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  • La désespérante uniformité de la presse romande

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    Sur le vif - Dimanche 12.03.17 - 14.05h

     

    Ils disent tous la même chose. Ils vomissent sur Trump, sur Poutine, sur Erdogan, ils ont encensé Mme Clinton, Obama. Ils soutiennent les gentils Kurdes sur la place des Nations, comme ils ont embrassé, jusqu’à l’étreinte, la cause albanaise, dans les années 1990. Ils n’en peuvent plus de défendre l’Union européenne, Mme Merkel, et maintenant Macron, figuré comme l’ultime rempart avant la Bête immonde.

     

    Ils disent tous la même chose. Depuis deux décennies, ils ont défendu la libre circulation des personnes, en Suisse. Ils ont sanctifié le flux, diabolisé la frontière, ridiculisé comme des arriérés les partisans des nations. Aujourd’hui, le vent tourne, alors ils commencent à se convertir. Ils avaient vingt ans pour le faire, ne l’ont jamais fait. Quand vous écriviez contre la libre circulation, il y a cinq ans, dix ans, comme je l’ai toujours fait, ils vous traitaient de nostalgique, de xénophobe.

     

    Ils disent tous la même chose. Depuis plus d’un quart de siècle, ils conspuent l’UDC. Ils ont combattu férocement l’initiative du 9 février 2014, sur l’immigration de masse, ils ont perdu, ils ont multiplié la hargne pour empêcher à tout prix son application. Ils ont réussi : ce que le Parlement nous propose n’est qu’une soupe, un brouet.

     

    Ils disent tous la même chose. Ils adorent le Pape François, si gentil, si moderne, dans la douce tiédeur de son aggiornamento. Ils s’agrippent et s’accrochent à la démocratie représentative, exècrent la démocratie directe, n’ont qu’un mot à la bouche : « populiste ».

     

    Ils disent tous la même chose. A commencer par les « humoristes », qui n’ont jamais été autant les suppôts du pouvoir, de l’ordre en place. Eux qui devraient exalter les vertus maléfiques de la Marge, les voilà tueurs du premier venu des marginaux. Niveleurs. Régulateurs. Géomètres du bémol. Laissez-moi rire.

     

    Ils disent tous la même chose. Ceux qui meurent, ceux qui survivent. Rescapés, miraculés, ils ne tirent nulle leçon des naufrages. Ils répètent. Ils distillent leurs incantations. Ils prient. Ils ne sont plus dans le discours, mais dans la liturgie. Et leurs syllabes, comme fumée de sacrifice, s’épanchent et se répandent. Elles conquièrent, lentement, inexorablement, leur droit imprescriptible à la disparition.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'agenda de M. Plenel

     

    Sur le vif - Samedi 11.03.17 - 11.27h

     

    La France va mal. Jamais les Français n'ont eu autant besoin qu'on leur parle de leurs vrais problèmes : qualité de vie, santé publique, sécurité sociale, emploi, immigration, pouvoir d'achat, sécurité, formation, etc.

     

    Jamais ils n'en ont eu autant besoin. Et jamais, dans cette interminable pré-campagne inaugurée par d'inutiles "primaires", on ne leur en a aussi peu parlé ! Là est le vrai scandale, la nauséabonde disparition des thèmes, au profit des faux scandales autour des personnes, flinguer l'un, mitrailler l'autre, un jour une affaire Fillon, demain une affaire Macron, allez savoir.

     

    Le seul moment qui, pour moi, fut de lumière et d'intelligence, aura été le débat entre MM Valls et Hamon. J'y ai senti planer l'âme de Pierre Mendès France, il y avait de la vision, de la précision, de la compétence.

     

    Fillon ? Je ne partage en rien ses thèses libérales et européennes, encore moins sa volonté de démanteler la fonction publique. Mais j'aurais bien aimé qu'on en parle ! Autrement intéressant, tout de même, que le roman-fleuve sur le putatif emploi fictif de son épouse.

     

    Je vais vous le dire franchement : que Mme Fillon ait eu ou non un emploi fictif, JE M'EN FOUS. Les juges s'en saisiront, c'est leur boulot. Mais, si j'étais citoyen français, et si je partageais les idées de Fillon, cette affaire ne pèserait EN RIEN sur mon vote. Je dis bien : EN RIEN. Je n'ai pas étudié l'Histoire, lu des milliers de biographies politiques, de Bismarck à Mazarin, de Guizot à Willy Brandt, pour me laisser impressionner par des "révélations" manipulées par des sources bien intentionnées, et surtout d'un intérêt totalement mineur. Ce qui compte, c'est la capacité du candidat, ou non, à gérer le pays.

     

    Résultat : on approche du terme, on n'a pas encore parlé des thèmes ! L'indépendance du pays. Sa souveraineté. Sa grandeur et son rayonnement dans le monde. Son rapport avec l'Europe. Sa monnaie. La survie de ses paysans. Etc. On n'a fait que suivre, comme des moutons, l'agenda de M. Plenel et de ceux qui l'instrumentalisent. Que surgisse, d'ici l'élection, un homme - ou une femme - capable de parler des vrais problèmes, rompre avec ce cirque et laisser monter le sentiment tellurique du peuple, la victoire sera à portée de sa main.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Cyril et Benoît

     

    Commentaire publié dans GHI - 08.03.17

     

    En se déclarant hostile, dans une interview à la Tribune de Genève, à la libre circulation des personnes, le conseiller national PLR Benoît Genecand s’en est-il véritablement pris, comme on l’a dit, à l’ADN de son parti ? A-t-il commis le crime d’attaquer l’Arche Sainte, celle qui porte le dogme, intouchable ?

     

    A ces questions, la réponse est non. Malgré toutes les orgues de Staline qu’ont pu lui envoyer, en réponse, les caciques de son parti, le principe de libre circulation n’est, en réalité, qu’une acquisition récente, dans l’Histoire de la structure aujourd’hui appelée « PLR ». Le 6 décembre 1992, Jean-Pascal Delamuraz ne défendait en aucune façon la seule libre circulation des personnes, il se battait pour un ensemble, certes complexe, mais avec une part avant tout législative et institutionnelle. Le tout fut, comme on sait, refusé.

     

    La vraie libre circulation, votée en soi par le peuple le 21 mai 2000, est beaucoup plus récente. Longtemps, les radicaux furent protectionnistes, Delamuraz a même dû les convaincre de combattre les cartels. Et nos libéraux, en Suisse romande, n’étaient pas des ultras, avides de profit instantané. Il n’y a donc rien, dans l’Histoire et la philosophie politique du PLR, qui puisse permettre d’ancrer la libre circulation dans la profondeur des antécédents. Benoît Genecand, puis le député Cyril Aellen, demandent qu’il y ait « au moins débat ». C’est le moindre de leurs droits. Honneur au courage de ces deux personnalités politiques.

     

    Pascal Décaillet