à trois jours d'élections législatives très disputées, face à son rival Benny Gantz, déclare prévoir l'annexion pure et simple des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, en cas de réélection. Pour qui connaît l'échiquier du Proche-Orient, c'est une bombe, une provocation, un acte de mépris supplémentaire face au peuple palestinien, qui attend un État et ne reçoit qu'arrogance et domination.

    C'est une tradition, dans les élections israéliennes, d'aller chercher les voix des ultra-conservateurs dans les derniers jours de campagne, par des déclarations fracassantes. Mais là, le record est battu. Cette affirmation dominatrice ne peut s'expliquer que par le blanc-seing octroyé par Trump - qui aura besoin d'un certain électorat pour sa réélection - aux franges les plus ultras de la politique israélienne. Nous avons souvent, ici, dans d'autres commentaires, condamné sans appel les choix de Trump dans sa politique au Proche-Orient et au Moyen-Orient, notamment ses gages incessants donnés à la politique coloniale israélienne, et sa diabolisation de l'Iran, pays avec lequel il veut une guerre.

    Je me suis rendu plusieurs fois au Proche-Orient. Je me considère comme un ami d'Israël, dont je reconnais pleinement le droit à l'existence, ET (car la logique ne peut être qu'inclusive) comme un ami du peuple palestinien. Depuis des décennies, je plaide pour que ce peuple ait un État à lui. Un État, oui, avec toute la dignité politique que comporte ce mot, et non un statut d'administré sous surveillance israélienne. Encore moins, un statut d'occupation. Encore moins, un statut d'annexion !

    Nous devons maintenant dire notre colère. La neutralité, M. Cassis, ça n'est pas le silence. Les propos de M. Netanyahu constituent, face au monde, face au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, une provocation éhontée. Ils visent un double but. Le premier, dans l'ordre de la politique intérieure, est d'arracher les ultimes voix des partis extrémistes pour les élections. Le second est de tester jusqu'où peut aller le discours sous protection de Trump, dans l'ordre de l'arrogance et de la domination.

    Le Conseil fédéral doit condamner ces propos. La Suisse doit condamner ces propos. Toute personne souhaitant une solution de paix au Proche-Orient, pour Israël comme pour les Palestiniens, doit condamner ces propos. Il en va, tout simplement, de notre honneur.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Guy Mettan face à la caressante tiédeur du vent

     

    Sur le vif - Vendredi 05.04.19 - 15.06h

     

    Je connais Guy Mettan depuis plus de quatre décennies, des séminaires d'Histoire et des centaines d'heures passées en commun dans les bibliothèques nous relient. C'est un homme intelligent et cultivé : son niveau, en Histoire contemporaine, est nettement supérieur à la moyenne.

    Mieux : ses livres à lui sont souvent passionnants, et toujours incroyablement documentés, comme celui consacré à mille ans de russophobie, ou le tout dernier, "Le Continent perdu", Éditions des Syrtes, qui paraîtra dans quelques jours, et que j'ai eu l'occasion de lire en avant-première.

    Guy Mettan, qui était au Temps stratégique alors que j'étais au Journal de Genève, aurait pu faire une carrière de chercheur, s'il n'avait été saisi par l'appétit du journalisme. C'est l'un des politiques actuels, à Genève, avec une véritable dimension intellectuelle. On doit la constater, qu'on partage ou non les options politiques personnelles du député. Je suis loin de les partager toutes, notamment sa passion transfrontalière. Mais qu'importe !

    Je me suis souvent demandé ce que Guy Mettan faisait au PDC. Peut-être un atavisme familial, le même que le mien (très conservateur, en l'espèce), mais enfin nous sommes de grands garçons, et les obédiences des ancêtres sont là pour être transgressées, non ? Peut-être, aussi, naguère, une fenêtre d'opportunité pour exister dans le champ politique, à Genève. D'autres, également de familles valaisannes, tout aussi conservatrices que les nôtres, ont choisi d'autres partis, alliés à Genève, mais historiquement opposés dans le Vieux Pays, tout en conservant en leur for la noirceur de la flamme qui les anime vraiment. Leur duplicité ne me dupe pas une seule seconde.

    Guy Mettan a donné au PDC genevois, notamment à sa députation, une élévation sensible du niveau de culture, d'approche des problèmes, nourrie de références. Ca va tout de même un peu plus loin que la seule présence dans le parti pour s'inscrire dans une dynastie, ou pour la recherche extatique d'un Centre introuvable. Plus loin, aussi, que céder béatement à la première mode, tantôt climatique, tantôt féministe, tantôt jeuniste, juste pour demeurer dans la caressante tiédeur du vent.

    Je suis loin d'être d'accord avec toutes les options politiques de Guy Mettan, mais je partage sa vision de l'Histoire, faite d'observation et de lectures, de recueil des témoignages, de parole donnée à tous (et pas seulement au camp du Bien), de séparation drastique entre le champ politique et celui de la morale. Bref, Thucydide, plutôt que le chant des sirènes.

    A cet homme de valeur, compagnon de génération et de lectures, j'adresse tous mes voeux pour la suite de son parcours, et l'assure de ma fidélité amicale, intellectuelle et spirituelle.

     

    Pascal Décaillet