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Sur le vif - Page 146

  • Député ou agitateur : il faut choisir

     
    Sur le vif - Jeudi 13.10.22 - 09.21h
     
     
    Un député de la République qui s’en va faire le piquet de grève est un homme qui n’a strictement rien compris à sa fonction.
     
    Un député se bat par l’échange d’arguments. Son arène : le Parlement. Dans cette enceinte, il doit tout pouvoir dire, à commencer par ce qui dérange les puissants. Cette fonction critique devrait, à Genève, s’exercer avec beaucoup plus d’acuité. Trop de députés sont les groupies de leur magistrat.
     
    Un député fait les lois. Le corps des citoyens peut certes les défaire par référendum, mais c’est rare.
     
    Un député respecte l’ordre institutionnel, celui que sa Chambre a elle-même tissé, au fil des décennies.
     
    La rue, les « actions » de désordre public, l’occupation massive de la chaussée, ça n’est pas, ça ne doit pas être le théâtre d’opérations d’un député. Ni son horizon d’attente. Ni son langage.
     
    Pour ceux qui ont fait du grec, la rue c’est le pléthos, la foule qui vocifère. Le député, c’est le démos. L’organisation de la Cité par la voie du vote. Celui des citoyens. Celui de leurs représentants. Bref, la civilisation.
     
    Député, c’est une fonction. Agitateur de Soviets locaux, à la façon bavaroise de 1918/1919, c’en est une autre.
     
    Les députés devraient lire l’Histoire, jour après jour, de la Révolution allemande, du 9 novembre 1918 (avant-veille de l’Armistice), jusqu’en 1923. Dans ces Allemagnes dévastées par les factions extrêmes, les combats dantesques entre Spartakistes et Corps-francs, manquait juste la dimension supérieure d’un État.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Constitutionnelle ? Et alors !

     
    Sur le vif - Mercredi 12.10.22 - 15.32h
     
     
    De toute ma vie, je n'ai jamais aimé lorsque une certaine droite, lâche et capitularde, interpellée sur une grève, se contente de répondre "Que voulez-vous, c'est un droit constitutionnel.".
     
    Désolé, ça n'est pas une réponse. La grève est un droit, OK. Mais est-elle opportune ? Est-elle décente, par rapport à d'autres catégories de population, moins favorisées ? Dans le cas d'une grève de fonctionnaires, à Genève, ces questions-là sont éminemment pertinentes. Faut-il rappeler ici l'angoisse perpétuelle qui mine les indépendants, privés de toute protection ? Faut-il rappeler le statut de tant d'employés du privé, qui peuvent gicler à tout moment ?
     
    Et puis, il y a le principe de manifestation. Là aussi, les lâches et les capitulards nous rappellent, résignés, l'ordre constitutionnel. Mais ce dernier se heurte méchamment à d'autres libertés fondamentales : celle de circuler librement, par exemple, sans se faire bloquer par des énergumènes. Sans compter la loi, si souvent bafouée : sécurité des personnes et des biens, protection du patrimoine, droits de propriété, etc.
     
    Alors, désolé ! Quand on a un minimum de courage politique, à droite, on ne se contente pas de prendre acte d'une grève, en affichant benoîtement son impuissance. Non, non et non ! On a le droit de s'y opposer. Le droit de la condamner publiquement. Le droit de dire à quel point elle est indécente, par rapport à d'autres catégories de travailleurs, tellement moins protégés. Le droit d'exiger des réparations, en cas de déprédations. Le droit de connaître le nom de ceux qui portent la responsabilité juridique. Le droit de les attaquer en justice. Pour qu'ils réparent, jusqu'au dernier centime.
     
    Seulement voilà. Les grèves, les manifestations, l'occupation parfois illégale de l'espace public ont acquis, à Genève, au fil des décennies, une quasi-impunité. La droite, pourtant majoritaire dans la représentation politique législative, fait le dos rond. Elle attend que ça se passe.
     
    Et, pour les fonctionnaires, une majorité du Grand Conseil, à l'approche de Noël, finit par céder. C'est mécanique.
     
    La gauche, elle, se frotte les mains. Rumine déjà sa prochaine grève. Et prépare sa victoire pour avril 2023. Elle l'aura méritée, face à une droite qui n'ose même plus se battre.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Esclaves du fait accompli

     
    Sur le vif - Mardi 11.10.22 - 16.14h
     
     
     
    La presse n'ose plus rien contredire. Elle se contente de prendre acte. Esclave du fait accompli.
     
    Fonction publique en grève. Hurluberlus qui se collent au bitume. Ceux qui dégrafent. Ceux qui dégrapent. Ceux qui dérapent. Ceux qui dépradent. Ceux qui dégradent. On laisse faire, on invente des verbes. On invite des sociologues. Des chercheurs en sciences sociales de l'Université de Lausanne. Nulle condamnation. Nulle indignation. Ils ont leurs raisons, ceux qui font ça. La religion supérieure, celle du Climat. Ultérieure à notre ordre légal. Céleste.
     
    Deux hallucinées se collent au goudron, à Berne, bloquent tout. On les qualifie "d'expertes du climat". Non, désolé : ce sont des délinquantes, tout simplement. Nous avons un ordre légal, un Etat de droit, il s'agit de les respecter. Celui qui les enfreint n'est pas un "expert du climat", et peu importerait qu'il soit docteur en théologie, ou même Prix Nobel. Si on parle de lui, en l'occurrence, c'est qu'il a transgressé la loi. Il est donc un délinquant. Sa place est devant les juges, en instances qu'on espère les plus rapides possibles.
     
    Mais les juges eux-mêmes n'osent plus ! Ils se dégonflent. Ils acquittent. Il faut les corriger, en instance d'appel. Ils ont la trouille. Tout le monde a peur. De quoi ? De la doxa ambiante. Surtout, ne pas déplaire.
     
    Et la presse, c'est la même chose. Personne pour condamner franchement. Personne pour gueuler un bon coup. Non, juste laisser passer la vague. Raser les murs. Baisser la tête. Est-cela, le courage éditorial ?
     
     
    Pascal Décaillet