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Commentaires GHI - Page 33

  • Non à l'Etat fouineur des socialistes !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.05.24

     

    Plafonner à 10% du revenu le montant des primes d’assurance maladie. C’est ce que nous proposent les socialistes, dans le train de votations fédérales du 9 juin prochain. Le libellé est clair, c’est une vertu : une initiative doit être immédiatement compréhensible, elle l’est. L’ambition est louable : le coût des primes est le souci numéro un de nos compatriotes, et plus globalement le pouvoir d’achat. Les chances de gagner, devant le peuple et les cantons, sont bien réelles. D’ailleurs, l’initiative est donnée victorieuse dans les sondages, mais de cela, il faut se méfier : seule compte la dernière ligne droite. Et puis, il y a le poids des cantons, la puissance de feu d’une Suisse alémanique peu portée sur les solutions globales, et d’autres facteurs plus telluriques qu’on aurait tort de sous-estimer. Dernier point positif : c’est une initiative, justement, et quand un domaine est totalement bloqué par l’inertie de Berne, l’appel au peuple est salutaire. Vous connaissez mon attachement viscéral à la démocratie directe.

     

    Pour autant, je ne voterai pas ce texte. En matière d’assurances sociales, on l’a vu avec la 13ème rente AVS, que j’ai vigoureusement soutenue, je partage bien des valeurs avec la gauche, surtout l’aile sociale historique du PS, celle du socialiste bâlois Hans-Peter Tschudi, qui mena à lui seul, tambour battant, trois révisions complètes de l’AVS, entre 1959 et 1973. Et le libéralisme n’est pas ma tasse de thé. Mais il y a, dans l’esprit du texte, quelque chose qui ne passe pas. Au nom de quoi le citoyen devrait-il produire à un quelconque tiers le montant de son revenu, établi sur sa feuille d’impôts ? Cette dernière est strictement confidentielle, elle ne regarde que le contribuable et le fisc de son canton. Que l’intéressé choisisse librement de la produire, c’est une chose. Mais généraliser cela sur l’ensemble des contribuables est une hérésie. Pourquoi devrions-nous faire connaître nos documents fiscaux à un assureur privé ? A cela, avec la dernière énergie, je dis non.

     

    Et puis, désolé, il y a quand même, dans ce texte, un relent de haine des riches. Les assurés à la LAMal (loi sur l’assurance maladie, obligatoire) reçoivent tous les mêmes prestations, en fonction d’un « catalogue » établi avec une précision d’horloger. Pourquoi le haut revenu (donc, celui qui gagne bien sa vie) devrait-il être désavantagé, à prestations égales, avec le revenu modeste ? Une part immense de la population touche déjà des aides pour payer son assurance maladie, financées par les contribuables. À ce correctif, il faudrait encore en ajouter un autre, en introduisant l’œil public dans les feuilles d’impôts des citoyens ! À ce stade, ça n’est plus de la redistribution, ça commence méchamment à ressembler à un Etat fouineur. Citoyen libre de ce pays, entrepreneur, contribuable, je dis NON, NON et NON.

     

    Bref, autant le texte sur la 13ème rente était rassembleur, autant celui-ci est sectaire : il a tous les défauts du socialisme vengeur. Il divise les Suisses. Je dis NON. Et je ne serai pas le seul.

     

    Pascal Décaillet

  • Reconquista

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.05.24

     

    Depuis le paléolithique supérieur, la gauche domine la Ville de Genève. Notamment le Conseil administratif (exécutif), avec ce quatuor de gauche (sur cinq), en place depuis si longtemps qu’il y semble de droit divin, intouchable.

     

    Eh bien, non ! En politique, rien n’est acquis pour l’éternité. Si la gauche a le pouvoir depuis si longtemps, c’est qu’elle s’est donné les instruments pour cela : réseaux, organisation, discipline de vote au moment des élections, connaissance du terrain. Ce sont là de vraies qualités politiques, il faut le reconnaître.

