Sur le vif - Mardi 08.01.18 - 10.05h
Gilets jaunes : nous avons dépassé depuis longtemps le stade de la simple jacquerie.
La thèse de la jacquerie, on peut la suivre tant qu'il ne s'agit que de pouvoir d'achat, revendication d'ailleurs parfaitement légitime.
Mais en parallèle, il y a l'immense aspiration à de nouvelles formes d'expression démocratique.
Nous n'avons donc absolument pas affaire à de simples SUJETS signifiant leur colère à leur maître, prêts à se laisser calmer par le miracle d'un Grenelle. Mais à des CITOYENNES ET CITOYENS, debout, frontalement érigés face au dernier représentant de l'ordre ancien. Pour lui signifier, qu'il le veuille ou non, l'inéluctable avènement d'un nouveau monde.
Ils ne sont pas pressés. Le temps est avec eux. L'Histoire est avec eux. Partout en Europe, gronde la voix des peuples. Partout, dans les décennies qui viennent, la démocratie directe va monter en puissance, la démocratie représentative (issue du temps des diligences) va perdre du terrain. Elle en aura trop fait, dans l'ordre du consanguin, pour se régénérer.
Pendant ce temps, les petites coteries parisiennes, celles des BHL et des Cohn-Bendit, celles de l'ineffable BFMTV, celles qui s'agrippent et s'agglutinent au pouvoir, attirées par ce dernier comme des éphémères sur un réverbère, n'en peuvent plus de nous jouer le registre de la morale, celui des conventions et bonnes manières, parce que le bruit de la rue les incommode.
Surtout, ils crèvent de trouille. Ils savent que la chute de Macron ouvrirait la porte à autre chose. Un "autre", totalement imprévisible. Angoissant. Vertigineux.
La porte ouverte, aussi, en matière européenne, dans les droits populaires, dans la réaffirmation de la souveraineté nationale, à une partie du programme de la rivale d'Emmanuel Macron au second tour 2017. Celle qui avait certes perdu. Mais n'avait jamais, en valeur absolue, réuni tant de millions de voix pour son mouvement.
Un jour ou l'autre, le fantôme de ces voix méprisées viendra se rappeler à notre bon souvenir. Il a même méchamment commencé.
La France a besoin de retrouver le fil narratif de son roman national.
Elle a besoin de souveraineté. De justice sociale, à l'interne. De démocratie directe. Pour avoir allègrement ignoré, voire bafoué, ces aspirations fondamentales, Macron est condamné, non au sort de Louis XVI en 1793, mais assurément à celui de Charles X en 1830. Ou de Louis-Philippe, en 1848.
Pascal Décaillet