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  • LRTV : ultimes mots, sur l'essentiel

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    Sur le vif - Vendredi 12.06.15 - 17.31h

     

    Les gens devaient parler du mode de perception de la redevance, ils ont parlé du service public, on leur a dit que c’était hors sujet, ils ont quand même parlé service public, parce que jusqu’à nouvel ordre, on parle de ce qu’on veut.

     

    Et puis, si le sujet a débordé, il faut croire qu’il y avait de quoi, et que la tentation, dans l’opinion publique, d’aller soulever  « le vrai problème » était brûlante. C’est bien, on aura pris un peu d’avance, comme les bons élèves, puisqu’il paraît que le débat sur le service public, « c’est l’année prochaine ». Si tout va bien. Et puis l’année d’après, on fait quoi ? On tombe amoureux ? Quel jour, de 2017 ? A quelle heure ? Et puis, en 2018, allez disons qu’on meurt. Si possible, un mardi.

     

    Dans ce débat, on a entendu à peu près tout le monde, sauf les professionnels. Ceux qui font, depuis des décennies, jour après jour, des émissions. De radio ou de TV. Dans le service public, ou sur des chaînes privées. C’est singulier. Parce que sur le DPI, par exemple, on a quand même donné un peu la parole à des médecins. Je l’ai fait pour ma part, avec une remarquable gynécologue.

     

    Mais là, l’essentiel, il est où ? Pas dans le mode de perception de la redevance, c’est sûr. Alors, en conclusion de cette campagne, je vais vous proposer une autre piste. Elle m’est personnelle, mais je pense que nombre de confrères la partagent. L’essentiel, ça n’est pas de savoir si on travaille pour le public (SSR) ou pour le privé. En trente ans de journalisme, j’ai commencé par le privé (Journal de Genève), passé de longues année dans le public (RSR), puis, depuis une petite décennie, retour au privé pleins tubes, comme petit entrepreneur, et même employeur. Donc, les deux facettes, je connais.

     

    Dans le public comme dans le privé, j’ai été heureux. Pour une bonne raison : partout où j’exerce un boulot (c’était déjà le cas comme prof d’allemand), je trouve un intense bonheur. J’ai cette chance, c’est vrai. Heureux à la SSR, heureux dans le privé. Créatif, inventeur d’émissions, dans l’un comme dans l’autre. Les gens n’ont aucune idée de la journée, la semaine, l’année d’un producteur d’émissions quotidiennes : on vit avec l’émission, on la porte, on la materne. On pense à celle du soir, avec vue sur les jours suivants. C’est un très grand privilège d’exercer ce métier. On y donne de soi, énormément. Trop, peut-être. La santé peut être amenée à en pâtir, je me hasarde à le penser.

     

    Alors, voyez-vous, quand on porte la « maternité » (j’insiste sur ce mot) d’une émission quotidienne, je vous jure mes grands dieux qu’on se contrefout de savoir si on la produit pour le public ou pour le privé, comme salarié ou comme indépendant. On a juste une seule obsession : l’émission elle-même. Le reste de l'univers n'existe plus. Chaque soir, une mise au monde. Tiens, je parlais d’une gynécologue, c’est amusant.

     

    L’essentiel, chers amis, c’est de continuer à avoir en Suisse, dans le public comme dans le privé, en écrit, en radio, en TV, sans oublier surtout les nouveaux médias qui émergent, des gens qui AIMENT LEUR MÉTIER. J’en connais plein, à la SSR comme ailleurs. Je les lis, je les écoute, je les regarde. Encore faut-il que cette qualité de savoir-faire soit repérée, mise en valeur, par les apparatchiks qui gravitent dans les étages. Là, disons que ça commence à devenir un peu plus compliqué. Parce que l’autre problème, c’est justement qu’ils existent, ces fantômes organiques.

     

    Et puis, l’autre problème encore, c’est l’existence d’étages. Parce que ces derniers supposent un bâtiment, une superposition de dalles, une structure, du béton armé, toutes choses qui s’accommodent assez mal avec l’idée que je me suis toujours faite d’une entreprise créatrice de médias. J’ai toujours prôné - avec des centaines de preuves par l'acte - la radio debout, en mouvement, à l’extérieur, sur le terrain : je pense que quelques frères d’armes, en me lisant, voient à peu près de quoi je parle. Bref, simplifions l’équation : pour supprimer les apparatchiks d’étages, deux mesures s’imposent : 1) suppression des apparatchiks ; 2) suppression des étages. Pas belle, la vie ?

