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Liberté - Page 678

  • Non, Sire, c'est une naissance !

     

    Sur le vif - Samedi 22.12.18 - 18.16h

     

    Ce qui se passe en France, avec les gilets jaunes, en Italie, en Autriche, en Hongrie, en Pologne, n'a rien d'une parenthèse. Les équipes au pouvoir dans les autres pays, à commencer par Macron, adoreraient que tout cela ne soit qu'un interlude, fugace. Une percée lumineuse du cauchemar, juste avant le réveil.

     

    Non. Ce qui se produit en France, en Italie, dans beaucoup de Länder allemands, est un commencement. Il se passe, en Europe, quelque chose de l'ordre d'une naissance. Celle, comparable au printemps des peuples en 1848, d'un nouveau rapport à la démocratie.

     

    Nous ne sommes pas dans des révolutions fascistes, comme voudraient tant nous le faire croire les tenants de l'Ancien Régime, doucement en train de s'effondrer. Nous sommes dans des révolutions démocratiques.

     

    Nous avons affaire à des peuples qui aspirent à prendre davantage en mains le destin de leurs pays. Davantage de démocratie directe, à inventer nation par nation, selon le génie de chacune. N'ayons pas, nous Suisses, l'arrogance ni la prétention d'exporter notre système : il est idiomatique à notre Histoire, et d'ailleurs rien ne s'exporte, c'est justement cela, croire en l'âme de chaque nation. Et croire au droit de chaque peuple à disposer de lui-même.

     

    Davantage de démocratie directe, non pour écraser la démocratie représentative, mais pour entrer avec elle dans l'étincelante dialectique de la concurrence. En Suisse, nous connaissons cela. En quoi faudrait-il craindre la force des idées ?

     

    Les citoyennes, les citoyens d'Europe, aspirent à aller davantage aux urnes sur des thèmes, un peu moins pour élire des "représentants", qu'ils ne voient que tous les quatre ou cinq ans, et qui, entre-temps, vivent dans la consanguinité parlementaire.

     

    Le peuples d'Europe veulent en découdre directement avec les thèmes. En Suisse, nous connaissons cela. Eh bien, que chacun de ces peuples, s'il le veut, invente le chemin qui lui permettra de conquérir ce pouvoir extraordinaire.

     

    Nous avons, autour de nous, à commencer par notre grand voisin la France, des peuples qui rêvent d'une démocratie plus vivante, plus juste, plus efficace qu'aujourd'hui. Nous n'avons, me semble-t-il, qu'à nous en féliciter !

     

    Quant aux petits marquis de l'Ancien Régime finissant, les BHL et les Cohn-Bendit, laissons-les vomir sur ce printemps des peuples. Vomir : ils ne savent faire que cela, dès que le bruissement des consciences vient déranger la parfaite ordonnance cosmopolite de leurs géométries mentales.

     

    Nous avons, nous tous, beaucoup mieux à faire : passionnons-nous pour ce réveil démocratique. En respectant chaque nation, dans sa nature et sa différence. Et en offrant notre amitié à tout ce qui peut augmenter le pouvoir des peuples sur la destinée des pays.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Non à la libre-circulation

     

    Sur le vif - Samedi 22.12.18 - 10.40h

     

    Il y a quinze ans, vingt ans, nous étions quelques-uns à prôner le protectionnisme, la préférence locale et nationale, on nous répondait en sanctifiant la libre-circulation.

     

    Aujourd'hui, après quinze ans, vingt ans, d'un combat acharné, la préférence locale, nationale, s'est imposée dans les esprits.

     

    Reste la libre-circulation. Elle dévaste la cohésion sociale des nations européennes. En Suisse, elle n'a profité qu'à quelques-uns. Ce profit n'a absolument pas été redistribué à l'ensemble de la population.

     

    Les plus précaires d'entre nous ont été touchés par la férocité de cette concurrence importée. La gauche, les syndicats, à qui on promettait des "mesures d'accompagnement", comme on jette des miettes à des oiseaux, se sont laissés avoir, comme jamais.

     

    Le peuple et les cantons, le 9 février 2014, ont accepté le principe de contingents, pour réguler les flux migratoires. Les corps intermédiaires en ont dévoyé la mise en application. Il faudrait encore leur faire confiance ?

     

    Dans les années qui viennent, nous devons nous attaquer à la racine. Tout en entretenant les meilleures relations, de respect et d'amitié, avec les peuples d'Europe, nous devons renoncer à cette idéologie ultra-libérale de la libre-circulation. Elle n'enrichit qu'une minorité, qui spécule sur elle avec la dernière des usures, et elle lacère l'essentiel pour le destin de notre pays : la cohésion sociale entre les Suisses.

     

    Nous voulons une Europe des peuples. Pas une Europe des spéculateurs.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Pourquoi Macron a peur de la proportionnelle

     

    Sur le vif - Vendredi 21.12.18 - 10.56h

     

    Pourquoi Macron a-t-il si peur de la proportionnelle ? Pour une raison simple : au second tour de la présidentielle de 2017, il a certes gagné. Mais il n'était tout de même pas aveugle au point de ne pas voir l'explosion du nombre de voix - EN VALEUR ABSOLUE - de sa rivale.

     

    Les législatives, depuis l'erreur majeure qui s'appelle le quinquennat, n'ont plus aucun intérêt. Em associant le temps parlementaire au temps présidentiel (donc en supprimant le génial décalage 5 ans, 7 ans, qui précédait), on élit un Président, puis dans la foulée, on lui donne logiquement, six semaines plus tard, les moyens de son action. Le législatif n'est donc plus qu'une annexe de l’Élysée, une écurie du Château.

     

    Si vous ajoutez cela à la liquéfaction totale des partis traditionnels en ce printemps 2017, vous aboutissez à une situation unique. Elle a permis à Macron de créer, à son effigie, et même en reprenant ses initiales, un mouvement totalement artificiel, jouant sur les ambitions nationales de notables locaux, des Homais jaillis de leurs officines, des Rastignac aux dents étincelantes, en un mot l'actuelle bande de godillots, Maréchal Ferrand en tête, servant à l'Assemblée de vicaires législatifs à l’Élysée.

     

    Mais si Macron devait dissoudre... Alors là, même dans le système actuel, adieu les godillots ! Et si en plus, une nouvelle élection devait se produire à la proportionnelle, alors là, bonjour la France profonde, la France des colères, la France des jacqueries, la France des gilets jaunes.

     

    Dans cette hypothèse, une Assemblée enfin représentative permettrait assurément aux millions de voix ayant voté, au second tour de la présidentielle 2017, pour la rivale d'Emmanuel Macron, de faire leur grande entrée au Palais-Bourbon. Ou tout au moins leur grand retour, depuis 1956, l'année de la percée poujadiste.

     

    Tout cela, Macron le sait. On peut donc imaginer qu'il préférera créer un dérivatif du côté de la démocratie directe (quitte à le faire fort mal, précipitamment), plutôt que de réformer en profondeur un mode de scrutin qui lui a permis, en 2017, le parfait artifice de son avènement.

     

    Pascal Décaillet