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  • On n'est pas là pour se faire emmerder !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 12.01.22

     

    On pensait avoir tout vu, tout entendu. On se disait qu’on avait vécu le pire. C’était sans compter sur Emmanuel Macron. Le Président français, de façon relue et assumée, donc par coup politique calculé, entend « emmerder » plusieurs millions de ses compatriotes. C’est au moins clair. Tellement arrogant, tellement français dans le pire des sens, celui d’un pouvoir vertical, le Prince qui méprise la plèbe, que ça prête à sourire. Et surtout, ça donne à réfléchir : non au Covid (on en parle assez, partout ailleurs, et je n’ai strictement rien d’original à déclarer sur le sujet), mais au rapport que nous, les Suisses, entretenons avec le pouvoir. Nous ne sommes pas français. Nous avons une autre Histoire, plurielle, complexe, décentralisée. Nous aimons l’ordre, la propreté, les trains qui arrivent à l’heure, les montres bien faites. Mais au fond de nous, nous détestons les puissants, tout au moins ceux d’entre eux qui affichent leur majesté. En un mot, on veut bien s’arrêter aux feux rouges, appliquer le règlement, jeter le plus infinitésimal papier à la poubelle, mais, comme le dit si bien la chanson de Boris Vian, on n’est pas là pour se faire engueuler. Encore moins, pour se faire emmerder.

     

    Nous les Suisses, d’apparence si sages, si propres, avons un côté anar. Nous aimons que les choses soient en ordre, mais détestons qu’un sergent-major d’opérette passe son temps à nous en rappeler la nécessité cosmique. Cet ordre, cet alignement, viennent de l’intérieur de nous. D’une sagesse populaire. D’un Contrat social non-écrit, parce que ça n’est pas nécessaire entre gens de bonne compagnie. Un Suisse bien élevé ne saurait laisser gésir à terre le moindre objet qui n’aurait été strictement qualifié pour cela. Alors, d’instinct, il cherche la poubelle. S’il n’y en a pas une tous les trente mètres, il est en manque, quelque chose cloche, il faut le signaler. C’est un peu maladif, mais c’est la marque d’une certaine éducation. Nous sommes comme cela. Nous nous régentons nous-mêmes, mais ne supportons pas qu’un tiers, du haut de son nuage, vienne nous faire la leçon. Je suis moi-même très Suisse, à quoi s’ajoute un côté Prussien sur lequel j’aurai un jour (ou non) l’occasion de revenir.

     

    En Suisse, un Conseiller d’Etat, ou fédéral, qui affirmerait vouloir « emmerder » une partie de sa propre population, giclerait. Bien plus que les Français, au fond bien braves et bien dociles, nous nous rebifferions. Très vite, s’élèveraient des voix pour réclamer la tête du malotru. La tête, et peut-être aussi d’autres parties, moins cérébrales, de ce grand corps maudit qui nous prend de si haut. En Suisse, le souverain ultime, c’est le peuple. De lui, tout procède. Les élus, les ministres, ne sont que des locataires du pouvoir. Ils sont au service du peuple, et non le contraire. Sur la crise sanitaire, ils peuvent prendre des décisions. Mais pas nous mépriser. Ni nous utiliser comme chair à canon de leur campagne électorale. En Suisse, le peuple est le patron. Il confie le pouvoir. Ceux qui l’exercent doivent servir, sans régenter. Et surtout sans la moindre arrogance.

     

    Pascal Décaillet

  • 2022 : soyons lucides, soyons libres !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 05.01.22

     

    Lucidité, liberté. Voilà de quoi nous aurons le plus besoin en 2022. Au milieu des milliards d’informations qui nous parviennent, demeurons des hommes et des femmes capables de discernement. Dégageons l’essentiel de l’accessoire. Déterminons les vrais problèmes, sans nous laisser laver le cerveau par quiconque.

     

    Exemple : la pénurie. En produits industriels, et surtout en approvisionnement énergétique. J’ai multiplié les débats sur le sujet, cet automne. Je me suis senti un peu seul. Certains confrères en Suisse romande, certes, ont empoigné le sujet, hommage à eux, mais face à la masse, nous fûmes minoritaires. Plus conformistes que jamais, suivistes des modes, l’écrasante majorité des médias nous inondent de sujets « de société », autour notamment de la couleur de la peau, ou du genre. On n’entend plus que cela, partout. Dans le même temps, le risque énorme de pénurie énergétique est quasiment passé sous silence. Cette disproportion, tellement éloquente, est tout simplement hallucinante. L’approvisionnement de notre pays, la Suisse, en électricité, n’est absolument pas garanti pour les années qui viennent, et nous laissons les médias à la mode nous étouffer de questions « sociétales ». Byzance s’écroule, le sexe des anges demeure la discussion principale.

