Liberté - Page 41
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Michel Bovey : il était la vie
Sur le vif - Jeudi 09.01.25 - 18.05hA vous qui me lisez, ces quelques mots, à l'arraché, suite à la nouvelle que je viens d'apprendre : Michel Bovey, l'un des plus attachants habitués de GAC depuis 19 ans, vient de nous quitter. Tristesse, infinie. Pensées émues pour son épouse, sa famille, ses proches. Le monde de la culture, à Genève, perd une figure, une énergie vitale, un être de désir et d'enthousiasme. Un rassembleur.J'avais croisé Michel, avec son épouse, à Carouge, peu avant Noël. Comme toujours, il m'avait embrassé. On avait disserté sur son ardeur à travailler encore, bien après l'âge de la retraite. Un moment, il m'a pris à part, il m'a lancé : "Pascal, ne t'arrête jamais ! Reste toujours en éveil, toujours avec des projets, la flamme de l'enthousiasme". Il me tenait le bras, ne le lâchait pas, j'ai senti que quelque chose d'essentiel se passait. J'en ai d'ailleurs parlé à mon épouse. Une fois de plus, cet homme m'avait touché. J'ignorais que c'était la dernière.Michel Bovey, c'était l'homme des Concerts de Lancy. Tous les habitants de cette Commune, qui m'est chère, connaissent l'apport inestimable de cet homme à la vie musicale lancéenne. Toutes les musiques, pour tous les goûts, pour ensoleiller les dimanches.Mais surtout, quel éveil à la vie ! Quel enthousiasme ! Quelle ouverture ! Dans la longue Histoire de GAC, bientôt vingt ans, des personnages reviennent, comme dans les romans russes, comme dans Tintin. Michel est l'un de ceux auxquels je me suis le plus attaché. Il était une énergie. Il était la vie.Pascal Décaillet -
Sami Kanaan, l'homme qui rêve de régenter les médias
Sur le vif - Jeudi 09.01.25 - 11.36hMerci aux différents journalistes œuvrant sur la place de Genève de bien vouloir désormais rédiger leurs papiers, construire leurs émissions radio ou TV, définir leurs angles, choisir leurs collaborateurs, en fonction des lignes directrices énoncées par M. Sami Kanaan.Une récente saillie, cet automne, avait déjà singularisé cet homme au pouvoir depuis 14 ans en Ville de Genève (et même bien avant) comme le roi de l'ingérence dans les politiques rédactionnelles. Dans le Temps, ce matin, le Régulateur-en-Chef de la presse genevoise récidive. Cet homme-là ne connaît strictement rien au métier de journaliste. Mais il aspire à le régenter. Le moraliser. Introduire des mécanismes de contrôle des pouvoirs publics, via d'ineffables "Fondations", dont le rôle de paravent ne dupe personne.La vision Kanaan, c'est le premier pas vers un Ministère de l'Information. Ce qu'il ose dire des possesseurs privés des médias audiovisuels est non seulement insultant, mais surtout totalement faux ! Cet homme-là ignore tout du métier, de son fonctionnement, des énergies qui prévalent à la production d'émissions, ou de journaux. IL PARLE DE CE QU'IL NE CONNAÎT PAS.La vérité, sur ses intentions ? Homme d'une gauche morale, habitué à régner sans partage au milieu de ses courtisans de la Ville, ne supportant nulle contradiction, pétrifié dans l'exercice du pouvoir, M. Kanaan voit émerger, de plus en plus, une presse échappant à ses schémas de gauche. C'est le cas à Genève, en Suisse, en Europe, c'est ainsi. Et ça le rend fou. Alors, sous prétexte "d'aider la presse", il imagine mille mécanismes de contrôle. Il rêve de "Fondations", et sans doute d'en présider une, le jour venu.Dans le Temps d'aujourd'hui, prétendant répondre à l'excellente tribune de Cyril Aellen (qui mettait en garde sur le risque de contrôle de la presse par les pouvoirs publics), Sami Kanaan nous livre sa vision à lui : moraliste, interventionniste, triste à l'extrême, comme un congrès des camarades, un jour de pluie.Pascal Décaillet -
Participation : je dis oui !
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.01.25
J’ai toujours plaidé pour la participation des travailleurs à la propriété, et donc aux bénéfices, de leur entreprise. C’est une vieille idée, esquissée déjà bien sûr par Karl Marx, mais aussi développée, au début du vingtième siècle, par les partisans du Pape Léon XIII (1878-1903), auteur en 1891 de la lumineuse Encyclique Rerum Novarum, qui esquisse une réponse non-marxiste à la terrible condition sociale des ouvriers de l’époque.
Vous me direz que nous sommes dans un régime libéral. Je vous répondrai : « Nul régime ne s’impose aux citoyens hors de leur volonté ». Donc le libéralisme, qui a fait tant de mal à notre corps social depuis la chute du Mur, dans sa version ultra, boursicoteuse, déracinée des nations et des frontières, n’a rien de définitif : il peut parfaitement, si nous le décidons, être atténué, voire culbuté.
La participation, c’est par exemple une mise à disposition d’une partie – ou plus – du capital-actions aux travailleurs de l’entreprise. Quelque chose entre la vision bismarckienne, qui associe les corps professionnels, le gaullisme de gauche (sur lequel le Général est tombé en avril 1969), et le génie coopératif dont peut faire preuve la Suisse, pensez à certains géants de la distribution alimentaire. C’est une grande idée sociale. Elle est anti-libérale. Elle est patriote. Elle vise les intérêts supérieurs des travailleurs et des citoyens. Je la soutiens, depuis toujours.
Pascal Décaillet