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Liberté - Page 679

  • Le Ying et le Yang

     

    Commentaire publié dans GHI - 19.12.18

     

    Ce vendredi 14 décembre, le Grand Conseil genevois a fait très fort. Dans son immense sagesse, il a accepté deux projets de loi, sur l’avenir de la CPEG (Caisse de pension des employés de l’Etat de Genève), parfaitement contradictoires ! Il a dit noir et il a dit blanc, il a dit une chose et son contraire, il a dit oui au Ying, a dit oui au Yang.

     

    Nos députés ont, à la fois, accepté le projet de la gauche et du MCG, qui conserve, pour les rentiers, la primauté des prestations, et celui du Conseil d’Etat qui, avec la droite, introduit la primauté des cotisations. Pour ne prendre que l’une des différences majeures qui font de ces deux projets de loi des éléments antagonistes, inconciliables.

     

    Comment les élus en sont-ils arrivés là ? Quel rôle a joué l’abstention des Verts, sur le projet du Conseil d’Etat ? Surtout, comment le Canton va-t-il trouver une issue à cet imbroglio, sans faire perdre la face à l’une des parties ?

     

    Cette gesticulation parlementaire donne, de la part de la démocratie représentative genevoise, un signal d’impuissance. Si les autorités, récemment élues pour cinq ans, ne sont pas capables de trouver une solution, en début de législature, à une question aussi majeure que celle des retraites des fonctionnaires, alors il faudra que Genève songe à étendre et approfondir ses mécanismes de démocratie directe. De façon à donner au peuple la voix prépondérante. Pas seulement pour réagir à ce qu’on lui propose (référendums). Mais pour inventer par lui-même (initiatives) la possibilité du salut.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La politique doit être claire et lisible !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 19.12.18

     

    La politique, c’est l’art de gérer la Cité. La démocratie, c’est le pouvoir au peuple. La capacité, pour ce dernier, d’actionner les leviers de décision. La démocratie représentative, c’est le peuple qui délègue sa confiance à des élus, dans des Parlements par exemple. La démocratie directe, c’est le suffrage universel qui prend directement des décisions. Soit par référendum (en opposition à une loi votée par un Parlement). Soit, beaucoup mieux, par voie d’initiative : un comité de citoyens lance une idée forte pour modifier la Constitution, il récolte des signatures, et un jour le peuple vote. En Suisse, nous avons un mélange de démocratie représentative (puisque nous élisons des gens) et de démocratie directe. La dialectique, souvent antagoniste, entre ces deux systèmes, étincelante comme le choc de deux silex, est passionnante.

     

    Dans un pays comme la Suisse, où la démocratie directe est si présente, dans les trois échelons de notre vie politique (Commune, Canton, Confédération), il absolument nécessaire que les enjeux soient clairs. La politique est certes une chose complexe. Mais cela ne doit en aucun cas nous empêcher d’en présenter les thèmes de façon claire, lisible, compréhensible par tous. Lorsqu’un sujet est proposé au suffrage universel, il doit être immédiatement perceptible par l’ensemble de la population. Les mots doivent être simples, le jargon juridique doit être impérativement expurgé : la Suisse n’est pas une immense Faculté de droit, elle est une nation citoyenne, où tout le monde doit pouvoir comprendre, d’un coup, les tenants et les aboutissants d’une votation.

     

    En termes de clarté, la démocratie directe est supérieure à la démocratie représentative. Les initiatives, voulues au départ par un petit nombre, puis proposées au suffrage universel, ont, la plupart du temps, des titres clairs et percutants. On les aime ou on les déteste, on les soutient ou on les combat, mais enfin on les comprend ! Je n’en dirai pas autant des puissants compromis parlementaires, ces fameux « paquets » où les élus législatifs, dans un pur esprit de maquignonnage où tout le monde se tient par la barbichette, nous concoctent des mélanges de sens, totalement incompréhensibles par le grand public. Exemple 1 : le paquet fédéral où on mêle le destin de l’imposition des entreprises à celui de l’AVS. Exemple 2 : le paquet du Conseil d’Etat genevois où on mêle la même imposition aux subsides versés aux gens pour payer leurs primes d’assurance maladie. Dans les deux cas, nous avons affaire à des confusions scélérates quant au fond, et illisibles quant à la forme.

     

    La politique doit être claire. Si le monde parlementaire, en Suisse, n’est plus capable d’accoucher d’autre chose que d’obscures équations, alors il devra céder la place à une extension des droits populaires. Un système lisible, audible, loyal sur les enjeux. Un système pour le peuple et par le peuple. Et non au service des corps intermédiaires.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Un enfant capricieux de la modernité

     

    Sur le vif - Mercredi 19.12.18 - 07.05h

     

    En mars 1986, Mitterrand a dû cohabiter avec Chirac. En 1993, avec Balladur. En 1997, Chirac a dû cohabiter avec Jospin.

     

    Si Macron dissout l'Assemblée, la bande de godillots qui y siège, sous son label, depuis juin 2017, sera chassée. Il y aura une nouvelle majorité, dans laquelle Macron devra choisir le Premier ministre. Cohabitation, donc.

     

    S'il ne dissout pas, alors il ouvre, pour une période indéterminée, une page totalement nouvelle sous la Cinquième : un Président qui doit cohabiter avec... le peuple !

     

    Dans ce second cas, les corps intermédiaires volent en éclats. À commencer par l'Assemblée : les godillots de juin 2017 demeurent au Palais-Bourbon, mais n'ont définitivement plus aucun pouvoir. Ils regardent passer les missiles entre le peuple et le Prince. Pendant trois ans et demi !

     

    À titre personnel, cette situation très plébiscitaire ne me déplaira pas. Mais alors, à quoi bon Mirabeau, à quoi bon juin 1789, à quoi bon le Jeu de Paume, à quoi bon la volonté du peuple et la force des baïonnettes ?

     

    En mai 2017, les Français ont choisi Macron. Ils ont choisi d'envoyer au pouvoir suprême un ancien associé de la Banque Rothschild, un arrogant ultra-libéral, soutenu par la finance internationale et cosmopolite, totalement dépourvu de culture historique et politique. Un enfant capricieux de la modernité. Un Président à contresens, aveugle et sourd aux mouvements de libération des peuples en Europe, méprisant envers l'expérience italienne, accroché à la déclinante Mme Merkel, et aux douze étoiles en extinction de l'Union européenne.

     

    Ils ont aujourd'hui la rançon de leur erreur. "Cinq ans de répit pour l'Ancien Monde", écrivais-je, ici même, à la minute de l'élection, donc au second tour à 20h. Je n'imaginais pas que ce répit ne durerait que 18 mois.

     

    Pascal Décaillet