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Liberté - Page 709

  • Mots d'ordre : à la poubelle !

     

    Sur le vif - Samedi 27.10.18 - 13.07h

     

    Je suis habité, depuis toujours, par l'idée que dans la nation, l'individu et le collectif se rejoignent. Ce qui les réunit, c'est l'engagement citoyen, comme celui posé, en Suisse, par une initiative populaire.

     

    L'initiative va chercher la totalité citoyenne, et en même temps elle va chercher l'intime conviction individuelle.

     

    Ce qu'elle ne va pas chercher, c'est la jungle des associations, corporations, partis politiques, corps constitués, qui envahissent l'espace public dans notre pays. Ceux, précisément, hélas, qui monopolisent l'attention dans les campagnes, avec leurs mots d'ordre.

     

    Les citoyennes et citoyens suisses sont des adultes, vaccinés, d'un très bon niveau moyen d'éducation. Ils comprennent parfaitement, tout seuls, les enjeux d'une votation fédérale. Ils sont totalement aptes à se faire une idée. Ils ont certes besoin de s'informer, en lisant les arguments des uns ou des autres, en regardant ou écoutant des débats, etc.

     

    Mais ils n'ont nul besoin de mots d'ordre.

     

    Il faut supprimer les mots d'ordre.

     

    Une citoyenne, un citoyen est une femme ou un homme libre. Il n'a nul besoin d'être materné par des partis. Il n'a nul besoin d'être pris en charge par des corps intermédiaires, qui cassent, fragmentent et divisent l'unité nationale, au profit d'intérêts partisans, corporatistes.

     

    Il n'a nul besoin de mots d'ordre.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Fétu de paille, dans la tempête

     
    Sur le vif - Samedi 27.10.18 - 10.51h

     

    Toutes ces forêts d'associations, en Suisse, qui tiennent absolument à donner leur mot d'ordre, à chaque votation fédérale.

     

    Elles en ont évidemment le droit. Mais enfin, pour la plupart d'entre elles, quel intérêt, quelle pertinence ? L'immense majorité d'entre elles n'ont strictement aucun rapport avec l'objet soumis au peuple et aux cantons. Je vais même vous dire une chose : je ne vois pas exactement en quoi, sur l'affaire des juges étrangers (25 novembre), l'avis des patrons aurait plus d'importance que celui des plombiers, ou des ramoneurs.

     

    Ce que charrie cette votation, c'est la question de la souveraineté législative d'une nation. Doit-elle être absolue ? Peut-on, au contraire, accepter dans certains cas de la déléguer ? Cela se discute, en effet ! Eh bien cette question, centrale, passionnante, est une affaire CITOYENNE. Elle n'est aucunement, en priorité, une affaire économique, ni patronale, ni syndicale.

     

    Je veux bien que le lobby des exportateurs, si puissant, si choyé par le PLR, nourrisse quelque angoisse à l'idée qu'on pourrait aller lui détricoter ces fameux "Accords de libre-échange", qui leur facilitent tant la tâche. Cela aussi, assurément, se discute. Mais désolé, cela est loin d'être l'essentiel dans la question soumise au peuple le 25 novembre !

     

    Cette question, celle de la primauté du droit national, n'est pas une question patronale, ni syndicale, ni celle d'une quelconque corporation. Non, elle vient interroger L'INTIME CONVICTION INDIVIDUELLE de chaque citoyenne, chaque citoyen de notre pays. Qu'il soit patron, employé, ou (comme votre serviteur) petit entrepreneur indépendant.

     

    Intime conviction individuelle : une initiative est une affaire du peuple avec le peuple, sans intermédiaires. Partie d'un petit groupe de citoyens, elle s'en vient questionner, un beau dimanche, à l'issue d'une campagne sonore et nationale, le corps entier des citoyens : plus de cinq millions de personnes. Les questionnant tous, dans leur totalité indivisible, elle les questionne à la fois CHACUN, INDIVIDUELLEMENT.

     

    Moi, citoyen, toi citoyenne, quelle est ma volonté profonde pour l'intérêt supérieur de mon pays ? Que la loi nationale soit sans recours ? Qu'elle puisse, dans certains cas, en souffrir ? C'est une question fondamentale ! Elle engage le rapport intime de chacun d'entre nous à l'idée nationale. Face à l'immédiateté sacrée de ce lien entre l'individu et le destin du pays, les mots d'ordre de la profusion d'associations de notre pays ne doivent pas peser plus qu'un misérable fétu de paille, dans la tempête.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Bravo, Martin !

     

    Sur le vif - Vendredi 26.10.18 - 18.11h

     

    Un grand bravo au jeune et courageux Martin Reist, conseiller général en Ville de Sion, entrepreneur, qui résiste, en direct en ouverture de Forum, à un patron chevronné, opposé à l'initiative pour l'autodétermination, qui ne cesse de le prendre de haut, et même de ricaner paternellement, lorsque son adversaire s'exprime, un peu dans le style "Te mesurer à moi, qui t'a rendu si vain, toi qu'on n'a jamais vu les armes à la main". (Le Comte à Rodrigue, Le Cid, Acte II, Scène 2).

     

    Le hurleur, le ricaneur, sûrement sympathique au demeurant, ne sait parler qu'exportations, interconnexion mondiale, il n'a STRICTEMENT aucune vision politique, il ne voit pas plus loin que les marges de son carnet de commandes. On croirait entendre le discours d’Économie Suisse, avec ses accents de fin du monde, lors de la campagne du 9 février 2014.

     

    Le jeune Martin Reist, lui, demeure calme, parfaitement clair, sa voix est posée, il ne se laisse en aucun cas impressionner par les hurlements aigus, au bout du fil, de son aîné.

     

    D'un côté, "l'investisseur exige que mon produit soit européen", tu parles d'un argument dans le champ citoyen ! De l'autre, des propos posés, sur la souveraineté. L'adversaire de Martin Reist est sûrement un excellent entrepreneur. Mais désolé, dans un débat autour d'une initiative populaire fédérale, on inscrit son discours - qu'on soit pour ou contre - dans l'ordre politique, dans l'ordre citoyen, dans l'ordre de l'intérêt supérieur du pays.

     

    Je n'ai pas senti cette dimension dans le discours de l'exportateur. Je l'ai puissamment sentie dans les paroles de Martin Reist.

     

    J'ajoute une dernière chose. Je suis moi-même un petit entrepreneur, depuis douze ans et demi. Je sais ce que cela signifie. Tiens, je viens de passer mon après-midi à m'occuper de TVA, par exemple. Mais je suis aussi citoyen. Face à une initiative, c'est à ce titre qu'on intervient. A ce titre, aussi, qu'on décide souverainement de l'avenir du pays, un beau dimanche.

     

    La Suisse n'est pas une entreprise. Elle est une communauté d'hommes et de femmes, citoyennes et citoyens, unis dans le partage d'une mémoire, désireux de construire l'avenir ensemble. Soucieux de l'intérêt commun. S'engueulant fraternellement, quatre fois par an, autour de votations fédérales. Aimant les vibrations secrètes, envoutantes, telluriques, de leur patrie. Dans la voix du jeune Reist, j'ai cru percevoir certaines de ces inflexions-là. Un tempérament politique, en Suisse romande, est né.

     

    Pascal Décaillet