Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • 9 février : la campagne ratée des opposants

     

    Sur le vif - Jeudi 30.01.14 - 16.12h

     

    Ils ont mis des millions, une dizaine nous dit-on, et pourtant le oui monte. Ils ont tout essayé : diabolisé les partisans, dit des choses fausses sur le texte de l’initiative, tenté d’introduire la morale là où elle n’a pas lieu d’être. Et pourtant, c’est la tendance inverse à leurs idées qui progresse. Jusqu’à gagner ? Mystère. Mais elle progresse, c’est sûr. Plus ils ont noirci, insulté même parfois, les initiants, plus le oui est monté. Comme si le oui, à l’instar de ce qui se passe en judo, s’était nourri de leurs attaques, de leur énergie. Comme si le camp des initiants, rompu depuis des années à se retrouver seul contre tous, avait eu comme stratégie de laisser venir la cohorte des attaquants, parce qu’elle serait de nature à se discréditer elle-même. Si c’est cela, c’est génial.

     

    Nous défendons ici, vous l’avez compris, le camp du oui. Nous étions bien seul ces derniers mois, et même encore il y a quinze jours, lors de la première vague de « sondages » Gfs-SSR. Nous avons commencé par démonter les arguments d’une gauche qui, à part au Tessin, n’a rien compris aux enjeux de cette initiative, monte dans la barque du grand patronat pour mieux se faire jeter dans l’eau glacée le 9 février au soir. Si c’est oui, ils auront tout perdu. Si c’est non, les patrons remettront aux calendes grecques les mesures d’accompagnement. Cette gauche qui, oubliant la défense des salariés suisses, s’est mise à parler de xénophobie, alors qu’il n’en est rien, creuse elle-même sa tombe par errance stratégique majeure. « La Suisse gère de manière autonome l’immigration des étrangers », stipule l’initiative, on est pour, on est contre, mais la xénophobie n’a sémantiquement rien à voir avec cela. La xénophobie est étymologiquement une peur de l’étranger, par extension elle en est le rejet, ou la déconsidération, toutes choses en effet condamnables. Là, il est juste question de gestion autonome et de régulation.

     

    Autre cliché récurrent chez les opposants, ils seraient les dépositaires du discours « rationnel », les initiants étant évidemment prisonniers de « l’émotionnel ». Objectivement, dans le cas présent, c’est faux. Rien d’émotionnel dans le texte, qui propose une technique de régulation. Avec laquelle on peut être d’accord ou non. Mais une technique, c’est tout. Franchement, dans cette campagne, l’insulte, l’opprobre, la violence des arguments, je les ai plutôt trouvés chez certains opposants. Les initiants sont, dans leur écrasante majorité, demeurés calmes. Insensibles aux insultes. Concentrés sur le texte de l’initiative, les objectifs à atteindre.

     

    Enfin, tous ces millions. Ils sont ceux du grand patronat, qu’on appelle bizarrement « Économie suisse », comme si un maçon, un manœuvre, un petit entrepreneur indépendant, un paysan de montagne, une caissière n’étaient, eux tous aussi, « l’économie ». Ils ont, littéralement, inondé les journaux d’annonces. Ils ont diabolisé l’initiative. Ils nous ont fait croire qu’il n’y avait pas de plan B, donc pas de choix. Cette mise sous pression insupportable, les citoyennes et citoyens de notre pays détestent cela. S’il y a vote, chacun a le droit de voter A ou de voter B. Sans qu’on l’insulte. Sans qu’on le noircisse. Sans qu’on l’humilie. Et c’est exactement à cause de cette arrogance contre-productive des opposants que le oui, ces deux dernières semaines, a pris l’ascenseur.

     

    Ces gens-là, avec tous leurs millions et tout leur matraquage, sont en train de rater leur campagne. Ils n’ont mis en œuvre que la masse, comme la cavalerie à Eylau, mais sans avoir à leur tête le génie stratégique d’un Murat. Ils ont manqué cruellement de définition de la cible, d’intelligence, de talent. Cela les fera-t-il perdre ? Impossible à dire, il reste dix jours. Mais ce constat de leur arrogance et de leur faiblesse, il fallait aujourd’hui le dresser.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Jouissance de la Chaire

     

    Sur le vif - Jeudi 30.01.14 - 11.15h



    Pour les siècles des siècles, la liturgie de la TG, face aux initiatives UDC, est, telle la Mer de Valéry, toujours recommencée. Et se termine, en Offrande, par l'édito bien en chaire de Pierre Ruetschi, ensanglantant l'autel jusques aux confins de la page 2, nous exhortant à voter non. Allez, je pourrais déjà vous composer son oraison sur Ecopop, à paraître dans quelques mois. Jouissance du Missel. Extase du prévisible.

    Ite, Missa est.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'économie, c'est nous

     

    Coup de Griffe - Lausanne Cités - Mercredi 29.01.14
     
     
    J’ai toujours détesté l’expression « les milieux économiques ». En Suisse, pour d’étranges raisons, on l’utilise pour qualifier le grand patronat. Dont l’organisation faîtière s’appelle d’ailleurs « Économie suisse ». Ces libellés sont des impostures. Les relayer servilement, c’est se faire le vassal des puissants et des possédants. Les mots ne sont jamais gratuits. D’ailleurs, chez ces gens-là, Monsieur, rien n’est gratuit.
     


    Je n’ai rien contre les patrons. Il en faut pour diriger les entreprises. Mais au nom de quoi constitueraient-ils à eux seuls l’ensemble de « l’économie » de notre pays ? Un tout petit patron de PME, qui se bat pour payer ses salaires et les assurances sociales de ses employés, il est « l’économie », tout autant qu’un nabab de la finance. Une femme de ménage, un conducteur de tram, un manœuvre sur un chantier, un paysan de montagne, ils sont « l’économie » de ce pays.
     


    Les patrons ne sont pas « l’économie ». Ils y jouent certes un rôle majeur, mais ils n’ont pas à s’identifier à elle. En cela, l’expression même « Économie suisse » pour qualifier le grand patronat en dit long sur la volonté de tout s’approprier, même les mots. C’est leur droit. Le nôtre, c’est de dire non. Vous avez l’argent, le pouvoir, l’arrogance. Vous n’aurez ni notre verbe, ni notre langue. Vous me permettrez donc de continuer à vous appeler « le grand patronat ».


     
     
    Pascal Décaillet