Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 8

  • L'homme qui nous aime tous

    XVMb96bc9de-e186-11e6-a9f2-d7d0570b818b.jpg 

    Sur le vif - Jeudi 02.03.17 - 16.07h

     

    Un candidat surgi du néant. Un homme sans passé, qui viendrait se fiancer avec l’avenir. Un homme charmant, en vérité, gendre idéal, tiré à quatre épingles, souriant, charismatique au milieu des foules, télévangéliste : « Je vous aime, je vous aime tous ! ».

     

    Un homme qui a d’abord commencé par exister comme officiant de grands-messes, avant même de dévoiler la moindre parcelle de programme. On venait le voir, lui, l’homme, le phénomène, indépendamment de toute espèce d’orientation politique pour l’avenir de la France. D’ailleurs, pourquoi s’embarrasser encore de programmes ?

     

    D’où sort cet homme ? On ne sait rien de lui. Son parcours politique est tout récent, tout frais. Il a fait figure d’homme de droite dans un gouvernement de gauche, il a joué les orléanistes sous les lambris de la République, il est parti, il a fait campagne, il nous aime, il nous aime tous.

     

    Il a réussi le tour de force, unique dans les annales de la Cinquième, d’occuper avec brio la piste aux étoiles, jusqu’au 2 mars de l’année d’élection, à seulement quelques semaines du premier tour, sans rien dévoiler qui pût, de près ou de loin, ressembler à un programme. Il fallait d’abord assurer la visibilité de l’homme, comme dans la promotion d’un produit, les détails ne viendraient qu’ultérieurement. Il s’est vendu lui-même, comme une crème de beauté. Un élixir. La promesse d’une Aurore Boréale.

     

    D’où vient cet homme, de quelles arctiques latitudes ? Il n’a, dans son sillage, ni Fuites, ni Observatoire, ni bruit, ni odeur, ni emplois fictifs, ni Libération de Paris. Ah, si : il a la banque privée, comme Pompidou. Il y aurait appris « la grammaire des affaires ». Sujet, verbe, complément : je vous aime, je vous aime tous.

     

    Mais y avait-il un monde avant la grammaire ? D’où sort cet homme ? De quels Limbes, de quelle innocence, feinte ou réelle ? Homme nouveau, Kennedy, Pepsodent, Lecanuet, réformateur, on la connaît la musique. On la connaît, mais elle marche : les tubes s’arrachent, chez le charmeur aux dents blanches.

     

    Au-delà de l’homme, d’où vient cette candidature ? Qui la soutient, qui la finance ? En France, seulement ? Aux Etats-Unis, dans quelque officine de la Côte-Est ? Dans les milieux d’affaires, ceux qui ont intérêt, à tout prix, à sauvegarder le système de libre circulation du Capital ? Et si cette candidature, d’apparence si fraîche, si spontanée, avait été, en réalité, mûrement préparée, depuis longtemps, pour faire pièce, non à M. Fillon, qu’il s’agissait d’éliminer en premier, mais au vrai danger : celui d’une ascension protectionniste, régulatrice des flux migratoires, opposée à l’Euro, à l’Union européenne ? Emmanuel, promesse boréale de la victoire contre celle qui fait vraiment peur, de New York à Bruxelles.

     

    En attendant, il est là. Frais comme un gardon. Il n’a toujours pas vraiment de programme, si ce n’est l’habituel fatras (mais chez la plupart des autres aussi) où tout est évoqué, sauf les intérêts suprêmes de la Nation, qui sont pourtant la seule chose qui compte, à l’Elysée. Mais foin de programme ! Laissons là ces enfantillages. Il s’agit de paraître. Le prochain meeting nous attend, le prochain cirque. Il nous aimera, il nous aimera tous. Pour des Aurores qui chantent.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Fillon, un homme debout

    7787276427_francois-fillon-le-15-fevrier-2017.jpg 

    Sur le vif - Mercredi 01.03.17 - 15.43h

     

    J’ai toujours aimé ceux qui se battent. Seuls contre tous. Face à un destin contraire, à l’inéluctable. Face à ce qu’il faudrait faire si l’on était raisonnable : abandonner, parce que les vents adverses sont trop puissants, se résigner.

     

    Je l’ai déjà dit, François Fillon n’est pas mon candidat. A cause de son libéralisme économique et social, et aussi à cause de sa relation à l’Union européenne. Mais pour le reste, quel homme ! Il en a fallu, du courage, aujourd’hui 12.30h, pour monter sur l’estrade, calme et souriant, et nous faire entendre d’une voix claire l’un des plus beaux moments de contre-attaque de l’Histoire de la Cinquième. J’ai pensé, par moments, au 30 mai 1968, retour de Baden-Baden : « Je ne me retirerai pas ». Je doute être le seul de ma génération à avoir, en ce moment précis, fait cette association.

     

    Certains diront qu’il est suicidaire. Peut-être. Mais il a choisi le combat, là où l’abandon eût été plus simple. Plus reposant. Dans les moments de crise extrême, la tentation de « laisser faire » est parfois immense. Il a choisi de n’y point céder. Cette attitude politique, au-delà de savoir s’il faut plus ou moins d’Europe, plus ou moins de fonction publique, m’a, à l’instant même où s’envolaient ses paroles, subitement rapproché de cet homme ombrageux et discret, à la détermination farouche.

     

    J’ignore absolument ce qui va se passer. J’ignore qui sera au deuxième tour, qui sera Président. Je n’en ai strictement aucune idée. Je ne veux pas brûler les étapes. Il reste de longues semaines d’une campagne qui peut encore rebondir dans tous les sens. Ce qui compte pour moi, aujourd’hui 12.30h, c’est d’avoir vu un homme debout. Un homme en armes. Un homme qui s’apprête à continuer le combat.

     

    Monsieur Fillon, les juges se prononceront sur les différentes « affaires » qui vous concernent, vous ou votre entourage. Mais je souhaite, avec une infinie vivacité, que le seul juge de votre destin national soit le corps électoral français. Ces millions de citoyennes et citoyens qui, chacun en conscience, décideront, le jour et l’heure venus, du rôle que vous aurez à jouer pour l’avenir de ce pays.

     

    Pascal Décaillet