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Sur le vif - Page 254

  • Les allophones ? Mais c'est à eux de faire l'effort !

     
    Sur le vif - Vendredi 10.09.21 - 15.05h
     
     
    Les allophones ? Mais c'est à eux d'aller vers notre langue ! Quand j'étudie le latin, ou le grec, ou l'allemand, je sais que cet apprentissage sera à la fois source de joie profonde et de souffrance. C'est le jeu. C'est le lot du chemin de connaissance. Unterwegs zur Sprache !
     
    La joie profonde : celle de pénétrer lentement, en douceur, sur des années d'apprentissage, la représentation du monde par des mots qui ne sont pas ceux de ma naissance. Mais ceux d'une con-naissance. Alors, pour aller vers cette autre langue, il faut naître une deuxième fois. Et refaire le chemin. Rien que la beauté de cet acte, comparable au premier contact avec la musique, justifie dix mille fois que la vie, sur terre, soit vécue.
     
    La souffrance : mais c'est celle de tout chemin vers la connaissance ! En français, la difficulté majeure provient sans doute de l'orthographe, oui. En latin, pas du tout, mais de la syntaxe, qui exige d'apprécier la construction d'une phrase avant même de tenter de la traduire. En grec, ni l'un ni l'autre, mais la prodigieuse richesse, donc la complexité, des formes verbales. En allemand, la tournure de la phrase, lorsque des génies de la perversité, comme Kafka ou Thomas Mann, vous en balancent qui font une page complète ! Alors on cherche le point, on cherche le verbe, on sue, on jouit de se perdre dans la forêt de ce qu'on aime.
     
    Les allophones ? Je les félicite et les remercie d'aller vers notre langue. Mais désolé, c'est à eux de faire l'effort. La langue, y compris dans ce qu'elle a de complexe, de biscornu, n'a pas à s'abolir pour descendre vers eux. Non, ils ont, eux, à prendre acte des aspérités, et lentement les maîtriser.
     
    Nulle rencontre d'amour, ni de beauté, ne peut procéder d'un abandon. Mais d'une conquête mutuelle, jamais acquise, toujours recommencée. L'aspirant chemine vers la forme. La forme, peut-être, si tel est son bon plaisir, se donne à lui.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Réflexion sur les religions : la RTS abandonne ? GAC continue !

     
    Sur le vif - Mercredi 08.09.21 - 14.18h
     
     
    La RTS renonce à vous parler de religion ? Eh bien, pas GAC !
     
    L'analyse historique, philosophique, linguistique, des grands courants religieux, ceux d'aujourd'hui et ceux d'hier (l'Antiquité, par exemple), nous passionne. Plus que jamais, nous donnerons la parole à ceux qui, dans ce domaine, ont des choses à dire. Non comme propagandistes d'une quelconque foi. Mais comme connaisseurs. En toutes choses, la profondeur d'un savoir, la capacité d'établir des connexions, la puissance d'une mise en perspective historique, sont les clefs du salut. Nous ne défendons pas ici la religion, mais le SAVOIR, tout simplement. Nous sommes enfants de la connaissance, nous assumons cette filiation.
     
    Dernier exemple en date : le lumineux Pasteur Marc Pernot, un homme qui nous parle de nous, notre présent, notre destin, était avant-hier, lundi, le grand invité de GAC. Il nous parlait, en termes simples et parfaitement accessibles, des mythes bibliques. En quoi, selon lui, ces textes antiques résonnent encore puissamment dans nos âmes. Et au fond, en quoi ils nous concernent.
     
    La RTS renonce à faire son boulot dans ce domaine, qui relève de la science de l'Histoire des religions, du factuel, de l'interprétation des textes, donc de la connaissance intime de la langue, et non d'un quelconque prosélytisme. Libre à elle, chacun assume ses choix. Celui de GAC est de continuer d'accueillir des interlocuteurs, tous horizons confondus, toutes convictions mêlées, qui ont des choses à dire sur le sujet. Ouvrir le champ de la parole. C'est un peu l'idée - mais je suis profane en la matière - de ce qu'on appelle le journalisme.
     
     
    Pascal Décaillet

  • La vie. La vraie vie.

     
     
    Sur le vif - Mardi 07.09.21 - 12.44h
     
     
    Il y avait hier soir le Messie de Haendel, sur Mezzo, dans une très belle version, à la Chapelle Royale de Versailles. Avec notamment la soprano Sandrine Piau parmi les solistes, et Hervé Niquet à la direction.
     
    Le Messie fonctionne auprès de moi exactement comme la Walkyrie, les Noces, et quelques dizaines d'autres chefs d’œuvre, de Beethoven à Bartók, en passant par Richard Strauss, Sibelius, et tant d'autres. C'est toujours la même chose : comme je les connais par coeur depuis des décennies, je me dis que je vais juste regarder le début, pour me faire une idée de l'interprétation. Et puis, au lit !
     
    Las ! Deux heures plus tard, ou trois, ou quatre, bref au moment de la note ultime et des applaudissements, je suis toujours là, scotché. Pendant toutes ces heures, j'étais ailleurs. Non dans une fuite, surtout pas. Mais au coeur de la présence la plus vive, la plus centrale, la plus éveillée. Au coeur du monde.
     
    Quand j'écoute les derniers Quatuors de Beethoven, ou Brahms, ou Mahler, c'est l'intensité de ma propre vie qui se décuple. Toute fatigue dissipée, abolie, place à l'hyper-lucidité, dans l'immobilité d'un canapé. La vraie vie est là.
     
    Ces oeuvres, vous ne les consommez pas, quel horrible mot d'ailleurs. Non, ce sont elles qui vous dévorent. Et cette voracité, loin de vous anéantir, a paradoxalement le miracle de vous régénérer.
     
    La vie, la vraie vie.
     
     
    Pascal Décaillet