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  • La France aveuglée

     

    Sur le vif - Jeudi 16.03.17 - 09.35h

     

    "La France va mieux : elle est scandalisée par sa classe politique". Titre de l'édito de la TG.

     

    Je suis en désaccord total avec cet édito. En quoi le fait de s'engouffrer dans les "révélations" d'une certaine presse manipulée par ses chères "sources" serait-il le révélateur d'un quelconque "mieux" ?

     

    Je n'ai jamais, une seule seconde, confondu la morale avec la politique. Dans une élection, la seule question qui compte est : "Le candidat a-t-il l'étoffe pour assumer la fonction ?".

     

    Pour ma part, je me contrefiche de sa perfection morale, de sa situation conjugale, de sa vie privée. Ses qualités ou ses défauts, je les juge uniquement à son aptitude, ou non, à conduire l'Etat. Si un bateau est dans la tempête, confions le gouvernail au meilleur pilote, c'est tout.

     

    Je le reconnais : je ne tiens pas en très haute estime intellectuelle les gentils moutons qui se laissent avoir au jeu des "révélations", qui prennent des airs effarouchés, "Je n'ai plus confiance en lui", etc. Ils sont à côté du sujet. À côté de l'essence même de la politique. En France, ils pataugent dans la plus crasse méconnaissance de leur propre Histoire : croyez-vous que Mazarin, Talleyrand, fussent des gens irréprochables ? N'ont-ils pas, pourtant, été l'un et l'autre des hommes avec une dimension d'État ?

     

    Sans compter que ces "révélations", venues toujours des mêmes journaux, accablent toujours les mêmes, épargnent toujours les mêmes. À cet égard, la singulière immunité dont jouit M. Macron a tout de même de quoi étonner.

     

    Non, Cher Confrère de la TG, dont l'édito ressemble à la prédication d'un pasteur scandinave, la France ne va pas "mieux" au prétexte qu'elle s'étrangle d'indignation face à des "affaires" non-pertinentes pour juger de l'essentiel. En quoi est-ce aller "mieux" que de sombrer dans la naïveté collective, la candeur de troupeau, la profonde méconnaissance des mécanismes de l'Histoire ? En quoi est-ce aller "mieux" que se laisser manipuler benoîtement par une presse instrumentalisée par ses "sources" ? Face à l'impératif de lucidité, en quoi la cécité devrait-elle être une vertu ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Assurance maladie : la parole au peuple !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.03.17

     

    C’est comme en mathématiques : il y a un moment, si on veut résoudre le problème, où il faut simplifier l’équation. C’est dans cette optique, fort saine en politique, qu’il faut considérer les deux initiatives populaires fédérales annoncées samedi 11 mars par la RTS, à propos de l’assurance maladie. Derrière ces textes, on retrouve deux acteurs majeurs en Suisse romande : les conseillers d’Etat Mauro Poggia (GE) et Pierre-Yves Maillard (VD), l’un et l’autre chargés de la Santé. Au-delà du contenu de ces initiatives, c’est un moment fort dans l’Histoire politique de notre pays : deux magistrats exécutifs cantonaux, lassés de l’impuissance du Parlement fédéral, préfèrent saisir le peuple, rendant ainsi un hommage incroyable à notre démocratie directe comme ultime recours, lorsque plus rien n’avance.

     

    Le but de cette double initiative, c’est de faire bouger les choses, dans un domaine où l’interminable ping-pong parlementaire fédéral n’aboutit qu’à des matches nuls, accentuant l’image d’une paralysie du système. Avec, aussi, un conseiller fédéral, chargé de la Santé, trop soucieux de ménager chèvre et chou, et dont l’audace visionnaire ne saute pas aux yeux. Assurément, si l’Assemblée fédérale avait placé à ce poste un Pierre-Yves Maillard, comme si elle avait osé le choix de la Saint-Galloise Karin Keller-Sutter, nous n’en serions pas là : la Suisse paie cher le manque d’audace des 246 parlementaires qui choisissent le Conseil fédéral, et préfèrent si souvent, à tort, se passer des caractères trop forts.

