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  • Philipp Müller, connaissez ?

     

    Chronique publiée dans "Tribune" (Le Journal du PLR vaudois) - No 1 - Mercredi 22.01.14

     

    Chers lecteurs du PLR vaudois, j’imagine que vous connaissez tous Philipp Müller. Votre président national de parti, Argovien, conseiller national, entrepreneur à succès, un homme simple avec un franc-parler qui n’a peur de rien, un homme qui dit les choses : « Nous ne sommes pas des représentants de l’élite ou de la haute finance, nous sommes un parti populaire », aime-t-il à répéter. Un « radical cassoulet », dirions-nous par ici, pas franchement rupin, un langage direct, et une volonté affichée : redevenir, en octobre 2015, le deuxième parti dans la Berne fédérale, donc dépasser le PS. Eh bien je vous le dis, amis PLR, c’est l’homme qu’il vous faut : son message passe bien, il est lisible, sans contorsions. Je n’étais pas insensible à la finesse intellectuelle d’un Fulvio Pelli, mais enfin dans la vie, il y a des moments où il faut simplifier les équations, si on aspire à les résoudre. Et puis, tout récepteur d’un message politique n’est pas nécessairement titulaire d’un double doctorat en métaphysique et en droit canon.

     

    Or, votre Philipp Müller, qu’a-t-il récemment déclaré ? Il a osé dire, à quatre semaines d’une votation capitale, que l’immigration en Suisse était trop importante : « Chaque année, 40'000 personnes de pays tiers arrivent en Suisse, dont 72% ne viennent pas en tant que travailleurs. C’est là que repose le problème ». Il votera certes non le 9 février, ne croyant pas au système des contingents, mais préconise davantage de sévérité en matière d’asile et dans la lutte contre les abus liés à la libre circulation. Bref, voilà un homme qui ne nie pas les problèmes. Il les constate, les pose, diffère de l’UDC (pour des raisons tactiques ?) sur les solutions, mais reconnaît implicitement que les initiants ont su toucher une corde sensible. Il a dit ces mots juste avant l’Assemblée des délégués PLR de Schwanden (GL), qui a rejeté quasiment à l’unanimité l’initiative « contre l’immigration de masse ». Ce rapport de forces, il pouvait le prévoir. Il n’a pourtant pas craint d’afficher une position pouvant être perçue comme minoritaire, donc affaiblissante : cela s’appelle du courage.

     

    Courage, mais aussi lucidité. Philipp Müller, en matière d’immigration, a ses idées, qui ne relèvent pas de l’angélisme : c’était lui, le père de l’initiative qui voulait faire plafonner à 18% la proportion d’étrangers en Suisse. Nous en sommes aujourd’hui à environ un quart : quelque deux millions sur les huit que compte notre pays. L’Argovien avait-il totalement tort ? En reconnaissant que l’immigration pose un problème, il ne s’affiche nullement comme xénophobe, ne disqualifiant nullement les personnes étrangères, il met simplement le doigt sur un problème. C’est bien le rôle du politique que de savoir flairer, identifier, diagnostiquer. Surtout, Philipp Müller prépare l’après-9-février. Quelle que soit la décision, les problèmes liés à une immigration surabondante demeureront. Avec ou sans les moyens préconisés par l’initiative (ces fameux contingents dont Müller ne veut pas), il faudra agir. Si ce n’est par un plafonnement, cela pourrait bien être par une sélection plus sévère qu’aujourd’hui des migrants, en fonction de leur apport réel sur le marché du travail. Cela vous paraît-il insensé ?

     

    En résumé, un président stratège et inventif. Un qui n’a pas peur. Un qui parle vrai. J’ignore si le PLR sera deuxième en octobre 2015. Mais dix hommes comme celui-là, et la chose sera possible.

     

    Pascal Décaillet

  • Oui avec le coeur, non avec la tête

     

    Sur le vif - Lundi 27.01.14 - 10.16h

     

    Oui, la Suisse a largement sous-estimé la vague migratoire de ces dernières années, oui il y a problème, mais surtout n’en profitez pas, bande de garnements, pour voter oui le 9 février : voilà ce qu’à sa manière – un rien plus ampoulée – nous dit ce matin le Temps, le journal dont la survie est défendue par toute l’officialité libérale suisse ainsi que les traditionnelles cigales hallucinées des cocktails. Le journal des patrons. Le journal « de l’économie ». Le journal des gens convenables.

