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Sur le vif - Page 512

  • Ô vous, mère perdue !

     

    Sur le vif - Jeudi 18.04.19 - 12.28h

     

    C'est fou, cette précipitation de tant de belles âmes, suite à l'incendie de Notre Dame, à préciser immédiatement que "cet édifice dépasse le catholicisme", "dépasse la chrétienté", "dépasse la question religieuse", etc.

     

    Non qu'ils aient tort. L'attachement à Notre-Dame frappe en effet par son côté universel, croyants ou non, chrétiens ou non, Français ou non. Il y a là quelque chose de puissant, de patrimonial au sens très affectif. Quelque chose d'irrationnel qui "dépasse" bel et bien la seule dévotion.

     

    Mais pourquoi s'empresser, systématiquement, de le préciser ? Nous savons bien qu'une merveille comme Notre-Dame transcende le seul catholicisme, tout comme le Mur des Lamentations transcende (à mes yeux, qui l'ont contemplé à trois reprises) le seul judaïsme, tout comme la Grande Mosquée des Omeyyades, à Damas (que j'ai eu le privilège de visiter dans mon enfance) transcende le seul Islam. Tout cela, nous le savons.

     

    Mais la précipitation à spécifier. Comme si la "dimension catholique", ou plus largement la "dimension chrétienne" d'une Cathédrale se devait d'être immédiatement relativisée. Comme s'il fallait aussitôt la placer dans un contexte plus large, dans une géométrie plus englobante. En faire la pièce d'une Grande Horlogerie.

     

    Et puis ce mot, "dépasser". Comme s'il fallait, toutes affaires cessantes, prendre de vitesse le phénomène spirituel. Sans tenter, pour le moins, de le considérer dans sa valeur intrinsèque. Dire "Notre-Dame est chrétienne", mais aussitôt passer à autre chose. Surtout ne pas s'attarder sur la nature religieuse de l'édifice. Au mieux, on en tiendra compte pour en décrypter les signes patrimoniaux.

     

    C'est une vision. Je ne suis pas sûr, simplement, que ce fût celle des bâtisseurs. Ni celle des millions d'âmes qui, pendant des siècles, sont venues en ces lieux comme on vient à une mère perdue, et qu'on voudrait tant retrouver.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La pierre angulaire

     

    Sur le vif - Mardi 16.04.19 - 09.28h

     

    J'ignore ce qu'Emmanuel Macron avait prévu de dire à 20h. Mais une chose est certaine : ce qu'il a dit, quelques heures plus tard, devant Notre-Dame, a été exceptionnel de justesse, de sensibilité, de rassemblement. Ces quelques mots, moi qui suis un adversaire acharné de ses choix politiques, m'ont touché droit au cœur. En cette nuit de feu, il a assumé totalement la continuité millénaire de la France. Ça n'était pas Macron qui parlait, c'était le Président.

     

    C'est exactement pour cela, pour des moments d'une telle intensité, que la France a besoin d'un chef d’État très fort. Pour transcender les clivages. Incarner l'unité nationale. Relisez le Discours de Bayeux, prononcé par Charles de Gaulle au début de sa traversée du désert, le 16 juin 1946. Il y définit la nécessité d'un personnage central, qui soit pour l'édifice national une pierre angulaire.

     

    Pierre angulaire : deux mots, exactement, de bâtisseurs de Cathédrale.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Un peu de brioche, et un report du Déluge !

     

    Sur le vif - Samedi 13.04.19 - 18.30h

     

    Macron est un très mauvais Président, mais c'est un excellent instinctif pour remporter une élection. En ce printemps 2019, un seul objectif, pour lui : gagner les européennes. Entendez battre le parti de Mme Le Pen. Toute sa stratégie, toutes ses décisions, s'orientent vers ce but. Car il joue sa survie.

     

    Non qu'en soi, le nombre de députés européens issus du parti de godillots de Macron ait la moindre importance, et le Président le sait parfaitement : c'est un homme intelligent tactiquement. On se dit d'ailleurs que si les "Marcheurs" sont appelés à exercer à Strasbourg la même influence - proche de zéro - qu'ils ont au Palais-Bourbon, où ils ne sont que les portevoix du Prince, le destin de l'Europe n'en sera que modérément marqué.

     

    Mais l'élection européenne de mai est un test de politique intérieure. Si les godillots l'emportent sur les nationaux, le répit de l'Ancien Monde sera prolongé, pour un certain temps. Dans l'hypothèse contraire, des temps difficiles s'annoncent pour le Petit Prince orléaniste de l'Elysée.

     

    L'élection européenne est la seule chose, ces temps, qui intéresse Macron. Et il a raison : il sait que l'enjeu est de taille. Et c'est exactement pour cela, en fonction du calendrier de ce scrutin, que le Président a mis sur pied cette faramineuse rigolade du "grand débat". Pour noyer le poisson !

     

    Face au mouvement des Gilets jaunes, dont émanent deux revendications parfaitement claires et lisibles (justice sociale et démocratie directe), il a répondu, comme nous l'avons déjà souligné ici, par une mise en scène de sa propre personne, en majesté. Il nous brandit deux millions de revendications, alors qu'il en existe deux, depuis six mois, depuis le début du mouvement, lisibles, traçables, totalement perceptibles et compréhensibles.

     

    Les revendications des Français n'intéressent pas ce Président, il vient ces derniers mois d'en administrer une preuve éclatante. Ce qui compte pour lui, c'est se maintenir au pouvoir. Pour y parvenir, il doit absolument remporter les européennes, un scrutin en soi sans importance (qui croit encore en l'Union européenne, qui a jamais cru au Parlement de Strasbourg ?), mais capital pour la politique intérieure française.

     

    Passer le cap de ces élections en battant le parti national, anti-européen, favorable au retour des frontières et à un référendum sur une sortie de la France de l'Union, tel est le seul objectif de Macron. Les Gilets jaunes ne l'intéressent pas. Leurs deux revendications historiques, il s'en contrefout. Son but, c'est de se maintenir à l'Elysée. Un peu de brioche, encore, et un report du Déluge.

     

    Pascal Décaillet