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  • PDC genevois : mon désaccord, mais aussi mon respect !

     

    Sur le vif - Vendredi 23.08.18 - 19.19h

     

    Je vais vous surprendre, mais je salue le PDC genevois dans son soutien à l'adhésion de la Suisse à l'Union européenne. Oh, j'y suis pour ma part plus opposé que jamais. Mais en abattant cette carte, le PDC propose une option claire, identifiable : il simplifie un ensemble d'équations trop complexes. Au demeurant, il fait acte de courage : un Suisse sur quatre, seulement, est favorable à l'adhésion. Cette fois, on ne peut pas dire que le PDC GE aille dans le sens du vent.

    Je suis la politique européenne de la Suisse depuis plus de trente ans. Je l'ai suivie de très près pendant mes longues années à la RSR, j'ai couvert la votation EEE du 6 décembre 1992, et toutes les autres, notamment sur les bilatérales. Je suis d'encore plus près l'Histoire de l'Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, CECA, puis Traité de Rome (1957), extension à douze, puis dix-huit, aujourd'hui vingt-huit. J'ai beaucoup écrit sur le poids de l'Allemagne depuis 1989, c'est l'un des thèmes qui m'habitent le plus profondément.

    Citoyen, je combats absolument l'idée d'une adhésion. Mais pas du tout la nécessité d'en parler, de se proclamer pour ou contre, d'en découdre, d'en débattre. Car au fond, l'enjeu de destin est là : dire oui, ou dire non à l'adhésion. L'extrême complexité de nos relations avec Bruxelles, avec toujours cette revendication d'un statut spécial pour la Suisse, posait déjà problème dans l'essence et la nature mêmes du débat EEE de 1992. Pourquoi diable la Suisse n'aurait-elle pas le droit de se poser franchement la seule question qui vaille, celle d'en être, ou de n'en être point ?

    Je pense que la réponse serait non. Je milite à fond pour ce non. Je suis, pour une fois, dans l'opinion majoritaire de mes concitoyens. Mais en aucun cas je ne reprocherais à une formation politique d'avoir le courage de poser la vraie question. Je suis assez souvent minoritaire, dans mon propre pays, pour ne pas saluer ceux qui osent une position qui paraît perdue d'avance.

    Au PDC genevois, je dis donc mon total désaccord. Mais mon respect, pour sa clarté et son courage. Il est parfois nécessaire, en politique, de frôler le suicide pour libérer, dans l'éther, quelques fragments de lumière.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Ce cher M. Kouchner au Kosovo

     

    Sur le vif - Jeudi 22.08.19 - 16.14h

     

    "Administrateur de l'ONU pour le Kosovo" : derrière ce titre ronflant, prétentieux, laissant entendre que l'impuissance multilatérale pût exercer la moindre influence sur le destin des Balkans, qu'a fait Kouchner ?

    Réponse : il a laissé faire l'OTAN. Il a laissé faire les États-Unis, dont le but, dès le début des guerres balkaniques (1990), et à vrai dire bien avant, était d'avoir enfin une tête de pont dans l'ex-Yougoslavie. Il a laissé faire les services secrets allemands, qui ont soutenu les mouvements pan-albanais pour affaiblir les Serbes. N'y a-t-il vu que du feu ? Qu'a-t-il fait contre les règlements de comptes anti-Serbes, dans les villages ? Qu'a-t-il fait contre le trafic d'organes ?

    Avait-il seulement conscience de tout cela ? A-t-il, au fond de lui-même, alors qu'il était plongé dans les réalités viscérales des Balkans, vraiment cru, une seule seconde, à l'immensité fictive de son titre, à une mission "d'administrateur" qui ne pouvait conduire qu'au paroxysme de la naïveté, ou (plus grave) à une forme de complicité dans le silence ?

    Envoyer Kouchner au Kosovo ! Tant qu'on y était, on aurait pu y déléguer Cohn-Bendit, ou BHL. Envoyé un illuminé du messianisme universaliste français, arrogant et donneur de leçons à l'humanité entière, dans une région du monde dont l'extrême complexité exige de longues années de lectures et d'ascèse historique.

    L'Histoire, M. Kouchner ! L'étude, en profondeur, des faits, sans jugements moraux. L'étude des peuples et des nations, de leur identité construite à travers les siècles, de leurs mythes fondateurs, de leurs écrivains. L'étude de leurs guerres, de leurs traités, de leurs alliances, de leurs trahisons, de leurs contradictions internes. Comme vous aviez étudié la médecine, vous eussiez dû vous plonger dans l'Histoire des Balkans, pas dans la morale à deux dinars !

    Au moment où resurgit - il était temps - le passé de certains dirigeants du Kosovo, caricaturalement épargnés par les services de Mme Del Ponte, qui ne songeait qu'à étriller le Serbe, il est bon de se souvenir de l'épisode de ce cher M. Kouchner, le king de l'ingérence, dans cette région des Balkans dont il ne connaissait manifestement rien de l'Histoire. Juste se faire une pub mondiale, sur un titre totalement bidon.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Le sociétâââl ? Non : le SOCIAL !

     

    Sur le vif - Jeudi 22.08.19 - 10.34h

     

    En fin de législature, Mme Fontanet, dont je pense le plus grand bien, ne sera pas jugée sur ses grandes déclarations, idéales pour lustrer le blason, sur les valeurs sociétâââles. Mais sur la mission qui est sienne : sa capacité à réduire la pression fiscale qui étouffe la classe moyenne à Genève.

    Si cette classe moyenne se trouve, au final, tondue pour compenser les cadeaux aux multinationales, alors ce ne sera plus le sociétâââl qui incendiera les esprits à Genève. Mais une authentique, une bonne vieille Révolution SOCIALE. Dont le parti de Mme Fontanet pourrait être, en passant, amené à souffrir considérablement.

    Dans nos sociétés bourgeoises, depuis 1789, ça n'est pas le prolétariat qui conduit les Révolutions. Mais les classes moyennes.

    Le societâââl, c'est le paravent des bobos pour simuler l'universalisme, et bien ignorer les souffrances locales. Les blessures SOCIALES d'ici et de maintenant. Hic et nunc.

     

    Pascal Décaillet