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Sur le vif - Page 513

  • Rappel de mes positions, depuis 30 ans

     

    Sur le vif - Dimanche 26.05.19 - 14.03h

     

    Voici mes engagements éditoriaux de ces trente dernières années (j'aurais pu remonter bien au-delà, et même jusqu'à mon éveil politique, en décembre 1965). Chacun d'entre eux a été défendu oralement, dans des commentaires radio, ou par écrit, dans des journaux. Ou, depuis que cela existe, sur mon blog ou sur ce réseau social :

     

    * 1989 - Très sceptique sur la réunification allemande, si elle doit se résumer à un triomphe du capitalisme et un phagocytage de la DDR par le bloc libéral et atlantiste de l'Ouest.

    * 1990 - Appel à ne pas mépriser les intérêts des Slaves - les Serbes, notamment - dans l'effondrement programmé de la Yougoslavie. Ligne éditoriale maintenue pendant toutes les guerres balkaniques des années 90, puis au-delà. Pendant toutes ces années-là, alors que les événements sont en cours, condamnation de l'OTAN et du rôle de l'Allemagne dans le démembrement de l'ex-Yougoslavie.

    * 1992 - Favorable (eh oui !) à l'Espace économique européen. Il est vrai que j'étais sous influence de l'homme dont je couvrais passionnément la campagne, Jean-Pascal Delamuraz.

    * 1992 - Contre l'Europe de Maastricht. Pour Séguin, contre Mitterrand, dans le fameux débat.

    * 1995 - Pour un Etat palestinien. Je l'étais déjà bien auparavant. Je le suis, plus que jamais.

    * 1999 - Contre les bombardements de la Serbie par les avions de "l'OTAN". Contre la diabolisation des Serbes dans les conflits balkaniques. Contre le rôle des services secrets allemands dans le conflit du Kosovo.

    * 2003 - Dans un retentissant article de la Revue Choisir, "Ma Colère", contre l'expédition américaine en Irak.

    * 2008 - Contre la mise en icône de Barack Obama. Plus tard, contre son Nobel. Pas défavorable à ses percées diplomatiques, notamment Cuba et l'Iran.

    * 2014 - Pour l'initiative du 9 février sur l'immigration de masse, acceptée par le peuple et les cantons.

    * 2015 - Violemment contre la politique migratoire de Mme Merkel. Dès les événements, je souligne les conséquences dévastatrices, dans les années à venir, sur le corps social allemand, notamment en Prusse et en Saxe, dans les Länder de l'ex-DDR (pays que je connais).

    * 2016 - Contre la mise en icône de Mme Clinton, et la diabolisation de M. Trump.

    * 2017 - Contre Macron. Que je perçois et décris, dès la campagne, comme une pure créature des milieux d'affaires cosmopolites.

    * 2019 - Pour le réveil démocratique des peuples d'Europe.

     

    Ce petit rappel, loin d'être exhaustif, parce que je commence à en avoir plus qu'assez d'entendre des confrères ou consœurs, s'arrogeant le droit de parler au nom de tous les journalistes, ou tous les éditorialistes, dire : " Nous n'avons pas vu venir ceci, nous n'avons pas vu venir cela, nous avons tous combattu Trump, etc.". Comme si la corporation formait un blog idéologique monolithique.

    Dans l'espace éditorial, trop facile de se réfugier derrière le "nous", cette socialisation des pertes, lorsque rétrospectivement on se rend compte qu'on a eu tort. Il faut assumer le "je", du début jusqu'à la fin.

    J'invite chacun de mes confrères, ou consœurs, à procéder, eux aussi, à un tel résumé de leurs positions. Juste pour que les choses soient claires, sur la durée.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Deux siècles, un bel âge pour mourir

     

    Sur le vif - Lundi 20.05.19 - 14.20h

     

    Il y a eu, bien sûr, sous Louis XIII, en 1629, le premier journal, avec la Gazette, de Théophraste Renaudot. Mais enfin, c'est aller un peu loin que de faire remonter au temps des Mousquetaires l'avènement du journalisme. Je me suis penché, comme on sait, sur l'Histoire de mon propre métier, notamment le rôle des journaux au moment de l'Affaire Dreyfus, entre 1894 et 1906. Ce fut sans doute, en termes de pénétration et d'influence, leur apogée.

     

    Non, le métier de journaliste ne date pas de Louis XIII, ni même du temps héroïque des pamphlets contre le pouvoir absolu, Louis XV puis Louis XVI, dans les décennies ayant précédé - et annoncé - la Révolution. Il date, plus sérieusement, des années Balzac (qui ne l'épargne pas, notamment dans ses Illusions perdues), puis de la Révolution industrielle, l'essor des rotatives, la possibilité d'investir et capitaliser dans une entreprise de presse. Bref, le dix-neuvième siècle.

     

    Allez, disons que le journalisme, comme métier, commence à poindre au début de la Restauration, après la chute de l'Empire (1815). Ce qui lui donne deux siècles d'existence. C'est moins qu'un vieux chêne, encore moins qu'un séquoia. Mais c'est nettement mieux qu'une vie humaine.

