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  • René Longet, Simon de Cyrène, la solitude

     

    Sur le vif – Mercredi 17.02.10 – 10.35h

     

    Les socialistes genevois ont jusqu’à demain midi pour présenter un candidat, face à René Longet, à la présidence de leur parti cantonal. Ancien conseiller national, maire d’Onex, homme de dialogue et d’engagement, René Longet est assurément une personne de valeur. Mais c’est un homme dont la période de présidence incarne la défaite.

    Naguère grand parti, les socialistes genevois n’ont plus, aujourd’hui, que quinze députés (derrière le MCG, qui en aligne dix-sept), et surtout ils ont perdu, le 15 novembre dernier, leur historique deuxième siège au Conseil d’Etat. René Longet est certes loin d’être le seul responsable de cette tendance lourde vers le bas, mais enfin c’est sous sa présidence que le mal a été fait. Erreur de casting dans la course au Conseil d’Etat, prise en compte trop tardive du thème de la sécurité, campagne perdante contre les baisses d’impôts. A quoi s’ajoutent, antérieurement, des signaux de flottement dans la loi sur le chômage, entre autres. Bref, les socialistes genevois, qui ont naguère donné de grands hommes (André Chavanne), sont au plus bas.

    Dans ces conditions, n’avoir comme unique candidat, pour se succéder à lui-même (entendez : continuer seul son long chemin vers le casse-pipe) que le brave René Longet, constituerait pour le parti un signal de plus de faiblesse. N’y a-t-il donc nulle part, chez les camarades, un Simon de Cyrène pour l’aider à porter sa croix ? N’y a-t-il nulle part, au sein du parti, une âme pour tenter de relever le défi ? Un jeune ? Ou peut-être un ancien, un vétéran qui aurait gardé la flamme militante ?

    Avis aux amateurs : il leur reste un peu plus de 24 heures pour sortir du bois.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Raison, passion

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 15.02.10

     

    François Longchamp a réagi avec beaucoup d’intelligence, vendredi matin sur Radio Cité, puis dans la Tribune de Genève de samedi, à sa défaite au Grand Conseil face à une résolution socialiste-Verts-MCG demandant les 120 jours d’indemnités supplémentaires pour les chômeurs. En entrant en matière pour certaines catégories (par exemple les plus de 50 ans), le ministre des Affaires sociales montre qu’il sait tirer leçons d’un mauvais passage. C’est aussi cela, la politique.

     

    Il le montre, et il était temps. Malgré l’extrême qualité intellectuelle du conseiller d’Etat, de nombreux signaux de non-écoute, voire carrément d’arrogance, commençaient à poindre. Nous avons déjà parlé ici de la garde noire. A cela s’ajoute la passion maladive d’avoir toujours raison : c’est sans doute la marque des meilleurs, mais ça casse tout dialogue, ça glace l’ambiance, ça humilie le partenaire de discussion. Au final, ça n’est pas efficace.

     

    Ce qui l’est encore moins, pour ceux qui soutiennent sa politique, c’est de proposer le classement vertical d’une résolution démocratiquement votée. Un député, pourtant doué, s’est aventuré sur ce terrain vendredi matin. Encore deux ou trois sorties comme celle-là, et la marge, que le quintet des partis au pouvoir s’efforce de contenir, pourrait bien submerger la page. Au risque de la rendre illisible. Ce scénario, dans les années qui viennent, n’est pas exclu.

     

    Pascal Décaillet

     

  • En attendant l’iceberg

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - 12.02.10

     

    La Suisse, en ce mois de février 2010, n’a pas de gouvernement fédéral. Tout au plus, un collège de sept personnes s’appliquant chacune, dans son coin, à diriger son Département. Lorsqu’elle le dirige. Sept personnes, sept visions, sept voix. Un collège sans cohérence (il n’en a jamais eu), où les nouveaux ministres n’arrivent, en cours de législature, que parce que d’autres, fatigués, ont décidé de partir. Alors, on bouche les trous. On colmate. On va en chercher un, quelque part dans le pays, parfois même contre son gré. Si possible, pas trop brillant. Les fulgurances, chez ces gens-là, restent au vestiaire.

    Et encore ! Si au moins on allait quérir, comme on l’a fait pour Pascal Couchepin en 1998, celui qui, frénétiquement, brûlait, depuis des années, du désir de décrocher le poste. Mais non : au royaume des souris grises, c’est à qui trottinera le plus silencieusement au pied des vieux murs. Transparent. Diaphane ! Et il y a toujours d’autres souris, encore plus grises, ayant blanchi leur pelage sous la mollasse du cénacle fédéral, pour nous dire à quel point il est certes un peu austère, le monsieur, mais tellement compétent. C’est le syndrome de l’expert, vieux mythe suisse. Et ça marche !

    Enfin, disons que ça marche par beau temps. Lorsque commence à se lever la tempête, les failles du système éclatent au grand jour : une présidente de la Confédération qui n’hésite pas, au plus fort de la crise, à se rendre quatre jours à Vancouver. Un ministre des Finances qui ne semble plus contrôler le poids contextuel de sa parole, et qui d’ailleurs en change, d’une fois à l’autre. Une cheffe des Affaires étrangères qui dérape. Nul cabinet de guerre, nulle délégation d’urgence, nulle cellule de crise : juste sept destins qui se côtoient dans les couloirs du navire, en attendant l’iceberg.

    Le même gouvernement depuis 1848 ! Le temps des diligences, des lampes à huile, des bœufs qui remontaient les canaux, avec des charretiers, pour tirer les chalands. Et les souris grises, immuables, hors du temps, qui vont et se multiplient. Et le vent de l’Histoire qui souffle. Mais ailleurs. Autres cieux, autres altitudes. Là où le destin du monde, peut-être, se jouerait. Quelque part. Hors de nous.

     

    Pascal Décaillet