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Liberté - Page 292

  • Genève est à gauche !

     

    Commentaire publié dans GHI - 17.11.21

     

    Il faut être très clair : Genève est désormais à gauche. Elle l’est jusqu’au printemps 2023, fin de législature, voire au-delà, si la droite ne parvient pas à renverser la vapeur aux prochaines élections.

     

    A gauche, au gouvernement. Depuis l’élection complémentaire de ce printemps : deux socialistes, deux Verts, c’est déjà une majorité claire. Sans compter un magistrat PDC qui a aligné sa politique de mobilité sur la doxa Verte. Au Conseil d’Etat, l’affaire est donc classée. Et le déficit ! Et la dette ! Et six milliards pour la « transition écologique » ! Que du bonheur.

     

    Mais Genève, ne nous y trompons pas, est aussi, de facto, à gauche dans les rangs du Grand Conseil. Oh certes, la majorité élue en 2018 est clairement à droite. Mais les choses n’ont cessé de glisser, pendant la législature : si l’UDC et le PLR sont droits dans leurs bottes, comme en face d’eux la gauche, le PDC et le MCG en revanche ne cessent de fluctuer. Aucune ligne claire. Des alliances opportunistes, en fonction d’intérêts à court terme. Une jouissance très « Quatrième République » à s’ériger en arbitres des majorités, ces partis-charnières dont tout dépend. Dans le microcosme parlementaire, c’est sans doute très vivifiant. Mais il n’est pas sûr que l’intérêt supérieur du Canton en sorte gagnant.

     

    Le gagnant ? C’est la gauche ! Elle soutient ses ministres, le doigt sur la couture des pantalons. Elle profite des trahisons dans l’autre camp. Elle se frotte les mains. Et peut préparer sereinement les élections de 2023.

     

    Pascal Décaillet

  • Solitude et combat

     
    Sur le vif - Jeudi 18.11.21 - 10.25h
     
     
    N’accepte jamais de participer à un pouvoir qui ne soit pas le tien. De toi, et non d’un autre, doit surgir la singularité de ton entreprise, au sens le plus large. Passe des alliances, tisse des liens de confiance, fondés sur la compétence, mais n’accepte jamais d’être un second, un lieutenant.
     
    Je vais encore plus loin : n’accepte jamais aucun pouvoir.
     
    Ton pouvoir viendra de toi, du plus profond. Ta compétence. Ton savoir-faire. Ton imagination. Les liens nourriciers que, toute ta vie, dans la solitude (fuis les équipes !), tu auras tissés avec des maîtres, intellectuels ou spirituels, artistiques, musicaux, que tu auras choisis.
     
    L’être de caractère ne s’engage pas dans des troupeaux. Il s’en va puiser tout au fond de lui-même les ressources de son combat.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Les Gueux sont devenus les suppôts du pouvoir

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.11.21

     

    C’est toujours comme ça, avec les mouvements populaires, ou populistes si ça vous plaît de les appeler ainsi : ils émergent, enflamment la République, atteignent des sommets, foutent une trouille d’enfer aux notables, ou aux patriciens fatigués, enfin à tous ceux qui ont pignon sur rue. Et puis, avec le temps, comme dans la sublime chanson de Ferré, va, tout s’en va. Elus au Parlement, ils participent au pouvoir, commencent à avoir leur lot dans les postes et prébendes, goûtent au statut d’officiels, se prennent au sérieux, se disent qu’eux aussi sont des notables, pourquoi pas des notaires, comme dans un autre chef d’œuvre, « Les Bourgeois », de Brel. Alors, ventripotents, ils appellent le Commissaire pour dénoncer les jeunes crétins qui font du chambard, en pleine nuit, sous leurs fenêtres.

     

    Ainsi, le MCG. Ce parti, né des effets pervers de la libre circulation des personnes, mais aussi d’une légitime révolte populaire contre la Genève de la barbichette, celle des libéraux principalement, mais aussi des apparatchiks socialistes, ou Verts, celle des tranquilles PDC, amateurs d’éternité, celle des radicaux logés aux enseignes de lumière, ce mouvement, cette fronde, cette jacquerie, a fait un bien fou à la République de Genève. Ces Gueux, méprisés à leur arrivée, ont secoué le cocotier, balancé la marmite, incendié la sérénité des consciences, plongé le doigt là où ça fait vraiment mal. Boulangistes après l’heure, poujadistes réincarnés, ils ont remué Genève, lui ont signalé de vrais problèmes que toute l’officialité feignait d’ignorer. Ils ont été des lanceurs d’alertes. Oui, le MCG fut salutaire, en ces premières années du troisième millénaire.

     

    En novembre 2021, que reste-t-il de tout cela, dites-le-moi, et là c’est notre troisième chanson, celle de Trenet. Que reste de tous ces Gueux ? Que reste-t-il de leurs folies, leurs manières de mauvais garçons, leurs verres d’eau jetés en plein visage ? Que reste-t-il de leurs imprécations, leurs mauvaises manières, leurs cris de cour d’école ? Que reste-t-il du temps d’Éric Stauffer, funambule de feu sur le fil des limites ? Que reste-t-il de ce temps des colères, sonores certes, mais tellement utiles au réveil de la République ? Le préférence cantonale, slogan méprisé en 2005, et même encore en 2009, par toute l’officialité suave du Canton, est maintenant inscrite dans les consciences. Rien que pour cela, cette prise en compte du périmètre de la communauté d’appartenance, ce parti méritait d’éclore. Hélas, aujourd’hui, le voilà devenu plus sage, plus convenable, plus gouvernemental que les plus ennuyeux des caciques PDC, avec barbichette et costume trois-pièces, dans la plus huppée des Communes. C’est dommage. A force de rentrer dans le rang, on se fond dans la masse, et puis, doucement, on disparaît. Ainsi mourut Vigilance. Ainsi furent submergés les boulangistes. Ainsi périssent les ennemis de la transgression. Ceux qui lui ont préféré le confort.

     

    Pascal Décaillet