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La Suisse n'est pas libérale par essence !

 
 
Sur le vif - Vendredi 17.05.25 - 09.15h
 
 
 
"La Suisse est un pays libéral" : c'est le mantra d'une certaine droite, tournée vers le profit financier, elle revient constamment dans les débats.
 
Cette phrase est insupportable. Elle laisse entendre que la nature "libérale" de la Suisse serait d'ordre ontologique, immuable. Alors que, tout au contraire, elle est le résultat de choix politiques, économiques, sociaux, depuis un siècle et demi.
 
Alors bien sûr, si on prend notre pays aujourd'hui, en 2024, on jette un regard d'ensemble, on dit "La Suisse est un pays libéral", on n'a pas tort. Non, ce qui est scélérat, fallacieux c'est de laisser entendre qu'elle le serait par essence, et non par la chaîne, chère à Marx et Thucydide, de cause et d'effets.
 
Pour ma part, je ne crois pas à une essence inaltérable des choses. Je crois aux luttes de pouvoir, d'intérêts économiques et financiers. Je crois aux causes et aux effets. J'ai lu Thucydide, dans le texte, dans l'adolescence. Et je me replonge constamment dans Karl Marx.
 
La Suisse est libérale, oui, depuis la Révolution industrielle. Son modèle d'industrie d'exportations est assurément d'essence libérale. Concurrence, adaptation, recherche des coûts de production les moins élevés.
 
Mais la Suisse, depuis 1848, ça n'est pas seulement cela. C'est l'Histoire extraordinaire d'une communauté d'hommes et de femmes de langues, de cultures, de religions différentes, ayant réussi à nouer un pacte social et à vivre en paix. Nos grandes assurance sociales, l'AVS depuis 1948, notre tissu contractuel, notre démocratie vivante, à la fois parlementaire et directe, notre fédéralisme, notre attention à nos liens, notre fragilité. Tout cela relève d'un miracle qui va bien au-delà du libéralisme économique.
 
Et puis, quoi ? Nous avons eu d'immenses hommes de gauche, comme Tschudi, Chavanne, tant d'autres. Nous avons une conscience sociale, environnementale, qui nous installe à des années-lumière du libéralisme, en tout cas dans son odieuse tendance ultra, dérégulatrice, casseuse de liens, mondialiste, qui tente de s'imposer depuis plus de trente ans.
 
Alors certes, le modèle économique prédominant demeure - pour l'heure - celui d'un certain libéralisme. Mais rien n'est inscrit dans le marbre. Notre peuple, vif et intelligent, sensible aux nécessités du changement, est tout aussi attaché, sinon plus, à sa cohésion sociale. Il a dit oui à une treizième rente, l'a imposée au petit monde parlementaire. Il pourrait dire oui, dans les années qui viennent, à d'autres modèles globaux de clarification de nos rapports sociaux, en faveur du grand nombre, par exemple en matière de santé, contre les forces du profit spéculatif.
 
Alors libéral peut-être, aujourd'hui. Mais pas par vertu du ciel. Et certainement pas pour l'éternité.
 
 
Pascal Décaillet
 

Commentaires

  • Etre libéral dedans, oui, mais pas soumis à un libéralisme imposé de l'extérieur !

  • Nous vivons dans un monde complexe.

    La droite (au sens large) voudrait transformer notre société en un gigantesque Monopoly,
    la gauche (idem) cherche à casser les codes, le modèle familial, à détruire notre culture.

    Je ne sais plus qui a dit : "La gauche a trahi le peuple, la droite a trahi la Patrie."

    Peut-être faut-il revenir aux fondamentaux, et refuser de suivre des schémas qui prétendent mettre à bas tout ce qui existait avant nous pour "s'adapter au progrès".

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