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  • Genève : pas de cirque électoral !

     
    Sur le vif - Dimanche 27.12.20 - 09.19h
     
     
    Cette complémentaire est une catastrophe. Genève n'a que faire d'élire.
     
    Les Genevois n'ont fait que cela, élire. Cantonales en 2018, fédérales en 2019, municipales en 2020. Maintenant, ça suffit !
     
    Priorité absolue aux thèmes, pas aux personnes ! Les Genevois ne veulent pas de visages sur des affiches, ni sur les trams. Ils en ont soupé ! Ils sont saturés. Indigestion.
     
    Les Genevois veulent une économie qui redémarre ! Des cafetiers, des restaurateurs, des commerçants, qui puissent travailler, accomplir leur métier d'entrepreneurs.
     
    Les Genevois veulent la dignité ! Travailler pour gagner leur vie. Ils ne veulent pas être des assistés de l'Etat. Le même Etat qui les empêche de bosser ! Et qui creuse la dette, à n'en plus finir.
     
    Les Genevois veulent vivre leur démocratie. Un parlement réveillé, qui contrôle le gouvernement, comme il en a le devoir. Une démocratie directe pugnace et pleine de vie, elle est notre bien le plus précieux.
     
    Les Genevois veulent une prise directe sur les thèmes. Ils n'ont que faire des visages, des personnes, des têtes d'affiche. Le cirque électoral, ça suffit !
     
    Eh puis, quoi ! Même si le plus génial des candidats est élu le 7 mars, comment voulez-vous qu'une seule personne puisse renverser la tendance à la défaite d'un attelage sans le moindre souffle ?
     
    Nous ferons les débats, bien sûr. Nous irons élire, puisqu'il le faut. Mais par pitié, pas de tintamarre ! Pas de militants ! Pas d'affiches ! Pas de Carnaval électoral !
     
    Genève a autre chose à faire. Panser ses plaies. Relancer d'urgence l'économie. Rétablir la démocratie, avec un vrai parlement qui contrôle, et des citoyens qui font vivre la démocratie directe.
     
    Le cirque électoral n'est pas de mise ! Si les partis ont le culot, dans les circonstances actuelles, de nous en orchestrer un, c'est leur crédit à eux qui s'en trouvera dévasté !
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Adieu, démocratie représentative !

     
    Sur le vif - Samedi 26.12.20 - 12.30h
     
     
    *** Dissertation sur le déclin des Parlements et la montée en puissance, en Europe, des voies directes du peuple***
     
     
    Ils ne veulent pas comprendre que la démocratie représentative, c'est bientôt terminé. Encore quelques décennies, peut-être un siècle, un siècle et demi, que sais-je, et nous serons doucement passés, dans nos pays d'Europe, à une autre forme de prise de décision sur les grands enjeux politiques, où le suffrage universel aura pris beaucoup plus d'ascendant qu'aujourd'hui. Je ne dis pas qu'il remplacera les Parlements, mais il les dépassera, dans le rapport de forces.
     
    Les Parlements, dans nos contrées, ont un peu plus de deux siècles. Ils sont arrivés au moment de la Révolution française, un peu avant (chez les Anglo-Saxons), un peu après. Le mot "Parlement" existait certes en France sous l'Ancien Régime, mais dans le sens d'instances judiciaires, la plupart du temps régionales. Ils n'étaient pas la machine à fabriquer des lois nationales, donnée comme modèle au monde par la Révolution française.
     
    C'était le temps des diligences. Au dix-neuvième siècle, on envoyait des gens, dans la lointaine capitale du pays (Berne, Paris, Berlin), pour "représenter" les citoyens. Ils siégeaient de longues semaines, puis revenaient. La genèse des lois se passait très loin des consciences citoyennes, quelque part sous une Coupole. Les parlementaires faisaient la loi. Le citoyen subissait. Il était réduit, comme sous l'Ancien Régime, à l'état de sujet. Son seul droit était, tous les quatre ou cinq ans, d'élire ceux qui allaient, à sa place et en son nom, décider du destin du pays. C'est, à peu près, le système dans lequel est demeuré notre voisin et ami, la France.
     
    La Suisse moderne, celle de 1848, la seule à laquelle je fasse en principe référence (vous ne m'entendez jamais sur les récits plus ou moins mythiques du treizième siècle, en Suisse centrale), a eu le génie de contrebalancer le pouvoir parlementaire par la démocratie directe. Ce chemin s'est fait dans la seconde partie du dix-neuvième siècle, avec comme fleuron le droit d'initiative populaire, en 1891. Ce système, unique au monde, représente pour nous une chance énorme : le corps des citoyens existe, il peut se mobiliser, il vote quatre fois par an, en plus d'élire les parlementaires fédéraux tous les quatre ans. Il n'est pas une anomalie de la démocratie suisse : il en est, au sens grec (Aristote), un organon, un outil. Le peuple, comme collège électoral, est l'une de nos institutions.
     
    J'écris ces lignes le samedi 26 décembre 2020. Nous entrons dans le deuxième cinquième du vingt-et-unième siècle. Nous écrivons sur des ordinateurs. Nous accédons à internet, avec des milliards de milliards de données sur les connaissances humaines, qui nous épargnent le chemin des encyclopédies, dans les bibliothèques. Je m'apprête à publier mon texte sur un réseau social, j'en suis très fier et très heureux, c'est un mode de communication, de partage des connaissances, que je promeus depuis de longues années. Je le publierai aussi sur mon blog. Nous sommes dans l'univers numérique. Les nouvelles du monde, nous les avons immédiatement, sur notre téléphone portable. Les projets de loi, les initiatives, les grands textes politiques, nous les avons en ligne. En quoi la citoyenne, le citoyen, désireux de vivre activement la Cité, devrait-il encore se faire "représenter" par des "élus" qui, quatre fois par an, vont se tenir entre eux dans la capitale pour prendre des décisions ?
     
