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  • Magie noire

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 19.01.22

     

    Jeter l’argent du contribuable par les fenêtres. C’est, à ce jour, en termes de vision d’avenir, le seul programme identifiable de l’actuelle majorité de gauche au Conseil d’Etat. Jamais vu un gouvernement aussi dépensier. Aussi insensible à la réalité des chiffres. Aussi arrogant, dans l’art d’endormir le peuple avec des promesses mirifiques à l’horizon 2030, 2040, plutôt que de s’attaquer aux vrais problèmes fondamentaux d’aujourd’hui : pouvoir d’achat, fiscalité écrasante sur le fruit du travail, pénurie énergétique et en produits industriels, misère des retraites.

    Que fait le Conseil d’Etat ? il jongle avec le feu. Après l’absolue folie des six milliards pour la « transition climatique », dont nous avons souligné ici le vide sidéral, voici un demi-milliard, annoncé mercredi 13 janvier à la populace, pour la « mobilité douce », autre mantra surgi tout droit du catéchisme des Verts.

    Que fait le Conseil d’Etat ? Il fait valser les mots ! Il se saisit des termes à la mode, leur colle des milliards fictifs en promesses de dépenses, balance le communiqué, et passe à la promesse suivante. A ce niveau de démagogie, ça n’est plus de l’illusionnisme, ça frise la Magie noire. Dans l’usage des mots, la répétition liturgique des incantations, le martèlement des cerveaux par la novlangue écologiste, on n’est plus très loin du spiritisme. Celui des tables rondes. A Genève, les caisses sont vides, la dette pulvérise le record national, les dépenses publiques étouffent les classes moyennes. Mais on nous brandit encore les mots. Comme d’ultimes prières.

     

    Pascal Décaillet

  • Aux portes du pouvoir, la Révolution conservatrice

     
    Sur le vif - Mercredi 19.01.22 - 14.40h
     
     
    Désolé, mais Mme Pécresse, c'est Sarkozy bis. Une candidate énergique, intelligente, compétente, je n'en disconviens pas. Mais la droite de 2007 ! Libérale, orléaniste, juste quelques coups de menton sur le Kärcher, désespérément pro-européenne. Le programme de Mme Pécresse pourrait être celui de M. Macron. L’œcuménisme centriste dans sa version des beaux quartiers, un zeste d'ENA, quelques fragrances de grands magnats du privé, bref ce qu'il faut pour tenir la France, laisser la plèbe à sa place, ne surtout rien déranger à l'ordre libéral du monde.
     
    La Révolution dont la France a besoin ne pourra venir de ce conformisme des équilibres. Marine Le Pen, Eric Zemmour, incarnent (de façons fort différentes, notamment sur la question sociale et populaire, où la première est nettement meilleure que le second), une autre tradition de la droite française. La réduire à Vichy et à l'OAS, même à Joseph de Maistre et à la pensée contre-révolutionnaire, est beaucoup trop court. Il faut appréhender ces deux candidats - qu'on les aime ou on - avec d'autres grilles de lecture, et cela implique une connaissance approfondie de l'Histoire des droites en France, depuis la Révolution. Nul observateur, dans le tourbillon hystérique des chaînes françaises en continu, ne nous a, pour l'heure, apporté ce recul historique et philosophique.
     
    C'est tellement plus simple de tout ramener aux années trente. Ne décrypter la politique qu'en fonction du Bien et du Mal, passer son temps à traquer la moindre petite phrase d'un Zemmour, la découper au scalpel, l'isoler de son contexte, et titrer "Nouveau dérapage". Ces gens-là devraient commenter le patinage artistique.
     
    J'ignore absolument qui sera élu. Mais une chose est sûre : jamais cette autre droite n'a été aussi forte, depuis la guerre, qu'aujourd'hui. La droite nationale, souverainiste, est maintenant plus puissante que la droite libérale et pro-européenne. Pour qui suit avec la passion la politique française (c'est mon cas depuis décembre 1965), cette inversion des rapports de forces est tout simplement saisissante. Elle ne conduira sans doute pas l'un des deux "nationaux" à l'Elysée. Mais elle pèsera lourd, très lourd, sur le prochain quinquennat.
     