     

    Alors, la Reconquista de droite ? Pour le printemps 2025, ou pour les calendes grecques ? Rien n’est joué. La droite a des atouts, à commencer par d’excellents candidats (à la candidature), comme Natacha Buffet-Desfayes, brillante députée, et Pierre de Boccard pour le PLR, Alexandre Chevalier pour l’UDC. Liste non-exhaustive : la droite municipale ne manque pas de jeunes talents. Nous citerons les autres dans les semaines qui viennent.

     

    Reste l’essentiel : la droite, pour quelle politique ? Quelle cohérence ? Quelles vertus, qui feraient défaut à la gauche ? Quelle vision, pour Genève ? Surtout, quelle stratégie d’ensemble ? Quelle garantie de cohésion dans les rangs, force de la gauche, faiblesse légendaire de la droite ? Le ballet des candidatures, c’est bien. La puissance d’une cohérence commune, c’est une autre paire de manches. Cette campagne sera passionnante.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La presse romande et la candeur des Immaculés

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.05.24

     

     

    La presse romande et la candeur des Immaculés

     

    La presse, en Suisse romande, se meurt. Elle n’en peut plus d’expirer, reléguant le trépas d’Henriette d’Angleterre, en comparaison, oui la célèbre « Madame », de Bossuet, dans sa saisissante Oraison funèbre (1670), au statut de péripétie. Elle se meurt, notre presse, avec la douce, la patiente, la perverse lenteur d’un poison chez Mauriac, cette mort voulue, interne à la famille, inéluctable, mais à qui on donne le temps. Elle meurt, comme on vit en Suisse : en acceptant son destin, mais sans se presser. Elle meurt, se voit mourir, n’en peut plus de commenter elle-même son propre chemin de mort, elle est à la fois l’Aigle de Meaux et la cousine germaine du Roi. Elle se meurt, la presse de ce pays, et prend une singulière félicité, non à tenter de combattre le mal, mais à le commenter. Elle serait, en 1715, à la fois Louis XIV dans ses derniers jours, et le génial Saint-Simon chroniquant à vif le long calvaire du Roi-Soleil, les intrigues dans un Versailles bruissant de complots. Elle se meurt, se figure déjà en gisant de marbre, tient elle-même le journal de ses heures ultimes. Fantastique double posture, schizophrénie entre l’irréparable et le babil.

     

    Elle se meurt, hélas, dans le déni recommencé des vraies causes de son mal. Elle accuse les autres. Elle n’en finit pas, par exemple, d’accabler les réseaux sociaux. Ils seraient la cause de tous les maux : légers, superficiels, pépinières de fausses informations, chambres d’échos de toutes les vilenies de nos âmes, jalousie, règlements de comptes, délations. Si la presse meurt, ce serait à cause d’eux, les intrus, les salopards, capteurs de toutes les attentions, bouffeurs de temps. Contre eux, elle exige contrôle d’Etat, réglementation, il faudrait légiférer, sanctionner, interdire. Il y en a donc encore, dans notre vieille presse bientôt défunte, à s’imaginer qu’avec l’aide de l’Etat, on pourrait éradiquer ces réseaux si concurrents, si détestés. Et le public repenti reviendrait, en chemise et pieds nus, vers cette bonne vieille presse papier, avec ses « articles de fond », ses « analyses pondérées », ses « infos vérifiées », oui ce journal pour lequel on chausse pantoufles pour le déplier dans un fauteuil, chez soi, le soir, après le turbin. Un doigt de porto, et c’est la vie qui recommence. Quelle vie ? Celle d’avant. Celle de Balzac. Celle de Lucien de Rubempré : celle des Illusions perdues.

     

     

     

    La presse romande se meurt, en omettant son propre examen de conscience. Ses principaux artisans, les journalistes, ne seraient pour rien dans ce chemin de croix. Ils feraient tout juste. Seul responsable : le public, dévoyé par le diable, qui aurait inventé les réseaux sociaux pour corrompre le lecteur. Coupable de haute trahison : se détourner de la « presse de qualité », porteuse de morale, pour aller s’encanailler sous des cieux interdits. Oui, elle pense comme cela, la presse romande. Elle sera une belle défunte. Innocente. Elle aura, en son heure dernière, la candeur souriante des Immaculés.

     

    Pascal Décaillet