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Liberté - Page 708

  • Et si on respectait les majorités ?

     

    Sur le vif - Lundi 29.10.18 - 09.27h

     

    A chaque victoire, à l'issue d'un processus parfaitement démocratique, d'un candidat qui ne leur plaît pas (donc immédiatement qualifié de fasciste, dictateur, etc.), nombre de nos beaux esprits se strangulent immédiatement, se parent de la toge de la résistance à la bête immonde, et en appellent au "respect des minorités". La minorité des perdants.

     

    Fort bien. Je suis favorable à ce respect.

     

    Mais, la démocratie étant étymologiquement le pouvoir au peuple, entendez au corps électoral, le premier des respects, pour un démocrate, est celui dû à la décision d'une majorité.

     

    J'ajoute une chose : nos beaux esprits, quand c'est l'un des leurs qui remporte une élection, montrent en général le plus parfait mépris face à la minorité des perdants. Mais là, aucune importance. Puisque c'est pour la bonne cause.

     

    Pascal Décaillet

     

  • DDR : ma nostalgie

     

    Sur le vif - Dimanche 28.10.18 - 15.28h

     

    L'épisode de l'Histoire prussienne et saxonne appelé "DDR", entre 1949 et 1989, me passionne à un point que personne n'imagine. D'abord, parce que j'ai connu cette époque, j'ai passé l'été de mes quatorze ans sur la ligne de démarcation inter-allemande, qu'on appelait "Mur de fer", j'ai regardé tous les soirs les nouvelles de la DDR (qui n'étaient pas plus teintées de communisme que celles de la BRD ne l'étaient de capitalisme), j'ai lu les auteurs de la DDR, bref ce pays m'a touché.

     

    Le pays, pas le régime, bien sûr. Encore moins, la Stasi !

     

    Mais je ne supporte pas, encore aujourd'hui, d'entendre de beaux esprits parler de ces quarante ans d'Allemagne de l'Est, donc (pour être clair) de zone d'occupation soviétique, après la défaite du 8 mai 1945, comme d'un épisode historique où tout serait à jeter.

     

    Non seulement je pense le contraire, et mon attachement nostalgique (il faudrait dire "ostalgique") à la DDR est immense. Mais surtout, j'invite les beaux esprits d'aujourd'hui, à commencer par ceux de la droite libérale, à exercer le même esprit critique (qu'ils appliquent à la DDR) au corsetage idéologique de la BRD (l'Allemagne de l'Ouest) par le capitalisme, les États-Unis, l'OTAN. Je vous le dis : le niveau de propagande était le même qu'à l'Est.

     

    Alors certes, en BRD, il n'y avait pas la police politique. C'est incontestable. Mais enfin, qui sommes-nous pour juger cette moitié orientale de l'Allemagne qui, dans le partage du pays en 1945, est tombée sous occupation russe, donc obligation d'établir un régime de type communiste ? En effet, ces gens n'ont pas eu, pendant quarante ans, les libertés fondamentales auxquelles nous, ici, à juste titre, nous sommes tant attachés.

     

    Mais ils ont eu tant d'autres choses. Un mode de vie certes un peu vieillot, ne reposant pas (comme à l'Ouest) sur la sanctification de l'Argent et du profit. Mais un État, voyez-vous, qui a accordé une place exceptionnelle à la culture, à la musique, à la réflexion sur la littérature. Un État où les plus précaires bénéficiaient d'un filet social qu'on n'a pas toujours trouvé de l'autre côté, au Paradis du capitalisme. Un État qui vaut infiniment mieux que la réputation que voudraient nous en faire les ultra-libéraux.

     

    Un jour, j'écrirai quelque chose de solide sur la DDR. Il ne se passe pas une journée sans que je ne pense à ce moment si particulier de l'Histoire allemande. Peut-être, simplement, parce que c'est une partie très importante de ma jeunesse.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Novembre 1918 : la Révolution allemande

     

    Sur le vif - Samedi 27.10.18 - 18.46h

     

    Novembre 1918 : nous approchons d'un mois du centenaire absolument capital. On peut citer, en vrac, l'Armistice (11 novembre), la grippe espagnole, qui fut une horreur absolue, ou encore, chez nous, la Grève générale en Suisse.

     

    Tous ces événements sont essentiels. Mais pour ma part, je me prépare depuis des mois (ou même depuis 40 ans, suivant comment on veut bien toiser mon degré de maturation dans la perception évolutive d'un épisode historique) à vous raconter ce qui m'apparaît comme le moment le plus cardinal de ce mois de novembre 1918 : la Révolution allemande.

     

    Elle a commencé 48 heures avant l'Armistice, le 9 novermbre. Elle a entraîné les Allemagnes, notamment la Bavière, dans une spirale d'événements assez complexes (d'où sa notoriété limitée, voire inexistante, dans le grand public). En 1918, et premier semestre 1919, une véritable guerre civile a déchiré les Allemagnes fraîchement vaincues. Entre Spartakistes et Corps-francs, on s'est battu violemment. Dans certaines villes allemandes, un an seulement après la Révolution russe, les communistes ont pris le pouvoir. La bourgeoisie allemande a tremblé, comme jamais. De cette période terriblement trouble, est né le NSDAP, le parti nazi, qui prendra le pouvoir 14 ans après, le 30 janvier 1933. Il faut lire tout cela dans un chef-d’œuvre d'Ernst von Salomon, qui s'appelle "Les Réprouvés", "Die Geächteten".

     

    Une fois de plus, je dois rendre hommage à un homme magnifique, à qui je dois tant. Il ne s'agit ni d'un historien, ni d'un écrivain, mais d'un spécialiste de cinéma. Il s'appelle Rui Nogueira. Entre mes 18 et mes 25 ans, avec un ami étudiant, je passais le maximum de soirées au CAC, qui était encore à l'époque Rue Voltaire. Nous allions tout voir, tant le Septième Art nous fascinait.

     

    J'animais moi-même un Ciné-Club à l'école où j'enseignais l'allemand, le C.O. Sécheron, auquel me lient tant de magnifiques souvenirs. Chez Nogueira, c'était magique : grâce à lui, j'ai découvert le cinéma américain, sous toutes ses facettes, souvent les moins connues ; le cinéma russe ; le cinéma polonais ; le cinéma de la DDR ; le cinéma sud-américain ; le cinéma italien ; et bien sûr le cinéma allemand, il faudrait dire "ouest-allemand", dont la plus grande figure, qui a forgé une partie de ma jeunesse, s'appelait Rainer Werner Fassbinder (1945-1982). J'ai vu tous ses films. Certains, maintes fois.

     

    Or, c'est justement Fassbinder qui venait de réaliser la Série Berlin Alexanderplatz (1980), d'après Alfred Döblin. Alors, grâce au cinéma, grâce à Nogueira, collisionneur d'émotions, j'ai su qu'il existait un chef-d’œuvre de Döblin, nommé "Berlin Alexanderplatz" (1929). Je me suis plongé dans Döblin, et j'ai su qu'il existait, de cet auteur, une autre œuvre majeure, "November 1918". Et c'est ainsi, au début des années 80, que j'ai commencé à me plonger dans la Révolution allemande.

     

    Cette Révolution méconnue, et pourtant capitale, cause directe de l'avènement du nazisme comme parti d'opposition et de combat (1919-1933), porteuse de toutes les passionnantes contradictions de l'Allemagne vaincue le 11 novembre 1918, je me propose de vous la raconter, ici même. Ce sera d'ici quelques jours, ou semaines, courant novembre 2018. Pour le centenaire.

     

    Pascal Décaillet