Sur le vif - Lundi 21.02.22 - 12.39h
Au nom de quoi le secret bancaire, en Suisse, comme n'importe quelle disposition légale dans notre pays, ne devrait-il pas être scrupuleusement respecté par les journalistes, sous prétexte que ces derniers "enquêtent" ?
Tout d'abord, sur le grand mythe de "l'investigation journalistique", il y aurait tant à dire. Je n'oublie pas que certaines méthodes rédactionnelles, qui tiennent plus du bureau de détectives privés, ont amené certains "soutiens" à retirer leurs billes du Journal de Genève, dans les mois précédant sa chute, en 1998. Il n'était pas dans l'ADN de ce grand journal, où j'ai eu l'honneur de faire mes premières années, de se prendre pour les grands limiers du Watergate. Non, le Journal de Genève, c'était l'observation des faits, l'analyse, le commentaire. Et c'est cela que les lecteurs voulaient. Avoir voulu instiller une culture du shériff dans une partie de la rédaction, dans les années 1990, fut une erreur fatale.
Pour moi, aucun droit journalistique ne doit outrepasser les droits de toutes les citoyennes, tous les citoyens. Les journalistes sont des citoyens. Ils doivent avoir tous les droits des citoyens, sans plus. S'ils tiennent à "enquêter", cela doit être à leurs risques et périls. S'ils enfreignent la loi, il n'y a pas, sous prétexte qu'ils l'auraient transgressée, à les tenir pour des héros.
"Enquêter" ? Si les journalistes en ont le droit, alors tout le monde doit en avoir le droit ! A commencer par les lanceurs d'alerte. Et ce droit doit être un droit citoyen, une loi pour tous, et en aucun cas le droit corporatiste d'une profession déclinante, moralisante, persuadée d'agir pour la bonne cause, pour le Bien, alors qu'elle s'en va trottinant derrière les doxas et les modes.
Il me semble qu'à cet égard, un signal assez clair a été donné, par le peuple suisse, il y a huit jours.
Ai-je été assez clair ?
Pascal Décaillet