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  • L’ange, la bête

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 28.01.10

     

    De l’eau bénite au nid de vipères, il n’y a parfois que le chemin de ronces qui mène l’ange à la bête. Ainsi, le PDC genevois. Grand et noble parti, où soupirent les fées et crient les saintes, où les illusions sont plus bleues que les oranges, où tout le monde est beau, gentil, comme dans une noce champêtre, avec l’ail, la croix, les dragées.

    Excellent député, François Gillet se voyait déjà, sans rival, sur l’autel de la présidence. C’était compter sans Delphine Perrella, dont la notoriété et l’expérience n’éblouissent pas à première vue, mais qui ne manque pas d’appuis, comme l’expliquait fort bien, hier, mon confrère Marc Moulin, dans sa rubrique marionnettes.

    Affaire de clans ? Pas seulement. Il est des gens, très haut placés, dans le PDC suisse, qui commencent à en avoir assez du manque de fiabilité au bout du lac. Et puis, la candidature Chevrolet, pour l’exécutif de la Ville, est, à juste titre, clairement placée sous le signe des entreprises et de la vitalité économique : n’y aurait-il pas paradoxe, dans ces conditions, à confier les rênes du parti cantonal à un homme très imprégné par le christianisme social ?

    Là sont les vraies questions. Et les vraies raisons d’une contre-candidature. Qu’on aurait tort de sous-estimer. A en juger, en tout cas, par tous ceux qui, en coulisses, lui donnent ses chances. Courageux comme l’ange. Et humains comme la bête.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Super Charly

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 25.01.10

     

    Il n’est pas président du Conseil d’Etat, vient du parti qui a perdu les élections, et pourtant, en ce début d’année, c’est lui qui émerge. Charles Beer, ministre apaisé, entame une dernière législature qui pourrait bien réserver des surprises. Il a, comme d’autres, sa garde noire, mais il a eu, lui, l’habileté de la diluer sur plusieurs personnes, plusieurs ailes du palais. Qui, sans aucun doute, se guettent et se neutralisent mutuellement.

    Dans l’affaire des enfants de mendiants, sortie dans les reportages de Jennifer Covo, sur Léman Bleu, Charles Beer a pris les choses en mains, communiqué juste, tenu un discours républicain.

    Ce week-end, il s’est occupé du parti socialiste, ce qui relève du bouche-à-bouche, voire du massage cardiaque. Mais enfin, il l’a fait, avec initiative et anticipation. Par les temps qui courent, c’est directement au Conseil d’Etat qu’il faut aller chercher les vrais chefs de certains partis. Alors, Super Charly est arrivé, histoire de donner un coup de main.

    Quand il parle, on le comprend. La phrase n’est pas trop longue, on n’a pas trop l’impression d’avoir un cours de morale et l’érection de l’index vers le ciel pour menacer du châtiment. Beau progrès donc, qu’il convient ici de saluer, hélas atténué par une zone d’ombre : l’homme continue de se dire socialiste. La preuve, au moins, que nul n’est parfait.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Isabel Rochat est-elle aphone ?

     

     

    Sur le vif - Vendredi 22.01.10 - 11.20h

     

    Suite à une excellente série de reportages de ma consœur Jennifer Covo, sur Léman Bleu, le gouvernement genevois s’est ému de la présence d’enfants, sur les genoux de leurs mamans en train de mendier dans les rues de Genève, parfois par un froid glacial. Ministre de tutelle du Service de la protection des mineurs, le conseiller d’Etat Charles Beer s’en est fort bien expliqué, avec un propos qui allie humanisme, respect des minorités, mais tout de même application de la loi.

    La décision du Conseil d’Etat d’appliquer la clause « péril » qui permet de retirer (pour un temps) les enfants à leurs parents, date d’avant-hier. Coïncidence ? Il se trouve qu’hier déjà, quelques heures après l'annonce de la décision gouvernementale, la police intervenait au petit matin à l’Armée du Salut, pour enlever trois enfants à leur maman, comme le relatent, dans le Matin d’aujourd’hui, Dominique Botti et Mathieu Cupelin. Il s’agirait, selon la police, d’une « opération de routine » n’ayant rien à voir avec les nouvelles mesures du Conseil d’Etat. La maman aurait à accomplir une peine pour infraction à la loi sur le séjour des étrangers.

    « Rien à voir » : Charles Beer en est-il si sûr ? N'a-ton pas voulu, avec un zèle excessif et franchement déplacé, faire très vite un exemple? A ces questions, le ministre tient à préciser qu’il n’est pas le responsable de la police. Et que donc, dans cette affaire, tout ne dépend pas de lui. Ce qui est exact.

    De fait. Il existe, bel et bien, à Genève, une ministre de la police. Elle s’appelle Isabel Rochat. Et nul, mais vraiment nul, n’aurait une seule seconde l’idée de mettre en cause sa sagacité, ni sa légitimité, encore moins sa compétence. Et elle semble, elle aussi, avoir souffert des grands froids que nous avons vécus il y a une dizaine de jours à Genève. Au point d’en avoir perdu, par une aphonie qu’on espère évidemment provisoire, l’usage de la parole sur ce sujet. Il nous semblait tout de même qu’elle aurait pu avoir quelque autorité ou quelque pertinence à s’y exprimer.

    Allons, Madame Rochat, quelques pastilles. Une bonne dose de miel. Des tisanes de thym. Et votre voix reviendra ! Nous nous en réjouissons, car elle a toujours été douce à nos misérables oreilles.

     

    Pascal Décaillet