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Commentaires GHI - Page 206

  • Deux hommes d'honneur

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.12.14

     

    Dominique Louis, Jean-François Duchosal. Le premier fut chef adjoint du Protocole à l’Etat de Genève, le second chef de la sécurité à l’aéroport. Les deux sont colonels. J’ai eu l’honneur de servir sous les mêmes drapeaux qu’eux, au régiment d’infanterie 3.

     

    Je crois que j’aime les histoires d’hommes. Celles avec de la mélancolie, de la verve, de l’humour, du désespoir, du panache. L’histoire de ces deux hommes me plaît, parce qu’elles sont, l’une et l’autre, entièrement vouées à l’idée de servir. Son éloquence, sa faconde, Dominique Louis les a mises au service de l’intérêt public. Jusqu’à devenir, en 25 ans, un incomparable héraut de l’Escalade. Il n’a pas brillé pour lui-même, il a mis son talent au service d’une cause plus ample.

     

    Ses vacances, Jean-François Duchosal les passait le plus souvent en Afrique, dans des missions humanitaires bénévoles. Il y avait déjà, chez ce futur pèlerin, la quête spirituelle du moine-soldat. La seule jouissance de la matière ne le satisfaisait pas.

     

    Il existe, à Genève, pas mal d’hommes et de femmes comme Dominique et Jean-François. Dans cette cité du luxe et du paraître, il se pratique d’autres valeurs, qui furent tout autant portées par la Réforme, l’humanisme, puis l’ouverture aux catholiques, le service des armes et celui de l’école. Le don de soi. L’abnégation. L’émotion face à la bannière. A ces deux hommes, je dis merci. Ils sont pour moi des exemples.

     

    Pascal Décaillet

     

  • PAV : poudre aux yeux !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.12.14

     

    Le PAV : voilà une décennie qu’on nous balance des promesses. On nous fait miroiter des gratte-ciel dans un futur incertain. Une décennie de belles paroles, comme dans la chanson de Dalida, mais résultat : rien du tout ! Pas la moindre tour, même pas de chantier. Juste des maquettes. Des projets. Des accords-cadres, entre l’Etat et les communes. On brode sur l’avenir, on spécule. Mais on ne prend ni pelle, ni pioche. Rien. Le néant. Le quartier Praille-Acacias-Vernets, qu’on nous présentait il y a dix ans comme un nouveau Manhattan, présente exactement la même allure fin 2014 que fin 2004. Et en 2024, ils seront là, les gratte-ciel ?

     

    Le PAV, c’est comme le Grand Genève. La génération politique qui aura le moins construit depuis la guerre s’avère, par paradoxe, celle qui fait le plus valser les projets dans nos imaginaires. Elle joue avec nos désirs, flatte notre urbanité verticale, celle du héros de l’Amérique, de Kafka, entrant en rade de New York, l’une des premières pages les plus saisissantes de l’univers romanesque. En chacun de nous, il y a un révolutionnaire de l’urbanisme qui sommeille, alors allons-y, caressons ses rêves, excitons ses désirs, donnons-lui du building, densifions sa ville rêvée, ça ne coûte rien. Et ça apporte des électeurs.

     

    Oh, dans l’ordre du virtuel, elle est grandiose, Genève. On y truffe la Praille de tours, on y traverse rade et lac, on y construit des logements par dizaines de milliers, on y voit grand, jusqu’à abolir toute frontière avec la France, constituer une « région » dont la ville de Calvin serait la capitale naturelle. Séduisant, peut-être. Mais juste un rêve. Une projection. Quelques fragments de désir, échappés du réel. Evaporés. Le PAV, le Grand Genève, c’est cela : des gouvernants qui règnent par le perlimpinpin. Jeteurs de poudre ! Où l’espace politique devient le Grand Magic Circus. Avec des baguettes, des chapeaux dorés. Et nous, dans le rôle des pigeons.

     

    Où sont-ils passés, nos conseillers d’Etat constructeurs ? Nos Jaques Vernet, nos Christian Grobet, et même nos Philippe Joye ? Ces hommes-là n’arrivaient pas avec des projets mondiaux, mais avec de cartes de chantier, concrètes, structurées. Ils informaient la presse lorsque le projet était mûr, les négociations menées, les accords passés. Christian Grobet, dans son bureau de la rue David-Dufour, dépliait une carte pour quelques journalistes seulement, dont votre serviteur, et se livrait à un exposé incroyablement pointilliste, digne d’un chef de chantier, sur l’Alhambra ou le Goulet de Chêne-Bourg. C’était l’extrême contraire : la tyrannie de l’infiniment petit, à la merci d’un magistrat incapable de déléguer, mais animé d’un sens prodigieux du concret. Pour ma part, je préfère la rugosité de cette folie-là, à l’insoutenable légèreté des miroirs aux alouettes.

     

    Je propose ici, sur le PAV, un moratoire du silence. Tant que nos autorités n’ont pas totalement débloqué un projet, avec autorisations de construire et financement sonnant et trébuchant, elles se taisent. Parce que pour l’heure, chaque nouvelle parole, chaque nouvelle promesse, ne font que ruiner un peu plus le crédit de ceux qui les brandissent. De l’infini au zéro, il n’y a parfois que la courbe sublime de l’absurde. Le saviez-vous ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'Histoire suisse est passionnante !

     

    Commentaire publié dans GHI - 10.12.14


     
    De nombreuses voix s’élèvent, à juste titre, pour que l’Histoire suisse soit mieux enseignée, ou même soit enseignée, tout court. Totalement d’accord sur le fond, mais avec une importante précision. L’Histoire suisse qui compte, celle qui détermine nos sociétés actuelles, les rapports de force entre nos partis politiques, les relations de chaque canton à la question confessionnelle, ou à la laïcité (Genève, Neuchâtel), ne remonte pas à la mythologie du treizième siècle, mais à une période beaucoup plus récente. Par exemple, 1798. Ou 1848.


     
    Non qu’il faille faire l’impasse sur Sempach et Morgarten. Mais enfin, la société d’aujourd’hui, nos systèmes parlementaires, l’Etat fédéral (1848), notre démocratie directe (1891), le scrutin proportionnel (1919, dans le sillage de la grève générale de novembre 1918), la paix du travail (1937), les grandes assurances sociales (AVS, 1947), c’est dans les deux derniers siècles qu’ils ont vécu leurs enjeux décisifs.
     


    Si vous racontez aux élèves l’Histoire de la Suisse d’aujourd’hui, l’essor industriel, la part du Capital dans les entreprises, le développement des banques, le réseau des transports, les conquêtes sociales, vous les passionnerez. Oui, j’affirme ici que le dix-neuvième et le vingtième siècles sont totalement déterminants pour comprendre l’état actuel du pays. En gros, depuis la Révolution française, cette immense rupture dans l’Histoire des hommes, qui n’a épargné ni la Suisse, ni les Allemagnes. Cette Histoire-là, jointe à celle des idées et de la presse, fera naître chez les jeunes des vocations. Canton par canton. Et tant pis s’il faut un peu moins mettre l’accent sur 1291.
     
     
    Pascal Décaillet