     

    Bien sûr, il est moins sexy de proposer un débat, avec des gens renseignés, sur la pénurie allemande (notre premier partenaire commercial) en produits industriels, ou sur les risques, pour la Suisse, de perdre sa souveraineté énergétique, que de ressasser pour la millième fois les cogitations des chercheurs en sciences sociales de l’Université de Lausanne, véritable foyer de duplications des thèmes à la mode dans les salons bobos du Quartier Latin, ou dans les Facultés américaines. C’est moins sexy, mais c’est infiniment plus utile. Plus proche du réel. Des vraies préoccupations de nos compatriotes, à commencer par les plus précaires : ceux qui se lèvent le matin pour aller bosser, n’attendent rien de l’aide sociale, ne sollicitent nulle subvention, fournissent à l’Etat sa manne fiscale, attendent avec angoisse la fin du mois. Pour ma part, homme de droite, mais d’une droite sociale, populaire, respectueuse de toutes les couches de la population, c’est à eux que je pense : les Suisses qui travaillent, avec ce souci de bienfacture et de précision qui fait la grandeur de notre pays. Les Suisses qui triment. Les Suisses qui élèvent leurs enfants en leur favorisant l’accès à la connaissance. Les Suisses qui, s’ils sont en bonne santé (les autres, bien sûr, ont droit à toute notre solidarité), s’ils sont aptes au travail, n’attendent rien de l’Etat, et tout d’eux-mêmes.

     

    Ces gens-là, croyez-moi, l’approvisionnement énergétique de notre pays est loin de leur être indifférent. Le prix de l’essence, des combustibles de chauffage, ça les concerne ! Autrement que la reprise moutonnière des rengaines germanopratines ne concernant, sur le fond, qu’une infime minorité. Respectable, certes, tout humain l’est à mes yeux. Mais qui n’a pas à faire sa loi, encore moins à dicter ses thèmes, à l’écrasante majorité. A tous, excellente Année 2022 !

     

    Pascal Décaillet

  • Terrible faute de goût, M. Macron !

     
    Sur le vif - Dimanche 02.01.21 - 10.30h
     
     
    Le drapeau européen n’a strictement rien à faire sous l’Arc de Triomphe.
     
    La paix - enfin retrouvée - entre nations européennes, ça n’est pas l’effacement des différentes identités nationales. Encore moins, l’abolition de la mémoire : c’est pour le drapeau de la Nation française, le drapeau tricolore, que des millions de soldats de la Révolution, puis du Consulat, puis de l’Empire, puis de la République, sont tombés pour la France.
     
    La France appartient à l’Union européenne, dont elle est pays fondateur depuis 1957. Fort bien. C’est son choix. Nous devons le respecter.
     
    Mais l’Europe n’est pas une Nation. Ce mot, chez Michelet comme chez Fichte, implique d’autres adhésions, autrement passionnelles, sacrificielles, que la seule appartenance à un Concordat administratif. L’Arc de Triomphe rend hommage aux enfants de la France, tombés pour elle. Il abrite la tombe du Soldat inconnu, mort dans la Grande Guerre au milieu d’un million et demi de ses frères d’armes. Ces hommes sont tombés pour la France, pour le drapeau tricolore.
     
    L’européiste Macron prouve, par ce drapeau bleu étoilé, qu’il existe dans son arrière-pays mental un autre horizon que celui de la Nation française. Un échelon qui lui serait supérieur. Et qui transformerait la France en partie d’un Empire. Lui, chef d’Etat de la France, ne serait que l’un des Princes électeurs d’un plus grand Collège. Un choix de la France qui eût littéralement ravi Charles Quint, la Maison d’Autriche, les Habsbourg, et… d’autres Empires, plus récents.
     
    En cela, Macron rompt avec mille ans de combat acharné pour l’indépendance, la souveraineté, admirablement mené par quarante rois, puis par la République, qui a parfaitement pris le relais lors de la Révolution, au moment du danger d’invasion représenté par les puissances coalisées.
     
    Terrible faute de goût, M. Macron.
     
     
    Pascal Décaillet