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Liberté - Page 710

  • Le daim providentiel

     

    Sur le vif - Vendredi 26.10.18 - 09.49h

     

    Républicain. Souverainiste. Mélomane. Fou de textes, de syllabes. Solitaire. Indépendant. Anti-mondain, puissamment. Hanté par l'Histoire, la présence des morts. Ne considérant nul humain comme supérieur à un autre, donc nul comme inférieur. Partisan des frontières, des nations, d'une régulation sévère des flux migratoires. Partisan acharné de la démocratie directe. Très sceptique sur la démocratie représentative. Défenseur des paysans, du terroir, de la qualité. Obsédé par les lieux de mémoire, le culte des morts. Wagnérien. Détestant la foule qui hurle, les manifs, le bruit en général. Aime observer les oiseaux. Les plaines de Camargue. Les collines de Toscane ou de Provence. Les sentiers valaisans. Le monde arabe. Les Balkans. La Grèce, la langue grecque. L'Allemagne, la langue allemande. Le regard des Allemands sur la Grèce, celui d'Hölderlin en premier. La musique allemande. La poésie allemande. Le roman allemand. L'Histoire allemande. Le destin allemand. La traduction de la Bible par Luther. Le système politique suisse. La chaleur de ma famille, l'intelligence de celles qui m'entourent. Le souvenir de mes parents. Les rivières, les fleuves. Les arbres. La musique de chambre. Les paysages. Les livres. La qualité de l'angle, dans un texte. Le triangle, au bord de la route, qui nous annonce l'imminence d'un daim, là où le daim providentiel, hélas, se fait attendre.

     

    Pascal Décaillet

     

  • A MM Maudet et Barazzone - Conseils de voyages

     

    Sur le vif - Jeudi 25.10.18 - 17.41h

     

    Que certains de nos édiles éprouvent une fascination pour l'Orient compliqué, je ne saurais - en soi - la leur reprocher. Moi aussi, le monde arabe me fascine, depuis ma première visite au Proche-Orient, à l'âge de huit ans. Il y en eut beaucoup d'autres. J'aime ces pays, j'aime leurs langues, leurs cultures, c'est ainsi.

     

    Seulement voilà. En laissant parfaitement de côté (c'est mon principe d'action) les aspect moraux ou juridiques de ces petites virées où le rêve orientaliste semble jouer un rôle cardinal, il y a tout de même un élément que je désapprouve : la faute de goût.

     

    Des rives océanes du Maroc jusqu'aux confins de l'Indus, l'univers de langue et de culture arabes, avec SES religions (eh oui, au pluriel, il y a par exemple des Arabes chrétiens), passionnant de diversité, mérite, à mes yeux, une autre attention, y compris ministérielle, que la seule fréquentation des potentats richissimes du Golfe.

     

    Ainsi, MM Maudet et Barazzone auraient pu, au hasard, aller visiter le site exceptionnel de Kairouan, en Tunisie, l'un des lieux saints de l'Islam. Ou encore, les vestiges romains de Libye. Ou encore, les villes égyptiennes du Caire, d'Alexandrie, ou plus au Sud, Assouan, avec ses mélanges de peuples et ses cataractes. Ils auraient pu s'enfoncer dans les profondeurs de l'Algérie, de la Mitidja jusqu'à Tamanrasset.

     

    Ils eussent pu aussi, ces deux Messieurs, aller se promener dans Gaza, ville assiégée, ville bloquée, ville où le champ des possibles, celui de la vie tout simplement, se voit comme verrouillé : jusqu'à quand ? Non loin, je leur aurais conseillé Jérusalem, ville arabe, ville juive, ville chrétienne, trois fois Sainte, tant fois sources, ombilicale. Et puis, Damas, que je rêve de revoir. Et puis, la Jordanie, l'Irak, Bagdad. Et puis, hors du monde arabe, mais si capital pour la région, si central dans l'échiquier du Moyen-Orient, l'Iran. Oui, la Perse, millénaire, fascinante, inventive.

     

    Dans tous ces pays, sans compter la captivante Turquie, non-arabe également, mais d'une telle puissance dans l'ordre de la langue, des croisements, de la culture, avec aussi bien sûr le Kurdistan, nos deux éminents globe-trotters auraient découvert la chaleur humaine des populations, l'amitié, la rencontre.

     

    MM Maudet et Barazzone, vous me décevez. Non dans l'ordre juridique, ni moral. Mais dans celui du goût et des priorités. Vous aimez l'Orient ? Vous avez raison ! Mais allez le voir où palpite l'humain, avec ses rêves de fraternité. Et pas nécessairement où miroitent l'arrogance et l'opulence des tout-puissants.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Juges étrangers : mon préliminaire

     

    Sur le vif - Jeudi 25.10.18 - 11.07h

     

    Le 25 novembre, le peuple et les cantons se prononceront sur l'initiative visant à la primauté du droit suisse sur le droit international.

     

    Le débat est lancé. Dire oui, ou dire non, participer, s'engager, donner son avis, est le droit de TOUTES LES CITOYENNES, TOUS LES CITOYENS de ce pays. Chacune, chacun, peut intervenir, exprimer son point de vue. Une initiative est une affaire du peuple avec le peuple. Elle n'est en aucun cas l'affaire privilégiée des 246 élus aux Chambres fédérales.

     

    En Suisse, nous sommes environ huit millions d'habitants. Si on enlève les jeunes de moins de dix-huit ans, et les étrangers (qui n'ont pas le droit de vote sur le plan fédéral), nous sommes un peu plus de cinq millions d'hommes et de femmes à constituer le corps électoral qui pourra, le jour venu, se prononcer. J'invite ces cinq millions à donner leur avis. Il y aura des pour. Il y aura des contre. Et le 25 novembre, dans un sens ou dans l'autre, il y aura une DÉCISION DU SOUVERAIN. Dans tous les cas, nous devrons l'accepter.

     

    Dans ce préliminaire, je ne vous ai pas encore donné mon avis sur cette initiative. Cela viendra. J'ai juste tenu à préciser l'ampleur nationale du théâtre d'opérations électoral, lorsque nous avons affaire à une initiative.

     

    J'ajoute une dernière chose, dans ce premier texte de ma part sur cet objet du 25 novembre. Nous sommes des CITOYENNES ET DES CITOYENS LIBRES. Nous n'avons d'ordre électoral à recevoir de personne. Chacun de nous votera en fonction de son intime conviction. Chacun est libre de dire ce qu'il vote, ou de le taire. Nul, je dis bien NUL n'a le droit d'opérer sur nous la moindre pression. Chaque partie, certes, peut tenter de nous convaincre, c'est son rôle. Mais il n'est pas question d'accepter de se laisser intimider, dicter son vote, traiter de mauvais Suisse, parce qu'on serait pour le oui, ou pour le non.

     

    Voulons-nous que le droit suisse prime sur le droit international ? Il y a, des deux côtés, de très bons arguments. Ceux qui les énoncent doivent être respectés, comme des concitoyens qui participent, avec nous, à un grand débat national. Le thème est essentiel : il définit les contours de la souveraineté législative nationale, dans le cadre de nos relations passées contractuellement avec l'étranger. C'est un thème qui vaut largement une belle campagne. Il est l'un des plus importants de ces dernières années. Alors, engueulons-nous fraternellement entre citoyennes et citoyens. Et, une fois le verdict tombé, sachons l'accepter.

     

    Pascal Décaillet