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Commentaires GHI - Page 219

  • Indignation sélective

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.09.14

     

    J’ai toujours, depuis de longues années, soutenu le peuple palestinien. Toujours, j’ai dit et écrit qu’il devait avoir un Etat à lui. Un Etat ! Et non une simple autonomie administrative dans le cadre d’une occupation qui date de 1967. Mais toujours, disant cela, j’ai ajouté qu’un autre Etat, Israël, devait voir reconnu son droit total à l’existence. Et que les enfants de ce pays devaient aller à l’école sans que le bus scolaire ne risque une explosion par attentat. En clair, comme l’immensité de mes compatriotes suisses, je plaide pour une paix durable, fondée sur la dignité de deux Etats souverains. Mes nombreux voyages au Proche Orient m’ont convaincu de cette position.

     

    Solidaires avec la Palestine, oui. Surtout au moment où les populations civiles de Gaza font les frais d’une riposte disproportionnée d’Israël. Solidaires, mais dans l’équilibre et, non dans l’unilatéralisme. A cet égard, au moment où plusieurs centaines d’artistes et d’intellectuels suisses envoient au Conseil fédéral (ce mardi 23 septembre) un appel de solidarité avec les Palestiniens, on a quand même envie de leur dire que leur indignation a tendance à toujours aller dans le même sens. Certains d’entre eux – pas tous – déploient contre Israël, oui contre Israël même et pas seulement contre la disproportion militaire, une haine farouche, qu’ils peinent à dissimuler. On aimerait aussi les entendre, ces voix indignées, lorsque des populations civiles israéliennes tombent dans des attentats. Ces jours-là, hélas, ils sont bien silencieux.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Citoyens, cultivez-vous !

     

    Commentaire publié dans GHI - 17.09.14

     

    Les politiques sont-ils tous des menteurs ? Non, assurément ! J’affirme même ici que l’écrasante majorité d’entre eux, tous partis confondus, sont des gens sincères, intéressés avant tout par le bien public, généreux de leur temps et de leur engagement. Pour autant, faut-il les croire ? Là, la réponse est beaucoup plus nuancée. Non qu’ils travestissent à dessein la réalité, mais pour une raison simple : l’essence même du discours politique, qui est de convaincre sur un programme et surtout sur le choix d’une personne, ne vise évidemment pas la recherche de la vérité. Mais la séduction d’un moment. La parole politique se rapproche donc davantage du message publicitaire.

     

    Cela n’a rien de grave. Il suffit de le savoir. Et, toujours, de décortiquer, décrypter, mettre en perspective, défricher le champ des intérêts réels, pour ne pas être le jouet du discours. Cela implique, de la part des citoyens, une volonté critique, une posture d’analyse du langage, mais aussi la connaissance la plus profonde possible de l’Histoire, des antécédents, des modèles. Plus le citoyen s’informe, plus il approfondit sa culture politique et historique, plus il s’intéresse au choix des mots, mieux il sera armé pour forger, en toute indépendance des pressions, ses outils de décision politique. Ce travail-là ne s’exerce pas contre les partis, qui sont indispensables en démocratie, encore moins contre le personnel politique, mais en faveur de l’énergie citoyenne, celle qui vient d’en bas, se veut lucide et critique, et non moutonnière. En Suisse plus que partout, cette acuité doit être encouragée, puisque le suffrage universel est constamment appelé à trancher les grands débats.

     

    Les politiques, il faut les juger non sur leurs paroles, mais sur leurs actes. Un exemple : le 18 juin 1954, Pierre Mendès France, désigné par l’Assemblée pour former un gouvernement, se donne un mois, pas un jour de plus, pour résoudre la crise indochinoise, le contingent français s’étant laissé encercler dans la cuvette de Dien Bien Phu. Un mois plus tard, exactement, il décroche les Accords de Genève. La légende, parfaitement méritée, pouvait naître, celle d’un homme, tiens pour une fois, qui tient ses promesses. Mais pour un Mendès France, combien de beaux parleurs ? Pour un André Chavanne, qui a révolutionné l’Ecole genevoise en l’adaptant aux exigences de la modernité, pour un Tschudi qui a fait accomplir, en 14 ans, des pas de géants à nos assurances sociales, combien de charlatans du verbe, juste préoccupés par l’élection, la réélection, si ce n’est la rente. Juste soucieux du réseau, cette savante toile d’araignée dans laquelle il faut se trouver, à Genève, pour exister, et où gravitent toujours les mêmes, se tutoyant comme dans un club, échangeant postes et prébendes, en cercle fermé. Exemple : le tout petit réservoir d’hommes dans lequel on puise lorsqu’il s’agit de renouveler les têtes des grandes régies publiques.

     

    Citoyens, cultivez-vous ! Lisez des centaines de livres d’Histoire. Intéressez-vous au langage, lisez Saussure, aiguisez votre sens critique. Mieux vous serez armés, mieux se portera la République.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Plaidoyer pour l'allemand

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    Commentaire publié dans GHI - 10.09.14
     

     

    Bien sûr, l’anglais est utile, qui le nierait ? C’est une langue véhiculaire, planétaire, facile pour les échanges et le commerce. L’anglais est d’ailleurs aussi une langue de haute tenue littéraire, mais bizarrement ses partisans, tout à la louange de l’affairisme aisé, ne brandissent jamais ces qualités.


     
    Je n’entends pas ici m’attaquer à l’anglais, ni jouer une langue contre une autre. Je dis simplement qu’en Suisse, nous avons des langues nationales, parmi lesquelles trois de nos plus importants parlers continentaux : le français, l’allemand, l’italien.


     
    L’italien, l’allemand, pour un Suisse, ne relèvent pas de l’exotisme : ces langues, ces cultures font partie de notre patrimoine national. Leur montrer de la défiance, en prônant le primat de la langue du commerce, c’est mépriser ce que nous sommes, ce qui nous constitue, dans l’Histoire et dans le présent.


     
    Pour ma part, l’allemand et sa littérature sont toujours venus avant toute autre chose. Une langue d’exception, chantante et complexe, taillée à la fois pour la démonstration cérébrale (la langue de Kant), pour le théâtre (Brecht) et pour la plus raffinée des poésies (Hölderlin, Celan).
     


    Au cœur, au plus brûlant de ce notre débat d’été sur les langues en Suisse, j’avais juste envie de crier cela, qui est de l’ordre de la culture et de l’élévation : allez vers l’allemand, allez vers l’italien. Jamais vous ne le regretterez.


     
    Pascal Décaillet