    La Révolution conservatrice est là. Aux portes du pouvoir. Elle n'est ni celle des années trente, ni celle des nostalgiques de l'Algérie française. Elle est autre chose, d'infiniment moderne, populaire auprès d'une grande partie de la jeunesse. Il faudra composer avec elle. Et pour un sacré bout de temps.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Le dernier mensonge du journalisme

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 19.01.22

     

    On entend souvent dire que le journalisme est indispensable à la démocratie. C’est faux. Et c’est un passionné du métier, journaliste professionnel depuis 36 ans, qui l’affirme. Je vais même plus loin : il arrive hélas, de plus en plus souvent, que le journalisme, en Suisse, soit contraire à la démocratie. Non par les sujets qu’il traite, mais par ceux qu’il tait. Par son obédience au pouvoir, tous les pouvoirs, quels qu’ils soient : le Conseil fédéral, les différents Conseils d’Etat, les puissants de l’économie et de la finance, les modes de pensée dominante. Bref, tout ce que, depuis tant d’années, je dénonce ici. Je connais des hommes et des femmes libres : désolé, mais ils sont rarement journalistes.

     

    Ce qui est « indispensable à la démocratie », ça n’est pas spécifiquement le journalisme. Non, c’est la démocratie elle-même ! Nous avons besoin, en Suisse comme ailleurs, de cet espace de liberté des esprits, d’indépendance intellectuelle, qui est le fondement même d’un Etat sain, où tous puissent s’exprimer, sans risquer de rétorsions. Mieux : en Suisse, nous consacrons cette liberté, venue d’en-bas, par l’institution, absolument essentielle, de la démocratie directe. Les citoyennes et citoyens ont le droit de se réunir, d’émettre et publier leurs opinions, celui de contester une loi par référendum, et, mieux encore, celui de changer la Constitution par la voie de l’initiative. C’est cela, la démocratie ! Ce sont ces valeurs-là, et pas spécialement le journalisme, qui nous sont vitales, indispensables.

     

    Exprimer nos opinions ? Nous le pouvons, de mille autres manières qu’en écrivant dans des journaux. Je dis et répète, depuis des années, que les réseaux sociaux sont une prodigieuse invention, qui donne à tous la possibilité d’exercer leur liberté d’esprit. Bien sûr, il y a des abus, des saloperies de meutes, des délateurs de l’ombre. Mais au fil des années, cela se nettoiera, et la grande Révolution technique permettant la mise en réseau horizontale et le partage universel des connaissances, apparaîtra comme aussi révolutionnaire que l’avènement de l’imprimerie. Les journaux, les « rédactions », bref tout ce qui constitue l’appareil corporatiste du métier, vous clament le contraire. Ils passent leur temps à noircir les réseaux sociaux, n’en souligner que les dérives, certes bien réelles. En réalité, ils ont peur. Ils sont jaloux. Ils voient bien qu’a émergé, dans nos sociétés, sans retour, une nouvelle organisation du partage des idées. Alors, ce sont eux, depuis quelques années, qui lancent désespérément ce pitoyable slogan : « Le journalisme est indispensable à la démocratie ».

     

    Non, il ne l’est pas. Le journalisme n’est pas vraiment né avec Théophraste Renaudot et sa fameuse Gazette, au dix-septième, mais deux siècles plus tard, à l’époque de Balzac et de la Révolution industrielle. Il a atteint son apogée avec l’Affaire Dreyfus. Aujourd’hui, il périclite. L’effervescence des idées est extérieure à son périmètre. Il se sent disparaître, il se voit mourir. Alors, en guise de cri ultime, il nous lance : « Je suis indispensable ». C’est le dernier de ses mensonges.

     

    Pascal Décaillet