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  • La voix du pouvoir, à l'état pur !

    Sur le vif - Jeudi 18.12.20 - 18.01h
     
     
    Titres Forum : "Nous demanderons à la Présidente de la Confédération si ces mesures vont assez loin".
     
    Il leur faut quoi ? Mettre la planète sous clef ? Entrer tous en hibernation jusqu'en l'an 30'000 ?
     
    Et l'interview de Simonetta Sommaruga, derrière, est tout simplement délirante. Et, juste dans la foulée, une membre de la "task force". Et on en remet une couche : "Ces mesures sont-elles vraiment suffisantes ?".
     
    Plus royalistes que le Roi !
     
    La voix du pouvoir, à l'état pur !
     
    La RTS a-t-elle été officiellement investie de la mission métaphysique et morale de confiner l'univers ?
     
    Qui, dans notre pays, se soucie encore des petits entrepreneurs ? Pas les nababs ! Les petits ! Les tout petits ! Faudra-t-il lancer, dans la Suisse de 2021, un mouvement de type poujadiste, comme dans la France de 1956 ? Va-t-il vraiment falloir que nous nous fâchions ?
     
    La RTS, et autour d'elle les courtisans du pouvoir, à Berne et dans les Cantons, éprouvent-ils la moindre empathie pour les dizaines de milliers de cafetiers, restaurateurs, commerçants, indépendants, touchés par les décisions de magistrats exécutifs dont le salaire, qu'il pleuve ou qu'il vente, tombe à la fin du mois ?
     
    Telle est ce soir ma colère. Comme citoyen (je ne revendique aucun autre titre, aucune autre qualité). Mais aussi, comme petit entrepreneur, qui se bat depuis quinze ans pour sa boîte. Et qui dit sa solidarité à tous ceux qui se lèvent le matin. Et qu'on empêche, d'un ukase, d'aller bosser.
     
    Comme citoyen. Mais au fond, comme homme libre, tout simplement. Libre de ses paroles. Libre de ses positions. Et que personne, jamais, n'empêchera de s'exprimer. Personne ! Et surtout pas le pouvoir en place.
     
     
     
    Pascal Décaillet

  • Flavio Cotti, aux petites lueurs de l'aube

     
    Sur le vif - Jeudi 17.12.20 - 16.47h
     
     
    Peu après René Felber, voilà que disparaît Flavio Cotti. Avec ces hommes, c'est le Conseil fédéral de mes années à Berne, il y a trente ans, qui doucement s'en va. Il reste, Dieu merci, Adolf Ogi. Et un ou deux autres. Le plus éblouissant, celui dont j'ai été le plus proche à tous égards, Jean-Pascal Delamuraz, nous quittait, beaucoup trop jeune, en octobre 1998.
     
    A Flavio Cotti, d'innombrables souvenirs me lient, plusieurs voyages aussi. C'était un homme d'un grande intelligence, parfait polyglotte (il parlait français sans le moindre accent), cultivé, compétent. Ce qui lui a manqué, c'est le charisme d'un Delamuraz, ou d'un Ogi. Flavio Cotti, qui a mené d'une main de fer la valse des diplomates, était un cérébral, très attaché au pays, mais montrant peu ses sentiments. Il fut parfois un mal aimé.
     
    Un souvenir personnel, tout simple, sur cet homme. J'étais à l'époque correspondant à Berne pour la RSR. Je me levais vers 04.45h pour aller à la gare, en alternance avec mes collègues, chercher le paquet ficelé de journaux qui nous permettrait, en direct à 07.20h, de présenter la revue de presse alémanique, avant d'attaquer, au troisième étage, juste sous la Coupole fédérale, une longue journée de journaliste politique. Je faisais, à 05.30h précises, tous les matins mon entrée triomphale dans un Palais fédéral totalement vide.
     
    Totalement ? Pas tout à fait ! Un homme, avant même Jean-Pascal Delamuraz, entrait au Palais exactement en même temps que moi. "Bonjour Monsieur, comment allez-vous ?". Toujours parfaitement courtois. Il voulait être le premier à occuper son poste, dans le silence matinal de la Berne fédérale. Cet homme, intelligent et immensément travailleur, s'appelait Flavio Cotti. Il a été un grand serviteur de la Suisse. Nous lui rendrons hommage, avec Philippe Roch, ancien directeur de l'Office fédéral de l'Environnement, ce dimanche 20 décembre, 19h, en ouverture du GRAND GAC.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Politique : où est passée la confiance ?

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 16.12.20

     

    Au cœur de notre pays, la Suisse, il y a la confiance. Sans elle, rien de ce que nous avons construit, nous et nos ancêtres, n’existerait. La confiance entre nous tous, citoyennes et citoyens, hommes et femmes libres, adultes, responsables. La confiance envers nos autorités, celles que nous avons élues pour qu’elles accomplissent une mission. La confiance entre régions du pays, au-delà de nos différences, bien réelles. La confiance entre les habitants, Suisses, étrangers, nomades, sédentaires. La confiance entre les gens des villes et ceux de la montagne, les Suisses de la plaine et ceux de la montagne. La confiance entre les religions. La confiance entre ceux qui se réclament d’une adhésion spirituelle, et ceux qui ne s’en réclament pas. La confiance entre conservateurs et progressistes : visions différentes, mais surgies d’une même souche. Racines communes, branches éparses.

     

    Devant notre chalet valaisan, dans mon enfance, je me souviens de ces années soixante, où jamais mon père, me semble-t-il, ne fermait sa voiture à clef. Et même la clef du chalet, nous la laissions, comme des grands, quand nous sortions, sur la première poutre que n’importe cambrioleur amateur aurait immédiatement choisie pour aller la dénicher. Nostalgie, je crois, de ces années d’insouciance.

     

    Aujourd’hui, la confiance est à rude épreuve. La crise sanitaire n’a pas arrangé les choses. Le discours de l’autorité est mis en cause, ce qui est d’ailleurs parfaitement légitime de la part d’un peuple qui n’aime pas s’en laisser conter. La parole d’en haut a perdu de son crédit. Trop d’apparitions des dirigeants, trop de mots, « trop de notes », comme le hasardait l’Empereur au jeune Mozart, dans le film de Forman. Et puis, de perpétuels changements de position, un jour on ouvre, un jour on ferme, un jour on confine, un jour on libère. La parole de Berne, celle de Genève, la voix des Cantons, celle des Romands, celle des Alémaniques, celle de Macron, celle de Merkel. On gouverne par la valeur d’une seule parole, pas par la polyphonie.

     

    Ma position sur la démocratie représentative, vous la connaissez. Nous sommes, je crois, à la fin d’un processus, entamé au début du dix-neuvième siècle, au temps des diligences, où le peuple délègue ses pouvoirs à des émissaires, qui s’en vont siéger, pour des « Diètes » de plusieurs semaines, dans des Parlements nationaux. A Berne, à Paris, à Berlin. Je suis, vous le savez, partisan d’une démocratie totale, en tout cas une démocratie directe plus accomplie encore que celle d’aujourd’hui, où le suffrage universel participerait davantage aux grandes décisions. Parce que ma confiance dans le système électif n’est pas illimitée. Et c’est bien cela que nous devons sauvegarder, si nous voulons que la Suisse vive : la confiance ! Je suis le premier, je l’avoue, à ne l’accorder qu’avec parcimonie, chacun fait ce qu’il peut. Mais conservons, entre nous, ce trésor : il nous unit, là où le verbiage nous disperse. Excellente semaine à tous !

     

    Pascal Décaillet