     

    La première initiative veut interdire aux parlementaires, à Berne, de siéger dans les instantes dirigeantes des Caisses. La seconde, qui reprend l’esprit d’un texte de la FRC (Fédération romande des consommateurs) veut permettre la création d’institutions cantonales – ou régionales – chargées de fixer et d’encaisser les primes. Un projet qui était déjà sur toutes les lèvres, le soir même de l’échec (61,8%) de l’initiative fédérale sur la Caisse publique d’assurance maladie, le 28 septembre 2014. Deux textes forts, donc, puisqu’ils touchent aux collusions d’intérêts, si manifestes sous la Coupole, et à la structure fédéraliste de notre pays. A coup sûr, ces deux initiatives méritent, si elles obtiennent les signatures, un vaste débat national. Avec, un beau dimanche, le peuple qui tranche. Notre politique de santé, beaucoup trop complexe, a besoin de clarté, de légitimité, de courage dans les choix. L’équation a besoin d’être simplifiée.

     

    Surtout, l’appel au peuple constitue un signal remarquable. Il montre qu’en Suisse, chacun peut actionner la démocratie directe. Y compris des conseillers d’Etat ! MM Maillard et Poggia sont loin d’être seuls, des gens travaillent déjà dans les comités d’initiative, l’affaire est préparée, elle ne sent pas l’improvisation. Pour la suite, nous verrons. Mais une chose est sûre : lorsque tout est bloqué, lorsque plus rien n’avance, saisir le suffrage universel, en provoquant un grand débat, dans tout le pays, peut être l’occasion d’une délivrance. On ose au moins l’espérer.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Inculpé ? Et alors !

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    Sur le vif - Mardi 14.03.17 - 16.06h

     

    Inculpé ? Et alors ! Inculpé pour cette histoire d’emploi fictif, avec laquelle on nous pourrit la campagne depuis des semaines. Une certaine presse nous sort ça, personne ne n’interroge sur les sources, personne ne se demande à qui tout cela profite.

     

    Inculpé ? Et alors ! Que les juges fassent leur boulot, nous verrons bien.

     

    Inculpé ? Et alors ! Là, nous sommes dans une campagne pour la Présidence de la République française. Le peuple de France, consulté par référendum par Charles de Gaulle en 1962, a décidé que cette élection aurait lieu, dès lors, au suffrage universel. Ce fut le cas, dès décembre 1965. Puis, en 1969, 1974, 1981, 1988, 1995, 2002, 2007, 2012. Je les ai toutes suivies, à fond.

     

    Inculpé ? Et alors ! Une élection par le peuple n’exonérerait certes pas l’élu de répondre de l’affaire de l’emploi fictif. La loi stipule qu’il aurait à le faire au terme de son mandat, ou de ses mandats.

     

    Inculpé ? Et alors ? A part quelques moralistes, principalement issus du camp politique adverse, les gens sont lucides, et font parfaitement la part des choses. Il y a la question de l’emploi fictif, très bien. Et puis, il y a la question de savoir si François Fillon ferait un bon Président. Aucune de ces deux questions n’a à annuler l’autre, nous sommes dans un État de droit, nul n’est au-dessus de lois, c’est entendu. Mais elles sont PARFAITEMENT SÉPARÉES. L’une est d’ordre juridique. L’autre relève du seul ordre qui vaille dans une élection qui engage le destin du pays : l’ordre politique.

     

    Inculpé ? Et alors ! Nous n’avons pas étudié l’Histoire de France, lu toutes ces centaines, ces milliers de biographies historiques, de Mazarin à Talleyrand, de Richelieu à Clemenceau, pour nous laisser impressionner par le petit jeu de la morale que cherchent à instiller, pour des raisons d’adversité politique, ceux qui veulent la peau de François Fillon.

     

    Inculpé ? Et alors ? Sur l’emploi fictif, les juges jugeront. Sur le reste, qui est des millions de fois plus important, le suffrage universel tranchera. J’écris tous cela, d’autant plus volontiers, d’autant plus librement, que M. Fillon n’est pas mon candidat, pour cause de profondes divergences sur les questions économiques. Il est libéral, je ne le suis pas. Il croit encore en l'Europe, moi pas. Mais mon estime, de jour en jour, pour le courage et la ténacité de cet homme, vont assurément en s’accroissant.

     

    J’aime les hommes seuls. Et les causes perdues.

     

     

    Pascal Décaillet