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Liberté - Page 692

  • Adieu, les partis !

     

    Sur le vif - Jeudi 14.02.19 - 15.11h

     

    Les partis politiques seront de moins en moins, dans les années qui viennent, les relais d'idées et les fédérateurs de pensée qu'ils ont été, depuis la Révolution française. Ce rôle, ils l'ont tenu, je suis le premier à le reconnaître.

     

    Le premier, aussi, à m'être passionné, dès l'adolescence, pour l'Histoire et la philosophie politique des partis. Fulgurant radicalisme (Freisinn), né des grandes valeurs républicaines de la Révolution, puis du Printemps des peuples, en 1848. Idem pour le libéralisme, avec lequel je ne partage pas grand-chose, mais dont je reconnais les grands penseurs, à l'image d'un Benjamin Constant, ou d'un Tocqueville. Émergence de ce qu'on appellera plus tard la démocratie chrétienne, avec l'éblouissante Encyclique Rerum Novarum, de Léon XIII (1891). Sans oublier, bien sûr, les socialismes, la social-démocratie, le communisme. Tous ces partis ont charrié l'Histoire, ils ont écrit les grandes pages politiques des 19ème et 20ème siècles.

     

    Mais aujourd'hui, tout cela touche à sa fin. Non les idées, mais leur regroupement sous des bannières, dans ces espèces de paroisses auxquelles il faudrait adhérer dès sa jeunesse, demeurer sans jamais les quitter, siéger assidument dans des comités, des assemblées, des commissions, rouler pour des champions, comme la groupie de Michel Berger, derrière son pianiste.

     

    Il n'y a plus aucune raison, pour les années et les décennies qui viennent, de passer par ces chapelles d'obédience, où on se paye en services rendus et en prébendes partagées, pour faire de la politique. La mise en réseau des connaissances, la numérisation, l'accès planétaire au savoir, tout cela va contribuer à rendre progressivement caduques ces affiliations à vie, sous une même couleur.

     

    Le système des partis est intimement lié à celui des Parlements, à la démocratie élective, où l'on passe plus de temps à parler des personnes que des idées. Le clan X contre le clan Y, les querelles de clocher à l'intérieur des paroisses, tout cela sécrète, peu à peu, le venin du suicide des partis.

     

    En lieu et place de ce petit monde, l'avenir est à la démocratie directe. L'avenir est aux citoyennes et citoyens. L'initiative populaire permet de faire de la politique, non pour défendre infiniment une bannière, mais pour atteindre des objectifs stratégiques précis. On se bat pour une idée, non pour servir d'écuyer à un champion.

     

    Les partis ne sont pas morts. Pour quelques décennies, voire un siècle ou deux, ils seront encore là. Mais ils ne joueront plus le rôle qui fut le leur aux 19ème et 20ème siècle. Nous avons mieux à faire qu'entretenir des paroisses : servir l'intérêt supérieur du pays. Par exemple, en activant au maximum les prodigieux ressorts de la démocratie directe.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Le peuple, face aux guêtres !

     

    Sur le vif - Jeudi 14.02.19 - 09.53h

     

    Nous devons changer la Constitution, au niveau fédéral et dans chaque Canton, pour que les exécutifs n'aient plus ce scandaleux pouvoir d'invalidation d'une initiative. Ni les exécutifs, ni les législatifs !

     

    Si une initiative obtient les signatures, elle doit être soumise au suffrage des citoyennes et citoyens. Ces derniers sont bien assez mûrs pour la sanctionner, si elle s'avère ahurissante, en la refusant.

     

    On ne sanctionne pas une initiative en l'invalidant. On la sanctionne en la refusant.

     

    L'épisode d'hier, à Genève, avec cette scélérate invalidation de l'IN 171, sur la BCGE, est une étape de plus dans la colère montante des citoyens contre la confiscation de leurs droits populaires.

     

    À Genève, dès qu'une initiative ne plaît pas politiquement au Conseil d’État, il se couvre d'arguments juridiques totalement bidon pour l'invalider.

     

    Ainsi, cette IN 171. Plus j'y pense, plus je me dis que je la refuserais. Mais c'est à moi d'en décider ! À moi, et aux dizaines de milliers de citoyennes et citoyens qui forment le corps électoral genevois. Nous sommes bien assez grands, si l'initiative va trop loin, pour en juger collectivement, à l'issue d'un vaste débat populaire.

     

    Les gouvernements, les Parlements, ne doivent plus pouvoir invalider les initiatives. Il faut leur retirer ce pouvoir. Pour cela, il faut changer la Constitution, par voie... d'initiative !

     

    Ce chantier prendra des années, des décennies, plusieurs générations peut-être. Mais nous devons l'entamer dès maintenant. L'avenir n'est pas à la consanguinité de la démocratie représentative. Mais à la clarté, à la loyauté, à la transparence de la démocratie directe.

     

    Hier à Genève, la bonne vieille démocratie élective, qui traîne ses guêtres et ses privilèges depuis un peu plus de deux siècles, a cru marquer un point. En réalité, elle a scellé le début de sa perte.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Initiative BCGE : suprême arrogance du Conseil d'Etat !

     

    Sur le vif - Mercredi 13.02.19 - 15.17h

     

    Invalider des initiatives, pourtant dûment munies de toutes les signatures nécessaires : ce procédé détestable de l'exécutif face à l'exercice régulier des droits populaires, on le croyait réservé au parfum d'arrogance de la législature précédente.

     

    Eh bien non ! Le Conseil d'Etat, alléguant des motifs ahurissants, se permet de jeter aux orties l'initiative 171, lancée l'an dernier par Ensemble à Gauche, "La BCGE doit rembourser les 3,2 milliards prêtés par l'Etat".

     

    Je n'entends pas ici prendre position sur l'initiative. Mais ce texte a fait l'objet, dans les formes, d'une récolte de signatures. Il les a obtenues. Il doit être soumis au peuple. Cette forme de censure d'un pouvoir exécutif sur un texte qui lui déplaît, censure purement politique sous couvert du blabla juridique habituel, "contraire au droit", est totalement inacceptable.

     

    L'argument le plus hallucinant, je vous laisse juger : " L’initiative aurait eu pour conséquence l’inscription d’une dette de 3,2 milliards de francs au bilan de la BCGE, ce qui aurait pour conséquence d’entraîner un surendettement de la BCGE et différentes mesures à prendre par l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) afin de l’assainir. Or, l’électeur ou l’électrice ne peut se rendre compte de la portée de l’initiative au moment d’exprimer son vote, alors même que l’acceptation de cette dernière aboutirait à un résultat totalement opposé au but exprimé ".

     

    "L'électeur ne peut se rendre compte" ! Comme si les choses, dans la campagne de votation, ne pouvaient pas lui être expliquées ! Comme si cet argument du Conseil d'Etat, pertinent en soi, ne pouvait pas être porté, dans un débat à la loyale, à la connaissance du corps électoral. Comme si les citoyennes et citoyens de ce canton étaient des enfants. Immatures. Inaptes à saisir les enjeux de la politique. Suprême arrogance, qui plaide une fois encore contre les corps intermédiaires. Et pour la prise en charge, de plus en plus, de la politique par l'ensemble des citoyens.

     

    Je n'aurais sans doute pas voté ce texte d'Ensemble à Gauche. Mais je ne supporte pas qu'on empêche le peuple de se prononcer.

     

    Pascal Décaillet