     

    Mourir, mais qui parle de mourir ? Réponse : moi, ici et maintenant. J'ai beau avoir consacré ma jeunesse à la collection frénétique des vieux journaux, en avoir lu des milliers d'exemplaires pour ma Série de 1994 sur l'Affaire Dreyfus, avoir passé toute ma vie professionnelle dans ce magnifique métier, je ne le tiens pas pour éternel. Je le tiens même pour éminemment mortel. Je le tiens même pour bientôt mort.

     

    Il n'a y pas à s'en émouvoir. Ce qui naît, puis vit, est promis à mourir. C'est valable pour un humain. Et aussi pour une profession. Elle correspond à des besoins, épouse les contours d'une époque, vit et palpite avec elle. Et puis, arrive un temps où le besoin n'est plus si pressant. Par exemple, en l'espèce, parce que le métier a totalement perdu - ce qui est une bonne chose - son monopole de la médiation, ainsi en ont voulu les nouvelles techniques de communication. Le journalisme est né d'une technique devenue industrielle (l'imprimerie), il se meurt face à l'avènement d'autres techniques : la mise en réseau, la numérisation.

     

    Il n'y a là rien de grave, c'est la vie. Il n'y a que les journalistes, et leurs corporations, pour gémir à n'en plus finir sur la lente disparition de leur métier. A eux de s'adapter. A eux de se battre, par exemple, pour la liberté d'opinion, en la pratiquant au jour le jour, ce qui peut aisément se faire hors des colonnes des journaux, hors de l'appartenance à une rédaction. La liberté d'expression est universelle, chaque femme et chaque homme y a droit, pas seulement les éditorialistes des journaux.

     

    Le liberté de chercher, gratter, sortir des informations d'intérêt public, est tout aussi universelle. Elle ne saurait en aucun cas être réservée à une seule caste, qui, sous prétexte "d'investigation", aurait, plus que toute citoyenne, tout citoyen, le droit de se renseigner sur autrui. Les seuls qui croient encore à l'exclusivité professionnelle de ce droit (totalement autoproclamé) sont les journalistes eux-mêmes, et leurs corporations.

     

    Je pratiquerai mon métier jusqu'au bout, j'ai en moi la passion. Mais nous tous, les journalistes comme le journalisme, allons mourir, c'est naturel, c'est ainsi. Dans les temps futurs, d'autres postures de médiation naîtront et vivront. Et puis, un jour aussi, mourront. Nous n'aurons tous été que les passagers distraits du réel qui se dérobe. Il n'y a là rien de grave. Nous aurons, chacun de nous, assumé notre mission. Dans la légèreté futile du temps qui passe.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Indépendants, réveillez-vous !

     

    Sur le vif - Dimanche 19.05.19 - 15.17h

     

    A Genève, le message est clair : il va falloir mettre des milliards pour les retraites des fonctionnaires. Le peuple a dit oui aux milliards de la droite et du Conseil d'Etat, il a dit oui aux milliards de la gauche et du MCG. Par la question subsidiaire, il a favorisé cette deuxième solution.

     

    Ces milliards, qui va les payer ? Les contribuables, évidemment ! Les fonctionnaires-contribuables vont payer leur propres retraites. Les employés du privé vont payer, comme contribuables, les retraites des fonctionnaires. Et, élément de loin le plus sensible et le plus révoltant : les petits entrepreneurs, les indépendants, qui doivent financer intégralement leurs retraites, premier et deuxième pilier (s'ils en ont un), vont, en plus de tout ce qu'ils payent déjà à longueur d'année (perte de gain, charges, taxes, etc.), payer encore plus, comme contribuables, pour les retraites des fonctionnaires !

     

    Genève met des milliards pour les retraites de ses fonctionnaires. Pourra-t-elle le financer autrement qu'en augmentant encore des impôts qui étranglent déjà totalement la classe moyenne ? Va-t-elle encore s'en prendre à la fiscalité du travail, en clair ponctionner ceux qui bossent, et parmi eux, saigner ceux qui ont pris le risque économique, ceux qui ont osé entreprendre, et qui se retrouvent les universelles vaches à lait du système ?

     

    Indépendants genevois, petits entrepreneurs, réveillez-vous ! Unissez-vous ! Donnez de la voix ! Il y a la place, à Genève, pour un parti des indépendants, appelez cela du poujadisme mode 1956 si vous voulez, ça m'est parfaitement égal. Puisque les partis de la droite économique ont choisi de cirer les pompes des multinationales et ne s'occupent plus guère des petits entrepreneurs, il y a lieu de créer un nouvel espace politique qui défende l'indépendance économique, l'audace d'entreprendre, le courage de bosser.

     

    Et s'il faut demander un redimensionnement de l'Etat, eh bien nous le demanderons. La classe moyenne, les petits indépendants, les entrepreneurs courageux, ça existe ! Et il va rudement falloir que ça se sache.

     

    Pascal Décaillet