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Commentaires GHI - Page 30

  • Le peuple doit prendre le pouvoir !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 13.03.24

     

    Le dimanche 3 mars 2024 restera dans nos livres d’Histoire suisse. D’abord, pour le geste de solidarité aux aînés de ce pays. Mais aussi, par le succès extraordinaire, contre toute l’officialité bernoise, contre le grand patronat, de ce petit miracle qui s’appelle la démocratie directe. Le droit d’initiative, plus encore que le référendum, est le fleuron de notre système suisse. Le référendum se définit encore, certes en l’attaquant, par une loi parlementaire. L’initiative, au contraire, oublie le Parlement. Un tout petit groupe d’hommes et de femmes hyper-motivés, au départ, constituent un comité, rédigent un texte, le soumettent à la récolte d’au moins cent mille signatures dans le pays, puis font campagne. Enfin, un beau dimanche, le verdict du peuple et des cantons tombe. Le monde entier peut nous envier ce fonctionnement. Il permet au peuple de se lancer un défi à lui-même, en jouant à saute-moutons par-dessus les élus.

     

    Quand je dis « le peuple », il faut entendre ce que la langue grecque appelle le « démos » : ceux qui votent. Les citoyennes et citoyens qui constituent le cercle électoral. La langue grecque, plus riche que la nôtre, dispose d’autres mots pour définir le peuple quand il hurle dans la rue, par exemple. En Suisse, le peuple votant n’est pas une masse de rue : il est, au même titre que les Parlements, les exécutifs, une institution. Il est même l’arbitre suprême : par l’initiative, peuple et cantons donnent l’ordre aux autorité fédérales de mettre en œuvre une décision du souverain. Dans le cas de la 13ème rente, le Conseil fédéral et les Chambres ont sacrément intérêt à ne pas faire les malins, temporiser, dénaturer, comme ils l’ont fait pour l’initiative du 9 février 2014, sur l’immigration de masse. Toute tentative dans ce sens se heurterait à une levée immédiate de la Matze.

     

    En lançant une initiative claire, compréhensible par tous, répondant aux besoins criants d’une importante partie de notre population, la gauche et les syndicats ont réussi un coup de maître. D’innombrables voix de droite leur ont permis d’emporter la majorité, le thème était rassembleur, ce dimanche 3 mars fut joyeux, nous nous en souviendrons toutes nos vies. Contrairement à ce que vous serinent les acariâtres et les pisse-vinaigres des corps intermédiaires, sans compter les profs de droit qui prétendent encadrer le débat citoyen, je dis, moi, haut et fort, que les textes politiques doivent être simplifiés. Ils doivent être courts, clairs, parler à tous, concerner les vrais problèmes des gens, et vous verrez la participation grimper !

     

    Alors, nous tous, hommes et femmes de ce pays, soyons citoyens ! Sur les grands sujets, les lames de fond de notre Contrat social, lançons des initiatives. Depuis 1891, nous avons ce droit, il ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. Et, si le peuple les accepte, exigeons férocement une mise en œuvre de la volonté suprême. Sinon, on s’énerve. Excellente semaine !

     

    Pascal Décaillet 

  • Marre des manifs !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.03.24

     

    Les beaux jours arrivent, et avec eux les innombrables samedis de manifs, à Genève. Presque plus un week-end sans un rassemblement, un défilé, dans les rues de la ville. Et ces communiqués, deux jours avant, pour nous avertir que tel quartier sera « totalement fermé à la circulation ». Comme si c’était une fatalité ! Comme si les autorités n’avaient aucune marge de manœuvre pour décider du lieu, du tracé. Comme s’il était acquis que des dizaines de milliers de Genevois se fassent proprement emmerder par des militants, derrière des banderoles.

