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Commentaires GHI - Page 221

  • Listes de traverse : une honte pour la démocratie

     

    Commentaire publié dans GHI - 03.07.13

     

    On les appelle les « listes de traverse ». Des listes électorales totalement bidon, juste pour faire apparaître plusieurs fois les noms des candidats. A en juger par les listes annoncées le 1er juillet par la Chancellerie, les partis en ont fait cette année, pour le Conseil d’Etat, un usage éhonté. Une véritable parodie de démocratie.

     

    Quelques exemples. Pour accroître leur visibilité, les deux candidats Verts ont inventé, en plus de la liste de leur parti, une liste no 11 « Suisses de la région » (comprenne qui pourra), une liste no 12 « Egalité homme-femme » (thème dont les Verts n’ont nullement le monopole), et, sommet du surréalisme, une liste no 24 « Les Habitant-e-s de Vernier, Lancy, Meyrin, Carouge et Onex ». Depuis quand joue-t-on cinq communes contre les quarante autres, comme argument dans une élection sur l’ensemble du canton ?

     

    Côté Entente (PLR-PDC), guère mieux, avec une liste 15 « Loger nos enfants », une 16 « L’action pour la sécurité », une 20 « Un emploi pour tous », une 21 « Ceux qui agissent ». Pas mieux chez les quatre candidats socialistes, devenus spécialistes pour refuser le « diktat des assurances maladie » (liste 17), pour la « défense des aînés (liste 18) ou « pour créer de l’emploi » (liste 19).

     

    Fumisterie que cette pollution des listes. Citoyens, n’en soyons pas dupes.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Socialisme et PME : pourquoi pas !

     

    Commentaire publié dans le GHI - Mercredi 19.06.13

     

    Les socialistes s’intéressent au PME ! Ils l’ont fait savoir haut et fort lundi 17 juin, en présence de leur président, Romain de Sainte Marie, et de leurs quatre candidats au Conseil d’Etat. Le signal n’est pas banal : le moins qu’on puisse dire est que le sort des petites et moyennes entreprises n’a pas, jusqu’ici, torréfié de passion le socialisme. Pendant des décennies, on a entretenu la flamme de l’idéologie ouvrière, les grands bassins miniers de Lorraine ou du Nord, le Front populaire ; en Suisse, la Grève générale de 1918, la lente conquête des acquis sociaux. Bref, une magnifique mythologie, mais toujours grégaire, toujours avec une masse de monde, dans les rues si possible, comme chez Zola.

     

    La PME, ou même la TPE (Toute Petite Entreprise), c’est un autre monde, un autre état d’esprit. Tout part de l’entrepreneur. Un homme ou une femme tout seul, au début, qui un jour se lance à l’eau, ose assumer le risque économique, acquiert des locaux, investit dans du matériel, engage des collaborateurs. J’en parle en connaissance de cause : j’ai exactement entamé, il y a sept ans, ce chemin-là. Dire qu’il est parsemé d’embûches relève de l’euphémisme : tout, autour de vous, concourt à ce que vous vous plantiez. Assurances sociales, fiscalité, TVA, paperasseries, comptabilité, toutes choses que vous faites en plus de l’activité naturelle de votre boîte.

     

    Les socialistes, aussi éclairés soient-ils, peuvent-ils vraiment comprendre ce monde-là ? On peut en douter. En même temps, il est stimulant, pour un petit entrepreneur, de voir que d’autres partis que ceux de droite commencent à s’intéresser à son univers, et franchement la démarche socialiste est la bienvenue. Les patrons de PME sont loin d’être tous des rupins qui roulent sur l’or, beaucoup d’entre eux ont une vision et une ambition sociales, et c’est pour cela qu’ils se battent pour l’emploi. Nombre d’entre eux sont farouchement indépendants dans leur prise de décision professionnelle, mais, comme citoyens, reconnaissent la nécessité d’un Etat fort, redistributeur, et pourquoi pas fraternel. En clair, on peut être patron de PME sans nécessairement être tétanisé par le dogme libéral. Cela, les socialistes l’ont compris. Reste à trouver un langage commun entre le leur et celui des petits patrons. L’enjeu est passionnant. Peut-être l’une des clefs de la législature 2013-2018.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Pays réel, pays des songes

     

    Commentaire publié dans GHI - 29.05.13


     

    1814, 1815 : il y aura bientôt deux cents ans, Genève devenait canton suisse, et entrait dans la Confédération. Déjà, de partout, ça commence à phosphorer pour marquer l’événement. Très bien. Mais qu’il soit juste permis ici d’élaborer un souhait : que toute cette commémoration soit quelque chose de vivant ! L’occasion d’une réflexion sur notre double identité : celle d’habitants de Genève, et de citoyens suisses. Deux natures qui, loin de se combattre, se complètent et se superposent. C’est le miracle de notre pays : Valaisan de Genève, je suis aussi citoyen suisse. Chacun de nous peut allègrement cumuler trois ou quatre de ces reconnaissances, sans se dédire, ni s’abjurer. Nos amis étrangers, sans être suisses, peuvent à coup sûr s’associer à cette réflexion. Genève est une ville ouverte, un canton d’accueil et de partage.


     
    Je rêve d’une commémoration qui soit autre chose que les gentils défilés confédéraux de 1964, dont je garde un vague souvenir. Il n’y aurait même aucun défilé, ça m’irait très bien. Mais des livres, des émissions, des échanges, des engueulades sur notre degré d’Helvétitude. Je rêve de quelque chose d’à la fois très élitaire et très populaire, ces deux notions se rejoignent d’ailleurs beaucoup plus qu’on ne l’imagine. J’espère vivement qu’on ne joue pas le gentil canton suisse invitant d’autres gentils Suisses dans des gentils pavillons. Mais posons nos différences. Crions-le, ce pays, au lieu de n’en murmurer le désir que dans la tiédeur d’un confessionnal. Si 2014, 2015, pouvaient agir comme une catharsis, une révélation, loin des officialités, des flonflons, des fanfares. Du vrai, du cruel, qui fait mal et qui fait du bien. Le pays réel. C’est à dire celui des songes.


     
    Pascal Décaillet