     

    Allez, moi je vous dis qu’elle est belle. Et j’ajoute – mais vous vous en doutiez – que le mode de perception de la redevance, je n’en ai strictement rien à braire. Alors, quand on parle de médias, songeons à l’essentiel. Il y est question de plaisir et de qualité du métier. De transmission. De la parole qui prend forme, s’incarne, passe de l’un à l’autre, comme une comète. Et au fond, tisse un lien entre les humains. Alors dimanche, nous verrons bien. Mais croyez-moi : lundi, il y aura toujours des journaux. Et, pour les faire, des journalistes. Et pour l’immense majorité d’entre eux, au cœur de tout, l’amour du métier. Je n'ai que très peu entendu parler de cela pendant la campagne. Dommage : c'était juste l'essentiel.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • "Associations" : inverser le fardeau de la preuve

     

    Sur le vif - Vendredi 12.06.15 - 09.55h

     

    Pléthore d'associations automatiquement subventionnées en Ville de Genève, entendez que leurs subventions, suite à un intensif lobbying en décembre, sont systématiquement renouvelées. Il faut inverser désormais le fardeau de la preuve. Ça ne doit pas être à la Ville de se justifier, si par aventure elle a l'audace de ne pas renouveler sa petite enveloppe. Non, c'est le contraire qui doit dorénavant se faire. Il faudrait tout remettre à zéro, tous les compteurs, partir de l'idée que la Ville ne doit, au départ, strictement rien à personne. Et ça doit être à chacune de ces "associations" de prouver, de façon publique et transparente, et non par lobbying éhonté de conciliabule, arrangé en amont avec les courtisans du magistrat concerné, pourquoi l'autorité municipale, représentante par délégation des citoyens et contribuables que nous sommes, devrait avec tant d'urgence lui verser de l'argent.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Ville de Genève : trop d'associations

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    Sur le vif - Jeudi 11.06.15 - 16.52h

     

     

    Il y a beaucoup trop « d’associations » en Ville de Genève, stipendiées par l’autorité municipale. Une véritable foison, dans tous les domaines imaginables. Tous les mois de décembre, on connaît le rituel : les permanents de ces « associations », au fond des fonctionnaires municipaux déguisés, viennent tendre leur obole auprès du délibératif de la Ville, au moment du Budget. On fait le siège des élus, on se frotte à leur compagnie, on se pique de sympathie, et finalement l’escarcelle se remplit.

     

    Je n’aime pas les « associations ». Encore moins, l’esprit associatif, qui m’est toujours apparu très antinomique à celui de la République. Je le dis franchement, je n’ai jamais aimé le principe de ces montres molles, ces structures flasques qui prétendent ne rien devoir à l’autorité élue, sauf qu’elles vont tous les ans lui solliciter l’aumône. On y retrouve d’ailleurs, comme par hasard, très souvent les représentants de partis de souche libertaire, pour lesquels l’Etat, l’institution, n’a qu’une existence lointaine, et s’il pouvait n’en point avoir du tout, ce serait parfait.

     

    Je n’ai jamais très bien compris, si telle activité (sociale ou culturelle, par exemple) est à ce point importante, pourquoi l’autorité (municipale, en l’espèce) ne la prend pas organiquement sous son aile, comme corps d’un ensemble, plutôt que de lui allonger chaque année prébendes ou subsides. Avec tout ce que ce petit jeu amène de pressions, de pouvoir à des roitelets, le pouvoir de la bourse, celui de délier. Et ils en rotent de jouissance, ces petits potentats municipaux, dans la Cour de l’un ou de l’autre, à la seule idée d’exercer cet arbitraire de vie ou de mort. Lequel doit être confirmé par le délibératif, d’où l’éternel petit jeu de pas perdus et de joies retrouvées.

     

    Je n’aime pas les associations. J’aime l’Etat. Ou, en l’espèce, la Ville. L’autorité démocratiquement élue, qui organise son administration, rend des comptes. Avec, au final, le peuple comme souverain. Ou plutôt le corps électoral : il n’a jamais été question que toute la population vote. Je n’aime pas ces réseaux de copinage en Ville de Genève. Je n’ai jamais compris, par exemple, pourquoi les deux grands théâtres subventionnés devaient dépendre d’une nébuleuse à la représentation complexe et pléthorique.

     

    Nous entrons, en Ville, dans une nouvelle législature. Avec une nouvelle majorité. Peut-être ne serait-il pas inutile que les élus se livrent cette fois, en profondeur, avant même d’attaquer le Budget 2016, à un audit un peu sérieux et professionnel de cette jungle d’associations. Ils pourraient, par aventure, y dénicher quelques doublons, inutilités, voire fictions, dont l’éventuelle disparition (au tableau des subventions) ne traumatiserait pas nécessairement l’opinion publique. Au besoin, par les mécanismes de la démocratie directe municipale, le peuple, pardon le corps électoral, pourrait à son tour empoigner ce chantier. Il n’est pas dit qu’il le fasse, lui, avec la traditionnelle onctuosité débonnaire des élus.

     

    Pascal Décaillet