     

    On nous dit « Le droit de manifester est constitutionnel ». Je veux bien. Mais pas le droit au tracé ! Pas le droit au trajet ! Pas le droit de boucher systématiquement les mêmes rues, week-end après week-end ! L’écrasante majorité des gens, à Genève, ne manifestent jamais. La semaine, ils se lèvent tôt, pour aller bosser. Le samedi, ils sont heureux d’aller faire leurs courses, et ils ont le droit absolu, sans avoir à se sentir un seul instant coupables, de les faire en voiture. A Genève, le libre choix du mode de transport est constitutionnel, tiens justement.

     

    Pourquoi les autorités se laissent-elles toujours imposer les tracés par les éternels collectifs, toujours les mêmes ? Ont-elles peur, pour leur popularité ? Eh bien leur trouille, elle s’exerce au détriment des braves gens, qui n’ont qu’une envie, sur la chaussée qu’ils financent : circuler !

     

    Pascal Décaillet

  • Le printemps des peuples, c'est maintenant !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.03.24

     

    Le printemps des peuples : quelle belle expression ! Elle désigne, notamment, l’extraordinaire année que fut en Europe 1848. Chute de Louis-Philippe en France, de Metternich en Autriche, effervescence dans les Allemagnes pas encore unifiées, réveil en Italie. Partout, les têtes couronnées tombent, c’est la continuation de 1793. Dans ce maelstrom, un petit pays, tout au centre de l’Europe, quatre langues, deux grandes religions, se dote d’un Etat fédéral. Ce petit pays, c’est la Suisse, minuscule par sa taille, immense par ce que deviendront, au fil des années, ses institutions.

     

    Depuis 1848, la Suisse moderne se dote du droit de référendum facultatif (1874), puis d’initiative (1891), puis d’un système proportionnel (1919). Elle intègre toutes les grandes forces politiques dans son gouvernement fédéral, et dans les exécutifs cantonaux. Surtout, elle se dote progressivement d’un tissu d’assurances sociales que le monde peut lui envier. A commencer par l’AVS, en 1947. Cette Suisse des 175 dernières années, nous avons à en être fiers ! Elle a transformé une Confédération d’Etats en un Etat fédéral. Pour ma part, c’est cette Suisse-là, récente au fond, dont l’Histoire me passionne.

     

    La Suisse n’est pas membre de l’Union européenne. Elle discute, négocie, avec les Vingt-Sept, c’est difficile, laborieux, parfois chaotique. C’est le dialogue de David avec Goliath. Elle n’est pas membre, mais elle aime profondément les peuples d’Europe. Elle aime les langues de notre continent, le grec, l’italien, l’allemand. Elle aime l’Histoire de l’Europe, dont elle a partagé toutes les grandes secousses : Empire romain, Féodalité, Réforme, Contre-Réforme, Guerre de Trente Ans, Traités de Westphalie (1648), Lumières, Révolution française, Restauration, Réveil des Peuples (1848), Kulturkampf, aventure industrielle. La Suisse n’est pas dans la machinerie de l’Union, mais elle, est, jusqu’au fond des entrailles, un peuple d’Europe, ami des autres peuples européens.

     

    Le 9 juin prochain, nos amis des 27 pays de l’Union voteront. Formellement, ils enverront des députés à Strasbourg, mais l’essentiel n’est pas là. Ce que tout le monde attend, c’est le réveil des peuples contre la pesanteur des technocraties. S’affranchir de la machine. Laisser poindre les voix. Prendre en mains son destin. Je n’appelle pas mes voisins à copier le modèle suisse de démocratie directe : à chaque peuple, son Histoire, ses mécanismes, ses rapports avec le pouvoir. Copier, non, mais peut-être, s’ils le souhaitent, s’en inspirer, chacun selon son génie propre. Depuis le temps que nos voisins français articulent leur expression de « référendum d’initiative populaire », en gros quelque chose qui ressemblerait au modèle suisse, on a envie de leur dire « Mais allez-y, faites-le, arrêtez de vous triturer les méninges, foncez ! Refaites-la, votre Révolution ! Reprenez-les, vos Bastilles ! ».

     

    Mais nous ne le leur dirons pas. Car chaque nation est libre, souveraine. Et nul prosélytisme n’est bienvenu. Excellente semaine à tous !

     

    Pascal Décaillet