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Sur le vif - Jeudi 27.01.22 - 06.02hDepuis l’enfance, je me demande s’il faut à tout prix mettre en scène les opéras.J’ai souvenance d’opéras de Haendel, ou de Rameau, avec les quatre voix face au public, le chœur derrière, à la façon d’un oratorio. Cette hyper-sobriété dans le visuel ne m’a jamais gêné, bien au contraire.En tout cas, je ne supporte pas que l’aspect scénique devienne premier dans les conversations. Je suis un homme de radio, attaché au son, au verbe, à la musique, au souffle, à la puissance et à l’intensité des voix.Pour autant, il me faut voir la musique. Voir chaque instrument, chaque chanteur. Mais je n’ai pas besoin qu’ils se contorsionnent. Et les puissants effets des machineries théâtrales ne m’impressionnent pas.Je suis fou d’une sobriété que j’ai besoin de voir. L’autre soir, sur Mezzo, il y avait l’éblouissante Sabine Devieilhe, dans Haendel (Le Triomphe du Temps et de la Désillusion, 1707). Elle me fascine. Elle ne bouge quasiment pas. Tout vient de l’intérieur. Elle transmet l’intransmissible. Elle existe, seule et ciselée. Seule, avec la voix. Seule, avec la musique.Pascal DécailletLien permanent Catégories : Sur le vif
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Le Troisième Vert
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.01.22
Qu’il faille bouter hors de Genève les fous du volant, nous en sommes bien d’accord. Oui, il faut limiter la vitesse en zone urbaine, et pas seulement à proximité des écoles. Oui, il faut prôner une conduite automobile lente et prudente en ville. Oui encore, il faut des zones à 30 km/h. Si on veut faire des concours de vitesse, on s’inscrit dans un club de course automobile, ou de rallyes, et on pulvérise le mur du son dans les espaces où on en a le droit.
Pour autant, la méthode de Serge Dal Busco n’est pas la bonne. Il déboule un beau jour, nous annonce un 30 km/h quasiment généralisé, réveille la guerre de religion, fait hurler une bonne partie de la population genevoise. Le mécontentement des gens ne vient pas de la limite à 30 : toute personne dotée d’un minimum d’intelligence peut comprendre qu’elle s’impose dans un univers mixte, où l’automobiliste côtoie le cycliste (qui ne dispose pas toujours de sa piste), voire le piéton. Dans ces cas-là, la prudence s’impose. Ainsi qu’une conduite attentive, courtoise, respectueuse. Les démarrages en trombes, après un feu, les pointes de vitesse sont à prohiber, c’est certain.
Non, la colère vient de la méthode. Une fois de plus, le ministre impose une idée qui n’est pas de son camp. Une fois de plus, il donne l’impression de chercher à plaire à l’actuelle majorité exécutive de gauche. Une fois de plus, on se dit qu’il y a un Troisième Vert au Conseil d’Etat. C’est cela, le vrai problème. Il n’est pas routier. Il est de l’ordre de la confiance. Et de la cohérence. En un mot, il est politique.
Pascal Décaillet
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La démocratie suisse, c'est nous !
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.01.22
Notre démocratie nous appartient, à nous tous. Elle est l’affaire de chacun d’entre nous. Nulle citoyenne, nul citoyen, en Suisse, ne doit se dire « La politique, il y a des gens pour ça, des élus, qu’ils fassent le boulot, moi ça ne m’intéresse pas ! ». Ce raisonnement, c’est le début de la fin. Cette abdication des prérogatives citoyennes au profit d’une « classe politique », c’est le renoncement à ce qui constitue l’âme, la sève, la grandeur de notre pays : sa démocratie directe. Il ne s’agit pas seulement d’aller voter, quatre fois par an, cela c’est le strict minimum ! Non, il s’agit, beaucoup plus profondément, de se concevoir, chacun de nous, en amont, comme la source d’une action politique possible. Non en s’inscrivant dans un parti, nul besoin ! Mais, par exemple, en s’impliquant dans un comité d’initiative, de référendum, en lançant des idées, en donnant son avis. A l’époque des réseaux sociaux, plus la moindre excuse : chacun de nous peut ouvrir un compte, s’exprimer. Profitez-en tous, par pitié !
Je ne l’ai jamais caché, je n’aime guère la démocratie représentative. Je lui préfère, et de loin, l’expression du suffrage universel, suite à des mois de campagne, dont le théâtre d’opérations ne se limite pas à un cénacle d’élus, mais s’étend à l’ensemble du corps électoral. Je vais plus loin, encore : le peuple ne doit pas seulement se prononcer par réaction à des décisions parlementaires (référendums), mais il doit lui-même forcer le destin : cela s’appelle l’initiative populaire. Là, l’idée vient d’en-bas. Là, une poignée de citoyens tente d’écrire l’Histoire. Elle doit d’abord recueillir les signatures, c’est très difficile. Et puis, mener le combat. Faire campagne, d’un bout à l’autre du pays. Et si possible, un beau dimanche, réunir autour de son idée de départ la majorité du peuple et celle des Cantons. Parcours d’obstacle. Chemin d’initiation. A la fin, victoire ou défaite, mais au moins le peuple aura débattu.
Je ne prône pas l’abolition des Parlements. Dès la Révolution française, les deux types de démocratie existent, les deux modèles se combattent âprement entre les factions : d’un côté le pouvoir du peuple par délégation, de l’autre, plus radicalement, le pouvoir du peuple par le peuple. Pour ma part, oui, j’ai toujours rêvé d’une démocratie totale, où le suffrage universel donne les grandes lignes. Aux Parlements, laissons la mission de faire les lois, quitte à les attaquer en référendum si elles nous déplaisent. Ces derniers jours, notre démocratie directe suisse a montré, malgré le froid hivernal et la crise sanitaire, de magnifiques signes de vitalité : succès des récoltes de signatures, au niveau cantonal, pour le référendum contre la réforme du CO. Au niveau fédéral, succès contre la Lex Netflix (loi sur le cinéma), et succès de la gauche contre Frontex. Sur tous ces objets, sous réserve de vérification des signatures, le peuple votera. C’est exactement cela, une démocratie.
Pascal Décaillet
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