    Se tenir entre eux. La politique suisse, à tous les échelons, frappe par la capacité de sa classe politique à se tenir entre elle. On se tient les pouces, ou la barbichette. On se tutoie. On se congratule. Surtout, on s'entend, entre adversaires, pour défendre l'institution parlementaire, comme si elle devait être éternelle. La démocratie directe, on la prend de haut. On la raille. On la vilipende. On la conspue.
     
    Cela traduit quoi ? Une peur ! Celle de perdre ses chères prérogatives de corps constitué. Alors, ils disent "Nous sommes l'institution". C'est faux ! Ils sont l'institution, mais le peuple, sous la forme du suffrage universel, en est une, autant qu'eux. Ils nous mentent donc, sciemment, car nombre d'entre eux sont juristes, et sont passés par le droit constitutionnel. Ils nous trompent, pour s'élever et pour nous diminuer. Ils nous prennent de haut, pour survivre dans leur éternité constituée.
     
    Ils ont tort. Ils livrent un combat d'arrière-garde. Partout en Europe, y compris en France, la voix des peuples gronde. De plus en plus, elle se fera entendre. Plus les corps intermédiaires voudront la mettre en sourdine, plus la colère populaire montera en puissance. C'est cela, d'en bas, qui fera basculer les régimes. Un élément y apporte son inexorable concours : la prodigieuse évolution des modes de communication, les chemins de la connaissance par le numérique, la capacité de tous à accéder au savoir, qui fera tomber en poussière les antiques Sorbonnes.
     
    Je vous parle d'un temps que je ne connaîtrai pas. J'ai dit : plusieurs décennies, peut-être un siècle, un siècle et demi. Mais je suis sidéré de voir, dans la caste parlementaire, le refus dogmatique de prendre en compte cette évolution. On s'accroche à la survie d'un monde perdu, on se refuse à entrevoir celui qui émerge. On échappe à son temps, pour sauver ses prébendes.
     
    Exactement de la même manière, dans les années 1780, les plus brillants esprits français, y compris parmi ceux qui célébraient les Lumières, s'accrochaient désespérément à leurs privilèges d'Ancien Régime. Leur cerveau était peut-être éclairé. Mais leur ventre demeurait prédateur.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Allemagne : la profanation du réel

     
    Sur le vif - Vendredi 25.12.20 - 17.35h
     
     
    L'éditorial du Temps sur Angela Merkel dénote une méconnaissance des réalités allemandes d'aujourd'hui, des chemins du destin allemand depuis 250 ans, et surtout de la forme que vont prendre nos démocraties, en Europe, ces prochaines années. Moins de "représentation", davantage de démocratie directe. En Allemagne, comme ailleurs !
     
    Trop facile d'étiqueter comme "populistes" ceux qui, partout en Europe, prônent cette démocratie renouvelée, contestent Bruxelles, veulent renouer avec les souverainetés nationales, rendre aux peuples la puissance de leurs voix.
     
    L'auteur, qui n'en est pas à son coup d'essai, croit encore au "multilatéralisme" comme modèle de la politique étrangère allemande, il se fait donc duper par les apparences, et ne voit pas la progression fulgurante, depuis 1989, de l'idée nationale allemande, y compris dans les relations de l'Allemagne avec ses Marches orientales, Ukraine comprise.
     
    Et dans la guerre des Balkans, elle a joué quel jeu, l'Allemagne ?
     
    Le même auteur continue de stigmatiser comme "populistes" les visions alternatives au Zentrum douillet de Mme Merkel. Qu'il se rende dans l'ex-DDR, Saxe, Prusse, Thuringe, pour juger de l'état social réel du pays. Notamment en lien avec la vague migratoire de l'automne 2015. Il ne sent pas la colère monter, inexorablement, dans les plus défavorisées des Allemagnes ?
     
    Enfin, il cite comme Chanceliers de référence, depuis la Guerre, Adenauer et... Schroeder ! A-t-il seulement entendu parler de Willy Brandt, et de son Ostpolitik ?
     
    C'est le type même de l'édito, éternellement recommencé depuis des décennies, qui refuse de prendre en compte la dimension passionnelle, onirique et culturelle de l'idée nationale allemande, d'autant plus redoutable que, depuis trente ans, elle avance masquée. L'officialité du pouvoir ne veut surtout pas en faire état.
     
    Pour saisir cette idée-là, il faut un peu moins de science politique, version HEI, lectures anglophones & Co, et un peu plus d'immersion, par exemple, dans les Allemagnes littéraires et rebelles à la convenance ambiante. Sans oublier les auteurs issus de l'ex-DDR. Bref, des voies de représentation - du symbolique et du réel - un peu moins normées que les communiqués diplomatiques de Mme Merkel, de Bruxelles et de l'OTAN. Les séances de rédaction du Temps intègrent-elles ce type de paramètres ?
     
    L'observateur de la vie politique n'a-t-il pas pour mission de décrypter ce que le profane ne peut pas toujours déceler seul ?
     
     
    Pascal Décaillet