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  • Journalistes, ou détectives ?

     
    Sur le vif - Lundi 21.02.22 - 12.39h
     
     
    Au nom de quoi le secret bancaire, en Suisse, comme n'importe quelle disposition légale dans notre pays, ne devrait-il pas être scrupuleusement respecté par les journalistes, sous prétexte que ces derniers "enquêtent" ?
     
    Tout d'abord, sur le grand mythe de "l'investigation journalistique", il y aurait tant à dire. Je n'oublie pas que certaines méthodes rédactionnelles, qui tiennent plus du bureau de détectives privés, ont amené certains "soutiens" à retirer leurs billes du Journal de Genève, dans les mois précédant sa chute, en 1998. Il n'était pas dans l'ADN de ce grand journal, où j'ai eu l'honneur de faire mes premières années, de se prendre pour les grands limiers du Watergate. Non, le Journal de Genève, c'était l'observation des faits, l'analyse, le commentaire. Et c'est cela que les lecteurs voulaient. Avoir voulu instiller une culture du shériff dans une partie de la rédaction, dans les années 1990, fut une erreur fatale.
     
    Pour moi, aucun droit journalistique ne doit outrepasser les droits de toutes les citoyennes, tous les citoyens. Les journalistes sont des citoyens. Ils doivent avoir tous les droits des citoyens, sans plus. S'ils tiennent à "enquêter", cela doit être à leurs risques et périls. S'ils enfreignent la loi, il n'y a pas, sous prétexte qu'ils l'auraient transgressée, à les tenir pour des héros.
     
    "Enquêter" ? Si les journalistes en ont le droit, alors tout le monde doit en avoir le droit ! A commencer par les lanceurs d'alerte. Et ce droit doit être un droit citoyen, une loi pour tous, et en aucun cas le droit corporatiste d'une profession déclinante, moralisante, persuadée d'agir pour la bonne cause, pour le Bien, alors qu'elle s'en va trottinant derrière les doxas et les modes.
     
    Il me semble qu'à cet égard, un signal assez clair a été donné, par le peuple suisse, il y a huit jours.
     
    Ai-je été assez clair ?
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Nina, Géraldine : magnifique concert à Bernex-Confignon

     
     
    Sur le vif - Dimanche 20.02.22 - 22.26h
     
     
    Magnifique concert, ce soir à la la Paroisse de Bernex-Confignon, autour de deux monstres sacrés de la musique, Schubert et Mahler. Pour interpréter les Lieder, la cantatrice mezzo Géraldine Cloux. Au piano, Nina de Félice. De l'une à l'autre, la perfection d'une complicité. Thème du concert : les confins du romantisme allemand (incluant bien sûr la musique autrichienne), les débuts avec Schubert, la phase de clôture, trois quarts de siècle plus tard, avec l'auteur du Chant de la Terre.
     
    La voix de Géraldine Cloux impressionne par sa puissance, son registre de nuances, l'incorporation du poème et de la musique, pour ne faire qu'un : c'est cela, le Lied. Se passionner pour la culture allemande, c'est passer par l'étude du Lied, beaucoup plus riche et complexe qu'il n'y paraît : il précède largement Schubert, et survit sans problème à Mahler. On pense, par exemple, au grand musicien allemand du vingtième siècle Hindemith.
     
    La soirée de Bernex-Confignon passe par quelques-uns des centaines de Lieder de Schubert. Pas les moindres ! Erlkönig, D.328 op. 1, sur le poème de Goethe, l'un des plus célèbres de la langue allemande. Ou aussi Gretchen am Spinnrade, D. 118, op.2. Ou encore, Ständchen, pour clore la première partie.
     
    Le moment Mahler nous plonge dans la lumière d'un paradoxe, et c'est le choix très subtil des morceaux, par les deux musiciennes, qui nous y amène : entre ces deux puissants génies, on laisse soudain tomber la distance galactique qui semble les séparer, on perçoit les points communs, le travail sur le poème, le cisèlement de la syllabe. Oui, Géraldine a raison : on est encore aux confins du romantisme. Avant que la musique, celle du début du vingtième, ne s'abandonne à mille révolutions, le dodécaphonisme n'en étant qu'une parmi d'autres. Lieder und Gesänge aus der Jugendzeit, no 1, ou le célèbre Des Knaben Wunderhorn, c'est encore la très grande tradition, entre musique et texte, celle du temps de Schubert.
     
