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  • Mektoub, tralala

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 04.02.10


    Deux partis pour un même fonds de commerce, c’est un de trop. Qu’on s’appelle Eric Stauffer ou Eric Leyvraz, point n’est besoin d’avoir fait Polytechnique pour le comprendre. L’un de ces deux partis, le MCG, s’apprête donc à dévorer l’autre tout cru, c’est écrit, mon ami, c’est le destin, et Mektoub et tralala, Stauffer c’est le milan, l’UDC genevoise, c’est la palombe.

    Et puis quoi, une OPA sur un parti concurrent, quand on a connu les fièvres prétoriennes des renversements de régime dans l’Océan Indien, c’est juste une promenade de santé, disons la descente de la Treille en chasse-neige.

    Donc, mon frère, moi, si j’étais Blocher (tu me pardonneras la déraison de cette hypothèse), je descendrais à Genève, histoire de secouer un peu les troupes. Tournées de popotes, bretelles à remonter, inspection du matériel, lustrage des gamaches, la routine.

    Je leur dirais : « Mais battez-vous, que diable ! Arrêtez de vous laisser marcher dessus par un type à qui on n’achèterait même pas un tracteur d’occasion. Bougez-vous. Existez. Ou alors, mourez. Mais au moins avec classe. Avec délicatesse. Avec panache. Soyez le loup de Vigny, face à la meute. Soyez comme ces sublimes animaux, dont je suis l’avocat. Soyez le dernier carré. Mourez, mais avec au moins le mot de Cambronne. Soyez Genevois, quoi. »

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Des méthodes d’Etats voyous

     

    Paris et Berlin se seraient-ils donné le mot pour faire exploser l’UDC, en octobre 2011, bien au-delà de la barre des 30% ? Ces deux capitales seraient payées directement par Christoph Blocher, elles ne s’y prendraient pas autrement. L’insupportable arrogance avec laquelle nos deux grands voisins (et, jusqu’à nouvel ordre, amis, mais ça ne se voit pas beaucoup, ces temps) traitent notre petit pays, dans l’affaire dite des données volées, a pour résultat immédiat, dans la majeure partie de la population, de développer le vieux réflexe de cohésion nationale face aux grands ensembles qui entourent la Suisse. Même ceux qui ne sont pas d’ardents défenseurs du secret bancaire en viennent, par lassitude, à en avoir assez des pressions et des tonalités suzeraines de la France et de l’Allemagne.

     

    Les Suisses, dans leur grande majorité, ne sont pas des idiots. Ni des naïfs. Ni des idéalistes. Enfants d’un petit pays, sans grandes ressources naturelles, ne devant sa prospérité qu’à la seconde moitié du vingtième siècle, ils savent d’instinct ce que sont les rapports de force, les vrais raisons derrière les paravents de la morale : ils ne sont pas dupes. Ils savent, les Suisses, à quel point les fiscalités de la France et de l’Allemagne sont confiscatoires, à quel point les collectivités publiques de ces deux pays sont gourmandes, les Etats dépensiers, sous prétexte ici de jacobinisme, là d’héritage bismarckien, en effet fondateur des assurances sociales en Europe, à la fin du dix-neuvième siècle. Ils savent, les Suisses, que la France et l’Allemagne sont aujourd’hui des géants endettés, aux abois, donc prêts à aller chasser l’argent là où il est, à n’importe quel prix. Là sont les vraies raisons, elles n’ont rien à voir avec la morale.

     

    Payer officiellement des informateurs, c’est une méthode d’Etat voyou, il n’y a pas d’autre mot. Dans ces conditions, le président du PDC suisse, Christophe Darbellay, a raison d’exiger le gel des discussions sur l’accord de double imposition avec l’Allemagne, tant que la question n’est pas réglée. La Suisse n’a aucune raison de se laisser impressionner par ces deux chers voisins, dix fois plus grands qu’elle, dix fois plus puissants, mais dont les systèmes fiscaux, la gestion de la dette publique, sont tout simplement moins bons. Nous sommes dans un état de concurrence aiguë, il faut savoir serrer les coudes, dissocier l’intimidation de la morale. Bref, garder son sang-froid. Comme notre pays, finalement et malgré les sarcasmes, a toujours très bien su le faire lorsque sont survenues, par le passé, des crises majeures.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Gavroche, les notaires

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 01.02.10

     

    Un député MCG a écrit « racaille » sur une interpellation urgente, le Bureau du Grand Conseil lui est tombé dessus. Moralement, il avait raison, le Bureau : il y a des limites, il les a rappelées. Mais politiquement, une fois de plus, le MCG remporte la mise, avec ses airs de Gavroche face aux notaires. Le panneau était énorme, ils y sont tombés. Comme des puceaux.

    Il fait quoi, Eric Stauffer, depuis des années ? Réponse : de la politique. Il va dans la rue, écoute les gens, il a des idées, il les lance. Une élection se profile ? Il s’y présente. L’UDC genevoise est exsangue : il se prépare, tout doucement, à la cueillir, sur le pavé lustré du caniveau. Il se sent un peu à l’étroit à Genève : va pour le Mouvement Citoyen Romand !

    Pendant qu’il fait de la politique, ils font quoi, les autres ? Réponse : de la morale. Nombre de caciques du Grand Conseil, pourtant plus mal élus que lui, ou issus de partis qu’il a laminés, continuent de se comporter comme si leur légitimité, à eux, était supérieure à la sienne. Au nom de quoi, je vous prie ?

    Nous sommes en République : un élu du peuple en vaut un autre. Le pacte-à-cinq des partis qui tiennent le Conseil d’Etat n’a aucune leçon à donner, au Grand Conseil, à ceux qui ont été écartés de la course au gouvernement en raison d’un système électoral où règne, souveraine, la barbichette. Celle par laquelle les notables se tiennent. Jusqu’à quand ?

     

    Pascal Décaillet