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  • 9 février : ils disent tous la même chose !

     

    Sur le vif - Lundi 20.01.14 - 10.40h

     

    Dans le Matin, dans le Temps, dans la Tribune de Genève, exactement la même rhétorique. Trois journaux, une seule ligne: celle du Conseil fédéral, du PLR et du patronat. La similitude des arguments est tellement hallucinante qu'elle devrait constituer un cas d'école, à étudier dans les cours de journalisme.


    Dans ces trois journaux, dont deux sont aux mains des mêmes maîtres, et le troisième un peu aussi, que nous dit-on ? Qu'il ne faut surtout pas voter l'initiative de l'UDC, mais qu'elle soulève les bonnes questions. Il ne faut surtout pas la voter, mais il est vrai que la Suisse a un problème avec son immigration. Surtout pas la voter, mais le problème désigné par l'UDC est réel. Surtout pas la voter, mais le Conseil fédéral a tardé à prendre des mesures de compensation en faveur des résidents sur le marché du travail. Surtout pas la voter, mais nos autorités devront aller encore beaucoup plus loin.



    Trois journaux, une seule et même vision. Trois journaux, la même doxa. Trois journaux au service des mêmes milieux. Trois journaux qui n'osent surtout pas s'en prendre au Conseil fédéral, ni au grand patronat. Trois journaux qui nous disent exactement la même chose. Et Nicolas Dufour, dans le Temps, qui se permet, d'une chiquenaude, de traiter de "mesquinerie" la position des partisans. Ils ont raison, mon bon Monsieur, mais ils ne faut surtout pas voter pour eux, car ils sont fondamentalement mesquins. Mais nous, qui sommes des esprits supérieurs, que rien ne peut ravaler à la mesquinerie, nous devons comprendre ce qu'il y a de bon chez ces brutes, sans pour autant leur donner raison.



    Eh bien moi je dis qu'il y en a marre. Marre de cette grisâtre uniformité de la presse en Suisse romande. Et, tandis qu'une formidable Nickellerie Pédestre, emmenée par un ancien conseiller d'Etat genevois, nous promet de sauver le Temps (traduisez, le maintenir en mains bien obédientes, bien patronales et bien libérales), l'heure sonne, au contraire, à la genèse en Suisse romande d'un journal traduisant d'autres valeurs que celle de l'alignement, d'autres postures que celle de la génuflexion, d'autres modèles que celui de l'argent facile et de la spéculation. Et, pourquoi pas, se mettre un peu à l'écoute - la vraie, pas la simulée, M. Dufour - des Gueux et des Mesquins, des Oubliés et des Laissés pour compte.

     

    Allez, disons-le: un journal à la fois conservateur et profondément social, aimant les gens, fuyant les mondanités, joyeux et populaire, où la plume serait reine, l'audace encouragée. Un condensé de noires solitudes et de désespérances, avec entre les auteurs un seul lien: celui du regard assumé, et de l'écriture souveraine.

     

    Pascal Décaillet

  • Merci, Viviane ! Nous vous aimons !

     

    Sur le vif - Dimanche 19.01.14 - 16.02h

     

    Votation du 9 février sur l'immigration de masse: à ce jour, il manquait encore un petit déclic pour galvaniser le camp du oui.


    Avec l'intervention, toute de morgue et d'arrogance, de la Commissaire européenne Viviane Reding, c'est maintenant chose faite. On voit comment l'Union européenne traite les choix souverains des nations. Le corps électoral du 9 février, en Suisse, appréciera.



    Merci Viviane. Et surtout, continuez. C'est comme cela que nous vous aimons.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Nous sommes tous des Tessinois

     

    Sur le vif - Samedi 18.01.14 - 17.42h

     

    Genève s’intéresse au Tessin, et le Tessin s’intéresse à Genève. Avant-hier, je donnais une interview à mes amis du Giornale del Popolo, dont je suis chroniqueur politique depuis des années, sur les possibles similitudes entre les deux cantons dans le vote du 9 février prochain sur l’immigration de masse. Si je prévois un oui très large au Tessin, il me semble tout de même que Genève refusera l’initiative. Et puis, ce matin, très bonne page 3 dans la Tribune de Genève (et 24 Heures), sur la situation du Tessin, soumis à une pression migratoire très violente de la part de la Lombardie : soixante mille frontaliers, soit un travailleur sur quatre, et un taux de chômage de 4,9%. Ça ne vous rappelle rien ?

     

     

    Le Genevois qui lit cette page 3, il pense à qui ? Aux Tessinois ? Oui, sûrement. Mais évidemment, par effet de miroir, comment pourrait-il ne pas songer à lui-même ? Pression migratoire, frontière, chômage, voilà des mots qui lui parlent. Bien sûr, nous ne votons pas le 9 février sur l’idée de frontière, enfin pas officiellement. Nous votons sur une régulation des flux migratoires. Nous ne votons pas sur les frontaliers, mais bien sur les personnes qui viennent s’établir en Suisse : quelque 80'000 par an depuis l’entrée en vigueur des bilatérales. C’est beaucoup.

     

     

    Nous ne votons pas sur la frontière, mais le grand retour de cette notion que des générations de libéraux-libertaires, tout occupés à la mondialisation, ont voulu diluer, occupera puissamment les esprits. Oui, le Tessin et Genève figurent dans les cantons exposés. En termes de front, on appelle cela la première ligne. Comme par hasard, c’est au Tessin et à Genève que prospèrent des partis, Lega ou MCG, thématisant la notion de frontière.

     

     

    Je continue de penser que Genève rejettera l’initiative, et n’émets aucun pronostic sur le résultat final suisse. Parce que notre gauche à nous, avant tout les Verts mais aussi une partie des socialistes, demeure bizarrement acquise au libre-échangisme sans entraves. Que ce principe n’ait enrichi que les plus puissants, généré une sous-enchère éhontée (et qu’ils devraient être les premiers à condamner) ne semble pas les rebuter. Comme s’ils demeuraient envoûtés par un libéralisme ultra qui a fait faillite, et dont une partie croissante de la droite se détourne. Au Tessin, on est moins bobo :Verts et socialistes soutiennent l’initiative.

     

     

    Genève et le Tessin : beaucoup de points communs. Il sera passionnant, au soir du 9 février, d’observer, canton par canton, et même district par district, comment la Suisse aura voté. Genevois et Tessinois seront sous les projecteurs. Comme ils sont, aujourd’hui, en première ligne du front migratoire.

     

     

    Pascal Décaillet