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Parlement européen : 27 fois inutile !

 
Sur le vif - Samedi 18.05.19 - 16.14h
 
 
La bonne vieille démocratie représentative, celle qui nous amène, depuis deux siècles, à envoyer des gens siéger dans des Parlements, n'en a déjà plus pour très longtemps. Quelques décennies, bien sûr, peut-être même un siècle ou deux, les grands mouvements de la politique sont lents. Et j'ai déjà fait part maintes fois, ici, de ma vision d'avenir : un élargissement et un approfondissement, dans les générations futures, de la démocratie directe. En lien - c'est une condition sine qua non - avec une élévation du niveau général de connaissance historique et politique, chez les citoyens.
 
 
Oui, nos corps intermédiaires, dans la France de Macron par exemple, sont à bout de souffle. Rassurez-vous, c'est loin d'être la première fois. Ils l'étaient déjà à la fin des années trente, à l'approche de la Seconde Guerre mondiale. Ils l'étaient, bien plus encore, au début du printemps 1958, lorsque la Quatrième République exsangue, incapable de résoudre la question algérienne, a créé elle-même - par son inexistence - les conditions du retour de l'homme qui, quatorze ans plus tôt, avait sauvé la République.
 
 
Ils sont exsangues, déjà dans l'ordre de la représentation nationale. Dans un régime qui, depuis six décennies, condamne les parlementaires à n'être que les godillots de l'exécutif (sauf en période de cohabitation, finalement équilibrée et fructueuse), il est très clair que le statut de député n'est pas le plus enviable. Le pire : député de la majorité, aligné couvert. Triste spectacle, souvent, indigne de Montesquieu, et de tous les grands discours sur le contre-pouvoir. A noter qu'à Genève, nous n'avons guère de grande leçon à leur donner, quand on voit l'obédience - je pèse mes mots - de certains députés, y compris dans les commissions de contrôle, par rapport à leurs magistrats exécutifs.
 
 
Ils sont déjà exsangues, en France, au niveau national. Mais alors, que dire du statut, impérial dans l'ordre de la vacuité, de député européen ? Pourquoi ne pas dire les choses telles qu'elles sont ? La vérité, c'est que le Parlement européen ne sert à rien. Si ce n'est à gesticuler autour de directives sécrétées par une administration en vase clos, dépourvue de toute légitimité populaire, n'incarnant nulle identité fédératrice, nulle mémoire commune, nulle valeur partagée, nul culte des morts de nature à rassembler les âmes, nulle vision d'avenir, nulle passion.
 
 
D'ailleurs, la majorité politique qui sortira du futur Parlement européen, dimanche 26 mai, n'a strictement aucune importance. Que la fédération artificielle des droites gentilles l'emporte sur l'artificielle fédération des gauches gentilles, ou le contraire, est parfaitement indifférent. Les seuls tests qui vont intéresser les gens se feront nation par nation, donc dans 27 singularités différentes. Pour la France, par exemple, la liste de Mme Le Pen v-a-telle l'emporter sur celle (par godillots interposés) de M. Macron ? Cet exemple, multiplié par 27.
 
 
L'extraordinaire excitation autour des "élections européennes" se ramène donc à la conjonction de 27 sondages d'opinion nationaux, 27 plébiscites ou rejets de 27 pouvoirs en place. C'est tout. Au demeurant, les émissaires iront, quelques années, peupler les bancs de Strasbourg pour soutenir et alimenter leurs ambitions nationales. Ils seront les servants zélés d'une Europe en panne.
 
 
Dans cette Europe, pas de pouvoir personnel. Non. Juste la conjonction de quelques centaines d'impuissances impersonnelles. La déchéance de la démocratie représentative, multipliée par l'absolue vanité d'une fonction qui fait peut-être bien sur une carte de visite. Mais qui ne sert à rien.
 
 
Pascal Décaillet
 
 

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