Sur le vif - Dimanche 09.06.24 - 23.58h
C’est un spectacle terrible qu’ont donné ce soir les médias français. L’un des pires, depuis des décennies.
Une secousse politique majeure, inédite, frappe le pays. Un ancien monde, dans les codes, s’effondre. La nécessité de revenir, en Europe, à des nations souveraines, s’affirme. Une régulation drastique des flux migratoires s’impose. Ceux qui soutiennent tout cela gagnent ce soir les élections.
Face à ce séisme, que nous offrent les plateaux TV ? L’éternité, toujours recommencée, des querelles de chiffonniers. Les Copé, les Dati, et leurs copies datées.
Une élection, parfaitement démocratique, vient de se dérouler. Il y a des vainqueurs, il y a des vaincus. Que fait le Président de la République ? Il surgit, comme un diable de sa boîte, et annonce qu’on recommence tout à zéro. Dans trois et quatre semaines, d’autres élections !
Ce soir, les Français ont pourtant tranché. Ils ne remettent en cause ni le Président de la République, élu pour cinq ans, ni la députation. Ils envoient juste à Strasbourg des députés européens qui veulent une nouvelle donne dans la souveraineté des nations, la voix des peuples, le contrôle des flux migratoires.
Ce soir, sur les plateaux, on n’a parlé ni de souveraineté nationale, ni de contrôles aux frontières, ni de l’Europe. On est allé chercher les vieux coqs d’antan, on les a laissés monter sur leurs vieux ergots, on a fait du bruit, du bruit, et encore du bruit.
Je suis très fier d’être citoyen suisse. Et d’animer chaque soir, depuis tant d’années, des débats certes antagonistes, mais constructifs et respectueux, sur les mille et une nuances complexes de la politique suisse.
Je suis très fier d’être un spécialiste, depuis quarante ans, de cette politique fédérale. Austère et aride, en apparence. En réalité fertile, inventive, polyglotte, polyphonique, source de vie et de réinvention.
Pascal Décaillet