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Des méthodes d’Etats voyous

 

Paris et Berlin se seraient-ils donné le mot pour faire exploser l’UDC, en octobre 2011, bien au-delà de la barre des 30% ? Ces deux capitales seraient payées directement par Christoph Blocher, elles ne s’y prendraient pas autrement. L’insupportable arrogance avec laquelle nos deux grands voisins (et, jusqu’à nouvel ordre, amis, mais ça ne se voit pas beaucoup, ces temps) traitent notre petit pays, dans l’affaire dite des données volées, a pour résultat immédiat, dans la majeure partie de la population, de développer le vieux réflexe de cohésion nationale face aux grands ensembles qui entourent la Suisse. Même ceux qui ne sont pas d’ardents défenseurs du secret bancaire en viennent, par lassitude, à en avoir assez des pressions et des tonalités suzeraines de la France et de l’Allemagne.

 

Les Suisses, dans leur grande majorité, ne sont pas des idiots. Ni des naïfs. Ni des idéalistes. Enfants d’un petit pays, sans grandes ressources naturelles, ne devant sa prospérité qu’à la seconde moitié du vingtième siècle, ils savent d’instinct ce que sont les rapports de force, les vrais raisons derrière les paravents de la morale : ils ne sont pas dupes. Ils savent, les Suisses, à quel point les fiscalités de la France et de l’Allemagne sont confiscatoires, à quel point les collectivités publiques de ces deux pays sont gourmandes, les Etats dépensiers, sous prétexte ici de jacobinisme, là d’héritage bismarckien, en effet fondateur des assurances sociales en Europe, à la fin du dix-neuvième siècle. Ils savent, les Suisses, que la France et l’Allemagne sont aujourd’hui des géants endettés, aux abois, donc prêts à aller chasser l’argent là où il est, à n’importe quel prix. Là sont les vraies raisons, elles n’ont rien à voir avec la morale.

 

Payer officiellement des informateurs, c’est une méthode d’Etat voyou, il n’y a pas d’autre mot. Dans ces conditions, le président du PDC suisse, Christophe Darbellay, a raison d’exiger le gel des discussions sur l’accord de double imposition avec l’Allemagne, tant que la question n’est pas réglée. La Suisse n’a aucune raison de se laisser impressionner par ces deux chers voisins, dix fois plus grands qu’elle, dix fois plus puissants, mais dont les systèmes fiscaux, la gestion de la dette publique, sont tout simplement moins bons. Nous sommes dans un état de concurrence aiguë, il faut savoir serrer les coudes, dissocier l’intimidation de la morale. Bref, garder son sang-froid. Comme notre pays, finalement et malgré les sarcasmes, a toujours très bien su le faire lorsque sont survenues, par le passé, des crises majeures.

 

Pascal Décaillet

 

 

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