    Entre Schubert et Mahler, Nina de Félice seule, au piano, dans un interlude magique, pour les transcriptions de Schubert par Liszt. Avec un moment d'éblouissement : Auf dem Wasser zu singen, S. 558 no2. La polyphonie d'une source. Le thème romantique par excellence. Où chaque note est un jaillissement.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Parrainages : on parie qu'ils trouveront une solution ?

     
    Sur le vif - Dimanche 20.02.22 - 14.15h
     
     
    Revoici, en France, la vaste plaisanterie des parrainages. Il se dit que deux candidats majeurs de la présidentielle, Marine Le Pen et Eric Zemmour, qui représentent ensemble un Français sur trois, pourraient ne pas les avoir. Eh bien j'aime autant vous dire une chose : la Macronie a sérieusement intérêt, si elle ne veut pas une déflagration de rue comme elle n'en a jamais vue, à ce qu'ils les obtiennent, ces signatures.
     
    Les parrainages, c'est une aberration. En 1962, Charles de Gaulle propose au peuple de France un référendum : par une majorité écrasante de oui, les Français acceptent d'élire dès ce moment (donc dès l'échéance suivante, décembre 1965), le Président de la République au suffrage universel. Ce système, soixante ans après, est toujours en vigueur.
     
    Ce système, c'est la rencontre d'un homme, ou d'une femme, avec le peuple. Il a quelque chose de monarchique, c'est vrai, mais il est en vigueur. Un homme, ou une femme, face à quarante millions d'électeurs. Le Sacre de Reims, surgi des entrailles de la France profonde.
     
    Lisez le Discours de Bayeux, de Charles de Gaulle, 14 juin 1946. Au début de sa longue Traversée du Désert (elle durera douze ans), le Général, retiré des affaires, prononce, sur les lieux même de la Libération, l'allocution la plus importante de sa carrière : il y dessine, avec une précision de génie, les contours du nouveau système, celui qu'il instaurera en 1958. Non plus un régime d'Assemblée, mais centré sur l'exécutif, lui-même incarné par un homme, au centre de tout. Bien sûr qu'il y a du Maurras dans ce discours : l'officier de Gaulle, pendant toute l'Entre-Deux-Guerres, était lecteur de l'Action française. Je vous écris un livre quand vous voulez sur l'enracinement maurrassien de la pensée politique de Charles de Gaulle. Mais à quoi bon écrire des livres ?
     
    Cette conception autour d'un monarque républicain, on peut la contester. Mais jusqu'à nouvel ordre, elle est en vigueur. Alors, face au miracle de cette "rencontre", un homme un peuple, que peuvent valoir les misérables soutiens de toute la bonne vieille France des notables locaux ? Face à l'Autel de Reims, les conciliabules des maquignonnages !
     
    La réponse est très simple : Anne Hidalgo, moins de 2% d'intentions de vote, est submergée de signatures pour les parrainages. Eric Zemmour, Marine Le Pen, qui tutoient une présence possible au second tour, sont menacés d'en manquer. Allons, bonnes gens, ce système n'est pas sérieux !
     
    Emmanuel Macron est un homme intelligent. Et diablement habile, pour les questions d'image et de pouvoir. Alors, je vous le donne en mille : dans les jours qui viennent, "on" va trouver une solution, en France, pour que cette question de parrainages, comme par miracle, soit résolue. Parce que la présidentielle, sans la droite nationale, souverainiste, sans ce Tiers-Etat désormais décisif, sans ce Français sur trois dans la compétition officielle, c'est l'assurance de la plus grande jacquerie depuis les Barricades de Juillet dans les rues de France. Et cela, Macron est largement assez malin pour l'éviter à tout prix.
     
     
    Pascal Décaillet