     

    Cette rhétorique des opposants, je la décortique ici depuis des semaines : donner (presque) entièrement raison aux initiants sur le diagnostic, mais surtout ne pas leur en donner acte le 9 février. Puisqu’ils sont le diable. Cet argumentaire de sophistes, la quintessence nous en est offerte par mon confère Sylvain Besson, dans l’éditorial du Temps, ce matin : « L’immigration européenne se poursuivra. Dans un pays aussi exigu que la Suisse, les limites de cette croissance se feront sentir tôt ou tard. Le problème n’est pas de la stopper, mais de l’encadrer pour que ceux qui habitent la Suisse aujourd’hui continuent de s’y sentir bien. »

     

    « Le problème n’est pas de la stopper, mais de l’encadrer ». Mais, Cher Confère, c’est EXACTEMENT, LITTÉRALEMENT ce que propose l’initiative. Lisons-en le texte : il n’est pas écrit une seule seconde qu’il s’agisse de fermeture des frontières, mais de régulation des flux migratoires. RE-GU-LA-TION. Tout pays en a le droit. Nos voisins, d’ailleurs, ne s’en privent pas. Les opposants sont comme le Cancre de Prévert : ils disent non avec la tête, mais ils disent oui avec le cœur.

     

    Alors, puisqu’il s’agit « d’encadrer » les flux migratoires (80'000 personnes par an) « pour que ceux qui habitent la Suisse d’aujourd’hui continuent de s’y sentir bien », il existe le 9 février une solution plus droite, plus claire, plus simple et infiniment moins contorsionnée que les postures rhétoriques des opposants : voter oui.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'ouest, toujours l'ouest

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 24.01.14


     
    De mon lointain ouest, j’ignore tout de ce qui se trame en Valais. Oui, je commence par déclarer ici mon incompétence. Mon absence totale de renseignements, et de tout ce qui pourrait ressembler à un réseau, sur les affaires du Vieux Pays. Qu’on veuille bien me considérer comme un insecte infirme, aux ailes et aux antennes arrachées. Le type, dans le vaudeville, qui arrive toujours trop tard, ne saisit rien à l’enjeu, fait rire les acteurs principaux. Un personnage qui n’a même pas de nom : on dit juste de lui qu’il est à l’ouest.


     
    N’ayant plus de sens que pour accéder à l’essentiel, je vois juste deux hommes, l’un d’Orsières, l’autre de Savièse, et contre eux la curée. Deux hommes à abattre. Il se trouve, par hasard, que ces deux magistrats, sous des étiquettes différentes, sont les derniers à incarner ce qu’on appellera, pour faire court, la droite conservatrice. L’un, par son sens de la famille et de la tradition, attaches qui à ma connaissance ne relèvent pas encore du Code pénal. L’autre, parce qu’il appartient à un parti maudit.


     
    Ces deux hommes,  sous la mitraille. Un président de commune qui surgit comme un diable, brandit le droit et la morale. Pour atteindre qui ? Un chef de service, ou son patron ? Un service public audiovisuel qui lance une affaire d’indemnités à rembourser, alors qu’elles ne sont pas dues. On le signifie au public, l’affaire devrait être close, mais non, le média vengeur continue de trouver que moralement, ça pose problème. Vous avez remarqué, le nombre de dossiers, ces temps, où s’invite la morale ?
     


    Chez l’autre magistrat, celui d’un peu plus haut dans la montagne, le périssable observateur que je suis ne peut s’empêcher de se demander à qui profite l’acharnement. Le réflexe premier pourrait être de se tourner vers un vieux, un grand parti, provisoirement en vacance de la République, tout heureux de son nouveau costume d’opposant. Mais bien entendu, cette hypothèse émanant d’un esprit tellement à l’ouest,  il convient de l’écarter. Considérez donc ici que je n’ai rien dit, rien écrit. Je n’ai parlé ni de Catacombes, ni de cagoules comploteuses. Je n’ai pas tenté de chercher à qui ce bruit et cette fureur pouvaient bien profiter. Je suis, pour cela, bien trop éloigné. Bien trop déconnecté. Bien trop à l’ouest. Toujours l’ouest.


     
    Pascal Décaillet