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Aux portes du pouvoir, la Révolution conservatrice

 
Sur le vif - Mercredi 19.01.22 - 14.40h
 
 
Désolé, mais Mme Pécresse, c'est Sarkozy bis. Une candidate énergique, intelligente, compétente, je n'en disconviens pas. Mais la droite de 2007 ! Libérale, orléaniste, juste quelques coups de menton sur le Kärcher, désespérément pro-européenne. Le programme de Mme Pécresse pourrait être celui de M. Macron. L’œcuménisme centriste dans sa version des beaux quartiers, un zeste d'ENA, quelques fragrances de grands magnats du privé, bref ce qu'il faut pour tenir la France, laisser la plèbe à sa place, ne surtout rien déranger à l'ordre libéral du monde.
 
La Révolution dont la France a besoin ne pourra venir de ce conformisme des équilibres. Marine Le Pen, Eric Zemmour, incarnent (de façons fort différentes, notamment sur la question sociale et populaire, où la première est nettement meilleure que le second), une autre tradition de la droite française. La réduire à Vichy et à l'OAS, même à Joseph de Maistre et à la pensée contre-révolutionnaire, est beaucoup trop court. Il faut appréhender ces deux candidats - qu'on les aime ou on - avec d'autres grilles de lecture, et cela implique une connaissance approfondie de l'Histoire des droites en France, depuis la Révolution. Nul observateur, dans le tourbillon hystérique des chaînes françaises en continu, ne nous a, pour l'heure, apporté ce recul historique et philosophique.
 
C'est tellement plus simple de tout ramener aux années trente. Ne décrypter la politique qu'en fonction du Bien et du Mal, passer son temps à traquer la moindre petite phrase d'un Zemmour, la découper au scalpel, l'isoler de son contexte, et titrer "Nouveau dérapage". Ces gens-là devraient commenter le patinage artistique.
 
J'ignore absolument qui sera élu. Mais une chose est sûre : jamais cette autre droite n'a été aussi forte, depuis la guerre, qu'aujourd'hui. La droite nationale, souverainiste, est maintenant plus puissante que la droite libérale et pro-européenne. Pour qui suit avec la passion la politique française (c'est mon cas depuis décembre 1965), cette inversion des rapports de forces est tout simplement saisissante. Elle ne conduira sans doute pas l'un des deux "nationaux" à l'Elysée. Mais elle pèsera lourd, très lourd, sur le prochain quinquennat.
 
La Révolution conservatrice est là. Aux portes du pouvoir. Elle n'est ni celle des années trente, ni celle des nostalgiques de l'Algérie française. Elle est autre chose, d'infiniment moderne, populaire auprès d'une grande partie de la jeunesse. Il faudra composer avec elle. Et pour un sacré bout de temps.
 
 
Pascal Décaillet

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